Requête chez Mégaron

[suite du Topic chez le Mage Noir du Royaume Maudit]

Lorsqu'Eric réouvrit sa cape, ils étaient tous les deux arriver face à la demeure de Mégaron. Certainement motivé par l'mpatience qu'avait fait naître cette nouvelle, le vampire avait utilisé ses dons de télétransportation pour arriver plus vite.
Devant eux s'étalait la sombre demeure de Mégaron, avec ces étranges douves tellement profondes que l'on n'en voit pas le fond et dont le remplissage raviva de nombreux souvenirs dans la mémoire d'Eric.
Il fit un geste galant de la main, intimant Meije à avancer la première.

"Après-vous, je vous laisse nous annoncer au maître de la demeure".

Eric se posta derrière la pirate, et rabattit son capuchon sur sa tête, tout en gardant un large sourire.

Lorsque Meije avait prononcé le nom de Mégaron, le vampire avait semblé tout bouleversé. La jeune femme pensa plus tard que c'était l'excitation de le revoir. Ainsi, l'homme, ou l'être, en question était donc un ami d'Éric. Voilà qui pouvait servir ses desseins, ou bien les gêner sérieusement.
Sans crier gare, le vampire sembla tout oublier à partir de cette information et se rua, cape ouverte, sur la jeune femme. Le transport était toujours aussi désagréable, mais Meije commençait à s'y habituer. En quelques secondes, ils arrivèrent devant une sombre demeure entourée de douves.
Le vampire, galamment, la fit passer devant, la chargeant de les annoncer, et passa derrière, capuchon sur la tête et sourire aux lèvres.
La capitaine pensa que c'était le moment de ramener un peu le vampire à la raison.

"Pas si vite", dit-elle. "Vous semblez le connaître, je ne vois pas pourquoi ce serait moi qui nous annoncerions. Qui plus est, vous semblez oublier que nous sommes là pour dérober des âmes à ce Mégaron, si j'ai bien tout compris. S'il est vraiment un ami à vous, ou au moins une connaissance, il risquera de vous ôter ses faveurs une fois que je l'aurais volé, non ?"

Et Meije attendit, résolue à ne pas servir de laquais au vampire et à obtenir de lui quelques explications.

Emporté par ce revirement de situation qui lui plaisait enfin, Eric n'avait même pas laissé le temps à Meije de répondre quoique se soit et l'avait immédiatement attiré vers lui, direction la demeure de Mégaron dans la Forêt des Ombres.
Une fois sur place, sans s'encombrer d'explications, il se rhabilla correctement, prenant bien soin de cacher son visage comme à son habitude, et pria la pirate de se présenter au maître de la demeure, ce à quoi, Meije refusa. Eric souffla sous sa cape, quelle perte de temps.

"Je vous signale que nous sommes ici pour vous, c'est votre problème. Je me trouve déjà bien gentil de vous avoir facilité la tâche en vous épargnant des jours de chevauchée, car sinon, vous seriez déjà dépossédée de votre âme sans avoir eu la chance de contempler ces fossés. Je ne vais donc pas en plus, vous faire la faveur de faire jouer mes relations. Débrouillez-vous."

le vampire retenu un rire lorsque Meije parla des faveurs de Mégaron. Il ne se rapellait pas, même en remontant aussi loin qu'il le put, que Megaron pouvait avoir eu des faveurs envers qui que se soit, en étant maître de lui même.
Comme pour signaler qu'il ne ferait rien d'autre que de lui servir de monture ultra rapide, Eric leva le menton en direction de l'entrée pour que Meije se décide à avancer.

La réponse d'Éric sidéra Meije. Débrouillez-vous.

"C'est cela", fit-elle. "Je vous ai payé pour l'indicible bonheur de vous avoir à mes côtés, pas pour m'aider. Je vous ai tout de même offert mon sang, il me semble, et s'il n'était pas forcément bon, l'intention pourrait être mieux compensée de votre part. Je vous remercie de m'avoir transportée, et je ne vous demande pas de faire jouer vos relations pour moi ! Je me débrouillerai comme je pourrais, comme vous dites. Mais ne me demandez pas de vous annoncer, ça non. Hors de question ! Je ne suis pas un laquais".

