Cherche sa dague

Après son bref passage sur l'île des illusions, Serenity s'était directement rendue, en s'éclipsant, sur l'île Promachos, où elle était censée réccupérer une dague-éclair. Habituellement, elle n'était pas spécialement pour les armes et tout ce qui s'en rapproche, mais ces temps-ci... Tout changeait. Elle refusait de se l'admettre, mais, après 80 longues années passées à aider les opprimés, il semblerait que la bonne partie de la revenante qu'elle était se laissait peu à peu submerger par une autre partie moins "serviable". Bien sûr, elle se contrôlait encore, mais ne pouvait rester vigilante 24h/24, ça lui était impossible, même en déployant toute son énergie.

Passons! La "jeune" revenante était donc arrivée à la ville portuaire de l'île, complètement perdue et sans savoir où elle devait aller pour qu'on lui remette sa dague. Après un moment de réflection, elle se dit que le plus logique était encore d'aller voir à l'armurerie. Elle se fit donc indiquer par un passant le chemin pour se rendre à la boutique et y entra, légèrement intimidée par un endroit où l'on trouvait une arme à chaque mètre carré.

"Il y a quelqu'un?" appela-t-elle timidement, cherchant un quelconque vendeur ou gérant du regard.

Lorsque Serenity entra dans l'armurerie, elle pouvait apercevoir en face d'elle, l'Armurière derrière le comptoir de bois, entrain de parler avec une jeune femme dont l'apparence était pour le moins étrange. Elle possédait le même physique que les autres jeunes femmes, excepté le fait qu'elle avait deux ailes qui partaient de son front.



Quand la revenante les appela, elle se retourna aussitôt.
Méphis bougea la tête sur le coté, afin de pouvoir voir sa nouvelle cliente.

" Bonjour. Que puis-je pour vous ? "

Elle observa un instant Serenity, et plus rapidement conclure que celle-ci était étrangère à leur île.

* Décidément, il y a beaucoup d'étrangers en ce moment. *

Serenity s'approcha du comptoir en évitant de dévisager la femme aux étranges ailes. Elle n'avait jamais rencontré de personne avec de telles caractéristiques et se disait que le sort semblait avoir déçidé de la mener de surprises en surprises... En inclinant humblement la tête, elle dit à la vendeuse:
"Non, non, je vous en prie, je peux attendre que vous ayez fini avec votre cliente, je ne suis pas pressée."

Elle regardait autours d'elle avec curiosité. Les mortels étaient vraiment prêts à tout pour se massacrer entre eux, si l'on en croyait à la quantité incroyable d'armes reposant en ce lieu. Les fleurets attiraient particulièrement son attention, sans raison particulière. Son regard se perdit et elle se revit à 14ans avec son maître d'armes... Il lui enseignait comment parer une attaque au fleuret.
"Mais si l'on en veut vraiment à ma vie, il sera plus aisé d'utiliser la magie ou au moins une épée, non?" avait-elle fait remarquer à l'époque.
"Si tu sais manier le fleuret et que l'on t'enseigne plus tard la magie, tu pourra faire passer certains sorts de déffence sur ta lame, et là tu pourra même bloquer les attaques d'élémentaristes. Maintenant, en garde!" avait-il répondu.

Serenity revint à elle. A peine deux secondes s'étaient écoulée alors qu'elle venait de voir au moins 5min de souvenir. Tant mieux, mieux vallait ne pas attirer l'attention avec ses absences.
Elle ne le savait pas, mais plus ces flash étaient fréquents, plus son mauvais côté risquait de repprendre le dessus. Elle se tourna vers le comptoir pour voir si personne n'avait rien remarqué, et fut soulagée de voir que son secret n'était pas encore percé.

Méphis observait sa nouvelle cliente avec un certain étonnement. La jeune femme avec les ailes n’était pas réellement une cliente pour elle, mais juste une amie de passage. Elle s’apprêtait à le signifier à Serenity, lorsqu’elle s’aperçue que cette dernière était partie dans ses pensées en observant les fleurets.
L’armurière l’observa d’un air encore plus étonné, et se tourna vers son amie.

« Tu crois que c’est mes armes qui la fascine comme ça ?
-Mais non voyons !… »

La jeune femme ailée posa ses coudes sur le comptoir et son visage sur ses mains.

« …C’est une jeune fille, elle pense certainement à un homme. »

Méphis la regarda d’un air exprimant la répulsion, tout en esquissant une vague grimace.

« Non Phœnix, il n’y a que toi qui fait ça ! »

Elle pencha de nouveau son regard sur le coté pour observer sa nouvelle cliente.

« Je devrais quand même aller la voir. »

Elle passa devant le comptoir et se dirigea vers Serenity, alors que celle-ci regardait dans sa direction.

« Êtes-vous intéresser par un de nos fleurets ? »

Serenity sursauta en entendant Méphis s'adresser à elle, puis esquiessa un sourire avant de répondre:
-Euh, on verra pour les fleurets... En réalité, je suis ici pour savoir si vous aviez reçu une dague-éclair que vous deviez me remettre. On a dû vous la confier au nom de Serenity Fall...?