Meije, en attendant la réaction du vampire, se demanda comment pourrait se passer le reste de sa quête de survie. Elle avait un peu entendu parler dudit Mégaron, mais elle savait surtout qu'il était d'humeur instable et suffisamment puissant pour que ce détail soit inquiétant.
Elle secoua la tête, peu enjouée. Décidément, rien n'était jamais facile, et sa mission ne s'engageait pas sous les meilleures auspices.

Dés le départ Eric avait prévenu qu'il n'interférerait pas outre mesure dans la quête de Meije, mais qu'il serait là, si jamais elle en avait vraiment besoin et alors qu'il avait simplement demander qu'elle les annonce, la capitaine pirate était montée sur ses grands chevaux et l'avait mal prit.

*qu'est ce que j'ai dis encore...*

Le "nous" de la phrase avait été prit comme un ordre alors que ca n'avait pas été le cas, mais simplement une proposition d'action pour faire avancer leur périple, car le temps lui était compté. Eric soupira doucement en secouant légèrment la tête, décidemment, les femmes avaient parfois d'étrangs réactions.

"Alors, annoncez-VOUS, que voulez vous que je vous dise."
Il avait bien insisté sur le "vous" pour que Meije comprenne que son but n'était pas de passer devant, il n'en avait rien à faire et saurait s'annoncer lui même quand il le faudra. Ainsi il resta derrière elle lui laissant la place d'honneur et non d'esclave.

Meije regarda le vampire d'un air blasé.

"Vous êtes tous les mêmes", fit-elle. "Quelle que soit la race, tous les mâles sont pareils, c'est agaçant".

Elle soupira puis le regarda de nouveau, un petit sourire aux lèvres.

"Allons-y, alors, je passe devant. Et pour répondre à votre question, l'idéal est parfois de ne rien dire du tout. Je serai peut-être passée devant si vous ne me l'aviez pas demandé, voyez".

Et, sur cette affirmation d'une logique implacable et toute féminine, la jeune femme se mit en marche vers la bâtisse.

Le domaine où réside le célèbre Mégaron est un lieu peu conventionnel en comparaison du reste de la Forêt des Ombres. Il s’agit de la seule habitation installée dans ce que l’on pourrait nommée une clairière. Entouré par les bois obscurs et lugubres, le site est composé de trois parties bien distinctes. Encerclant la propriété, d’imposantes fosses, au fond desquelles on retrouve de nombreux cadavres, ont été creusées suivant le périmètre délimité par la forêt. Au centre, un large chemin de terre grise, où se trouvent actuellement Meije et Eric, mène tout droit en direction de la demeure du nécromancien. Celle-ci, d’allure aussi sinistre que le reste du paysage, semble quasi insignifiante en comparaison du reste. Erigée à l’aide de pierres grises et de bois sombres, visiblement provenant directement de la Forêt des Ombres, la modeste bâtisse fut conçue sans étage. Les quelques fenêtres donnant sur l’extérieur ne permettent nullement de deviner l’intérieur, puisque des rideaux en masquent la vue.
L’odeur de la mort règne en ce lieu où nulle lumière ne semble pouvoir parvenir.

Alors que la jeune capitaine pirate et le vampire entretenaient une conversation argumentée pour savoir lequel des deux devait se présenter à la porte de Mégaron, des bruits étranges survinrent du coté des différentes fosses entourant le chemin. Les raclements de terre, de plus en plus audibles, laissèrent place à une vision plus que déroutante pour les non-habitués. Des milliers de mains squelettiques vinrent se poser, les unes après les autres, sur le bord du chemin, laissant apparaître, petit à petit les serviteurs du maître des lieux.
N’appréciant guère les visites surprises, Mégaron avait confié la garde de son territoire à ses nombreuses victimes devenues ses esclaves. L’un d’eux étaient parvenu à s’extirper de sa fosse et rampait en direction des deux visiteurs, tout en essayant de se relever. De son ancienne vie, il ne restait plus que ses os. Il n’était pas le seul dans ce cas-là, la grande majorité des cadavres sortant étaient dépourvus de peau ou d’entrailles. Certains faisaient exceptions à la règle. Visiblement morts depuis peu, il leur restait encore quelques lambeaux de chaires accrochées à leur carcasse.

Il ne leur fallu guère plus que quelques minutes pour être tous présents, encerclant ainsi la jeune femme et le vampire. L’un d’eux, dont l’aspect laissait paraître être le plus ancien de tous, s’approcha péniblement, comme s’il boitait, et s’adressa aux deux visiteurs.

« Vous êtes ici sur le domaine privé du Maître Mégaron. Décliner votre identité et énoncer l’objet de votre visite en ces lieux. »

Alors qu'elle achevait la brève dispute qu'elle alimentait toute seule, Meije vit venir à elle une multitude de formes humaines. Seulement, à mesure que ces formes s'approchaient, la jeune femme put distinguer les détails.
Meije finit donc par voir les cadavres et les squelettes qui s'avançaient vers elle. Le début était prometteur. Ledit Megaron était homme de goût.

"Meije Alves, capitaine pirate", répondit-elle au vieux cadavre boiteux qui s'était approché et lui demandait de se présenter. "Dite aussi la Croque-Mort. Je suis ici pour affaires".

Puis, après un bref regard au vampire :

"Lui, je ne sais pas. Débrouillez-vous avec lui", fit-elle, appuyant ses paroles d'un geste de la main négligent et dédaigneux.

Le caractère vindicatif de son sexe prenait le dessus. De toute façon, elle ne doutait plus désormais que le vampire était déjà venu et n'aurait aucune difficulté à entrer. Elle non plus ne doutait pas de parvenir à entrer. Si Mégaron était puissant, il n'avait aucune raison de refuser l'entrevue à l'intruse qui la sollicitait. Non, elle se demandait plutôt comment faire pour sortir, vivante, et avec les âmes convoitées, de surcroît. Meije avala sa salive. La partie allait être rude pour la jeune femme, qui allait devoir jouer plus serré que jamais, et d'autant plus serré que le temps précieux lui était compté.

Accédant à la demande du squelette, Meije se présenta et exposa la raison de sa venue. Quant au second intrus, elle laissa se présenter lui-même. Mais en tant que gardien des lieux, son interlocuteur, il se refusait obstinément de laisser un être qui n’avait point dévoilé son identité se rendre jusqu’à son maître. L’armée des morts se rapprocha d’avantage du duo, affichant un air menaçant avec le peu d’attribut dont ils étaient encore dotés.

« Vous allez devoir nous donner votre identité, sinon… »

A cet instant, la porte de la modeste demeure s’ouvrit violement et laissa apparaître l’imposante prestance du propriétaire du domaine. C’était un démon de taille moyenne à la peau blanche. Son torse nu était recouvert d’étranges dessins. Son crâne était doté de quatre cornes brunes.

« Eric ! »

Il resta un instant silencieux, puis explosa de rire. Aussitôt, il traversa, d’un pas rapide, la distance qui le séparait du vampire, ne prêtant aucune attention à la jeune femme.

« Mon vieux ! T’aurais du me dire que tu venais ! »

Sans plus de cérémonie, il serra son vieil ami dans ses bras.

« Franchement, débarquer comme ça à l’improviste… »

Son regard se posa accidentellement sur Meije. Un large sourire s’afficha sur son visage.

« Je vois que tu ais toujours aussi prévoyant ! T’as bien fait de t’amener à bouffer, tu sais bien que je n’ais jamais rien de très « frais » à te proposer… Et dis, j’pourrais la récupérer une fois qu’t’auras terminé ? »

Voyant que ces gardes étaient toujours présents, Mégaron, qui n’estimait plus leur présence nécessaire, décida de les renvoyer dans leur fosse.

« Aller les gars, coucouche-panier ! Ils sont bien pratiques, mais franchement ennuyeux. Ça fait bien plaisir que tu sois là. Et au fait, pourquoi t’es là ? »

Les gardiens de la demeure de Mégaron avait correctement fait leur travail et protégeaient la demeure de leur Maître en empéchant les intrus de passer et leur demandant de decliner leurs identités. Eric laissa Meije se présenter afin qu'elle ne se sente en aucun cas offusquer, mais un large sourire restait emprunt sur son visage. La compagnie de Mégaron n'allait certainement pas lui plaire.
Une fois qu'elle se fut présentée, elle envoya un revers de la main dédaigneux vers le vampire, estimant qu'elle n'avait pas à faire sa besogne. Cependant le vampire resta silencieux, malgré les menaces des gardiens qui s'approchaient de plus en plus. Alors qu'il allait éclater de rire, la grande porte de la demeure du démon s'ouvrit dans un fracas, laissant la fine silhouette élancé de Magéron apparaître dans l'ombre. L'ayant immédiatement reconnu, il l'appella par son prénom et se dirigea vers lui rapidement, les bras grands ouverts.
Le vampire repoussa son capuchon et se mit lui aussi à rire en accueillant son vieil ami dans ses bras.

"Megaron! Vieilles cornes ! Ca fait un bail !"

Il se détacha de son étreinte amicale et tenta de veines excuses.

"Ah tu sais, avec des siècles de solitudes on en oublie les bonnes manières! Et puis une surprise ne peut pas faire de mal, hein ?"

Il offrit une accolade à son ami et suivit son regard lorsqu'il regarda Meije. Eric pouffa et retint une nouvelle fois un éclat de rire mal placé.

"Par contre je n'ai pas oublié qu'il n'y avait rien de "frais" à part toi, dans ta demeure..."

Eric ne releva pas de suite sa remarque sur Meije, lui demandant de la laisser une fois qu'il en aurait terminé avec elle. Le vampire ne pouvait s'empêcher de penser que Meije allait vraiment détester son ami démoniaque. Eric regarda les squelettes obéir à l'ordre de leur maître d'un oeil admiratif.

"Je n'aurais pas mieux dis, niveau conversation tes chiens ne sont pas vraiment les meilleurs... Moi aussi ça me fait plaisir de te revoir, ca fait des lustres que je n'avais pas croisé quelqu'un de l'ancien temps."

Il marqua une petite pause, se demandant comment il allait répondre de sa présence en ce lieu, se doutant que la raison réelle allait être difficile à énoncer.

"En fait, j'aurais bien aimé pouvoir te faire une simple visite de courtoisie, mais tu sais que la solitude est ma meilleure amie maintenant, avec mes affaires sur le feu... Mais je suis là, parce que je vais avoir besoin d'un petit service. Mais ce n'est pas pressé, si tu m'invitais dans ta charmante demeure pour qu'on en discute, je suis sûr que cette délicieuse créature saura mieux t'expliquer que moi..."

En disant délicieuse créature, il lança un regard en coin à Meije. Il savait que la pirate n'était pas stupide et qu'elle allait certainement devoir monter un char à Mégaron pour obtenir ce qu'elle voulait. Mais pour cela, elle allait certainement devoir accepter des choses qui lui déplaisaient jusqu'à maintenant. Eric alors espérait que la colère de Meije et sa rancoeur envers le vampire n'obscurcirait pas sa compréhension de la situation.

Meije vit avec inquiétude les squelettes s'approcher de plus en plus, menaçants. Il allait falloir qu'Éric s'en mêle pour régler le problème, et cela l'énervait plus que tout. Elle en avait marre d'être à sa merci, de dépendre de lui, bien qu'en même temps elle se félicitât de l'avoir en sa compagnie.
Puis un homme, ou plutôt, un être masculin sortit de la demeure et leur apparut, chassant les sinistres serviteurs.
Meije écouta les retrouvailles des deux. Après les politesses de mise, rappelant à chacun le dévouement, sinon l'amitié, de chacun des deux pour l'autre, elle entendit et vit avec effarement la façon dont parlait d'elle le sorcier, puis le vampire. Finalement, l'effarement cité céda la place à une surprise amusée.
Puis, elle éclata franchement de rire, un joli rire des plus naturels, pour une fois.

"Monsieur", fit-elle en inclinant la tête en guise de salut ; "J'ai l'impression que j'ai déjà servie d'apéritif à votre ami. Ce qui n'était pas désagréable, au fait, d'autant plus qu'il a su être raisonnable et me garder entière pour d'autres utilisations possible", fit-elle, le sourire aux lèvres.

La remarque du dîner lui avait plut. L'hôte lui semblait sympathique, même s'il ne ressentait sans doute pas les mêmes sentiments envers la jeune femme.
Elle inclina de nouveau la tête au compliment d'Éric. Elle n'était pas dupe, et savait parfaitement combien les humaines pouvaient répugner aux êtres de sa race et, surtout, de son continent.

"En effet", renchérit-elle. "J'ai quelque intérêt pour votre... travail, ou occupation, je ne sais comment il vous convient de l'appeler".

Ces retrouvailles inattendues réjouissaient grandement le solitaire Démon, qui n’avait pas hésité un instant à faire la démonstration de la sympathie qu’il éprouvait pour ce vieil ami. Cependant, le caractère de Mégaron exigeait de lui qu’il lui fasse le léger reproche de ne pas l’avoir avertit de sa venue. Pour sa défense, Eric évoqua le fait que la solitude dans laquelle il avait vécue lui avait fait perdre ce genre d’habitude. Ce à quoi Mégaron ne put répondre que par un nouvel éclat de rires. Cette critique émise un peu plus tôt n’en était pas vraiment une. Il savait pertinemment que son ami, tout comme lui, exécrait tout ce qui impliquait les protocoles mondains. Débarquer à l’improviste ne pouvait que le ravir puisque c’était en dehors des règles convenues par la bonne société.

Après quoi, il aperçu Meije qu’il ne pouvait que considérer comme le « garde-manger » du vampire. Ce dernier se fit un plaisir de confirmer ces dires, de même que la jeune femme, qui « loua » la sagesse d’Eric puisqu’il ne l’avait pas « terminé ». Mégaron nota à peine la remarque de la pirate. Après tout, les humains accompagnants les vampires avaient toujours été considérés comme des animaux de compagnie.

La présence des gardiens squelettiques n’étant plus nécessaire, le Démon les renvoya aussitôt à leur place. Puis, il questionna son invité surprise sur les raisons de sa présence. Ce dernier lui avoua être venu pour obtenir de sa part un petit service. Cette phrase intrigua Mégaron, d’autant plus lorsque le vampire ajouta qu’il laissait le soin à Meije d’expliquer la situation.
Il leva les yeux au ciel, tout en soupirant.

« Eric Eric Eric…. mais qu’est-ce que tu me fais là….. tu sais pourtant bien que les humains de compagnie sont … sont trop vivants ! J’aime pas ça… »

Meije exprima ensuite son désire d’en savoir plus sur le travail du Démon. Celui-ci émit un étrange grognement avant de lui répondre d’un air dédaigneux.

« Sache, petite chose, que la Nécromancie est un Art. Avec un grand « A ». »

Il poussa à nouveau un grognement de mécontentement, suivie d’un long soupir, adressé à Eric.
« Bon. ça va pour cette fois. Mais tu sais que si ça avait été un autre… »

Mégaron s’avança vers sa modeste demeure sans dire un mot, visiblement contrarié qu’un être vivant entre chez lui. Il poussa la porte, et laissa apparaître une pièce de taille moyenne, au centre de laquelle se trouvait une table avec quatre chaises. Les murs, gris foncé, étaient pratiquement tous occupés par des étagères avec d’étranges produits, ou des anciens coffres dans un état assez lamentable.

« Comme tu peux le voir, j’ai pas vraiment fait le ménage… »

Mégaron indiqua à cet instant, d’un signe de tête, le cadavre d’un quadragénaire, posé contre un des coffres situés derrière la table. Ce dernier avait tout du voyageur égaré qui n’avait pas vraiment eut de chance.
Le Démon prit place sur l’une des chaises, songeant qu’il n’avait pas besoin de proposer à Eric de faire de même puisqu’ils avaient suffisamment vécu de choses ensemble pour que le vampire fasse comme chez lui.

Les retrouvailles des deux vieux amis furent on ne peut plus chaleureuses pour des êtres de leurs caractères. Après quelques éclats de rires, la situation se compliqua quelque peu. Eric connaissait très bien son ami, et il savait que la suite allait être difficile. Tout ceci se confirma lorsqu'il laissa Meije s'expliquer un peu. Mégaron exprima alors son dégoût face à la présence d'un être vivant en sa demeure.

"Je sais bien cher ami. Mais je t'assure que tu devrais écouter la suite, ca te plaira. Je ne l'aurai pas amener si ce n'était pas pour une raison valable..."

Eric regarda ensuite avec un sourire franchement marqué le nécroman s'adresser à Meije. Son dédain et son dégoût dessinait sur son visage un masque bien étrange qu'il avait rarement l'occasion de voir puisque les occasions de le voir s'entretenir avec un être vivant sont toutes aussi rares! Puis il se tourna de nouveau vers Eric, mécontent de ce qui était entrain de se passer. Eric posa une main sur l'épaule de son ami, son visage juvénile, ses cheveux blonds et son sourire contrastaient avec la paleur, les cornes et l'ombre qui régnait sur celui de Mégaron.

"Je t'assure Mégaron, ca va te plaire."

Mais le vieu nécromancien n'était guère enjoué et il avança vers sa demeure en silence, comme un enfant boudeur. Le vampire, lui, souriait toujours. Il jeta un regard en coin à Meije pour qu'elle les suive aussi. La première étape était faite, ils avaient réussit à la faire entrer dans la demeure de Mégaron. Eric entra en second dans la demeure, et sans se soucier du décor, dont il était fort habitué, il s'assit directement sur une chaise. Ce mouvement leva un nuage de poussière pendant qu'en même temps, son hôte lui avoua ne pas avoir fait le ménage.

"L'as-tu déjà fait un jour au moins ?" dit-il en rigolant et en époussetant ses habits. Mais Mégaron avait autre chose en tête et lorsqu'Eric suivit son regard, il découvrit le cadavre du voyageur qui gisait non loin d'eux. L'odeur de putréfaction était quasiment présente tout le temps dans la demeure de Mégaron puisque les cadavres pas frais étaient ses joujous favoris. Le vampire fit une grimace de déception.

"Pff même plus assez frais pour moi, pourtant il n'est pas bien vieux celui là. Tu as encore des voyageurs qui passent dans le coin ? Ta réputation se ternie mon vieux! D'habitude ton coin de la Forêt des Ombres est évité comme la peste dans une grande ville!"

Eric fit signe à Meije de les rejoindre si elle ne l'avait pas déjà fait, et de se mettre à côté ou derrière lui mais d'éviter les sièges. Mégaron n'apprécierait guère qu'elle se mette au même niveau qu'eux.

Le sorcier ne semblait guère enjoué par la présence de Meije. Il demeura bougon tandis que le vampire, toujours d'humeur agréable et d'apparente bonhomie, s'escrimait à le convaincre du bien fondé de la présence d'une humaine vivante en ces hostiles contrées.
Sans se départir de son dégoût, le vieux nécromancien sembla céder et entraîna son ami vers sa demeure.
Meije intercepta le regard d'Éric et les suivit, à distance respectueuse pour ne pas froisser la susceptibilité du nécromancien. Nul doute que de marcher à pas d'égalité ne ferait que l'énerver, ce dont Meije n'avait garde, dans un soucis de rapidité.
Elle les suivit donc, évitant de trop regarder autour d'elle. A l'intérieur, la jeune femme fut frappée par une odeur de pourriture et de mort. Elle agressa et enserra ses narines, embrumant légèrement son esprit et incommodant son estomac. Meije lutta un instant contre la nausée qui montait puis, reprenant ses esprits, continua de suivre les deux amis.
Le vampire s'installa sur une chaise poussiéreuse en plaisantant sur le ménage et sur l'état d'un cadavre qui gisait non loin de là. Un pauvre voyageur qui n'avait pas entendu parler de la prudence ou qui avait tenté le suicide.
Toujours consciente qu'il lui fallait se faire violence et montrer un peu de l'humilité dont le sorcier ne tolèrerait sans doute pas l'absence, la capitaine s'accroupit à côté d'Éric, attendant la suite.