Si sa se trouve, la solution serait infiniment plus complexe que cela et elle devrait aller à des lieues d'ici pour trouver son dû... Dans le cas présent il lui faudrait certainement un fleuret, ou plus! En attendant la réponse de la gérante, elle ne put s'empêcher de donner quelques petites oeuillades à l'étalage de fleurets.
Son aura s'assombrissait au fur et à mesure qu'elle restait à proximité des armes et, même si rien n'était apparent pour le moment, elle ne tarderait pas à devenir dangereuse, il suffirait pour cela de seulement quelques jours...

(hs: dsl, j'ai fait court... )

(Crois-moi, c'est amplement suffisant !)

Méphis n'obtint pas vraiment la réponse qu'elle avait souhaitée. Si Serenity était présente, c'était dans l'objectif de récupérer une dague-éclair. L'armurière afficha un air surpris.

" Il ne me semble pas que ... "

Ils ne possédaient que peu de dague ayant cette caractéristique, et celles-ci avaient été préalablement commandées. Méphis passa derrière le comptoir et regarda dans son livre de compte. Aucune Serenity Fall n'avait été inscrite et nulle dague-éclair ne figurait dedans. D'un geste vif, elle referma le livre.

" Navrée, mais nous n'avons rien. "

(et oui tu avais vu juste, ç'aurait été trop simple sinon )

L'armurière rejoignit Serenity.

" Vous devriez vous rendre sur la montagne Arkée, au Nord de l'île. Il y a un village d'Amazone où ces dagues sont leur spécialité. C'est peut être là bas que vous trouverez ce dont vous avez besoin.

La jeune femme ailée, qui était restée sans rien jusque là, prit par à la conversation.

" Je peux vous y accompagner si vous voulez. Une de mes amies a vécu un temps là bas, je connais la route. "

La revenante se retint pour ne pas pousser un soupir désabusé: bien sûr, ça aurait été trop simple de trouver sa dague simplement en allant à l'armurerie...

*Si je remet la main sur le stupide piaf qui m'a apporté ce billet pour me dire de venir sur cette île, je...*

Elle se tourna ensuite vers la femme aux ailes lui accorda un léger hochement de tête en signe de remerciement.

-Vous êtes sûre que vous... enfin je veux dire que vous avez certainement autre chose à faire... dit-elle.

Déjà qu'elle n'était pas habituée à la compagnie des vivants, alors si en plus elle devait se faire accompagner par cette femme à contre coeur, elle préférait encor y aller seule...

Phœnix se faisait une joie de jouer les " guides touristiques ", chose que semblait guère apprécier Serenity, qui tentait, semblerait-il de la dissuader de l'accompagner.

" Allons, allons ! Je suis sûre que vous savez pas où c'est ! Vous n'allez pas errer comme une âme en peine pendant des lustres jusqu'à ce que vous trouviez ce village non plus ! "

La jeune femme ailée s'aperçue du manque d'enthousiasme de Serenity, et se demanda quelle pouvait en être la raison. Il ne lui fallu guère de quelques secondes pour imaginer une réponse possible à cela.

" Je sais ! Vous auriez préféré que je sois un bel homme, c'est ça ? "

(C'est dans ces moments-là que je comprends que l'on ait pas envi d'être en compagnie de Phœnix...)

Pendant ce temps, l'armurière était repartit derrière son comptoir, s'occupant de ses propres affaires, à présent qu'elle savait qu'elle n'était d'aucune utilité.

L'ombre dans les yeux de Serenity disparut. Son côté mauvais ne pouvais pas le rester en présence d'une personne qui dégageait tellement d'enthousiasme! Avec un léger sourire, elle répondit:

-Un bel illusioniste, si vous voulez tout savoir... Mais bon, si vous insistez, je ne vais pas dire non, c'est vrai que j'ai besoin d'un guide, c'est la première fois que je viens sur cette île.

Puis elle se tourna vers l'armurière et demanda en désignant l'étal:
-Combien pour votre meilleur fleuret?

Une gamine de 16ans qui demandait un fleuret, on aurait tout vu! Enfin, Serenity n'avait pas vraiment 16ans, alors elle pouvait bien passer outre.

Le visage de Serenity semblait s’adoucir, ce qui ne pouvait que faire sourire davantage Phœnix. Elle en vint à lui confier qu’elle aurait préféré « un bel illusionniste ». A peine ces paroles furent-elles prononcées que la jeune femme ailée joignit ses mains et d’une voix enjouée, le regard étincelant.

« Je le savais ! Elle est amoureuse ! C’est merveilleux ! »

Serenity confirma le fait qu’elle ne connaissait pont le lieu et qu’elle nécessitait bel et bien l’aide d’un guide pour la mener à bon port. Phœnix fut ravie de pouvoir l’aider.

« C’est parfait ! Ce sera amusant vous verrez ! Au fait je m’appelle Phœnix, grande Prêtresse de la Justice. Et vous ? »

La jeune spectre se renseigna par la suite sur les fleurets auprès de l’armurière. Cette dernière leva son nez de ses papiers en souriant légèrement. Elle passa devant le comptoir, s’approchant des armes. Elle présenta l’une d’elle à Serenity. L’arme était légère mais résistante, ornée d’une fine pierre rouge.

« C’est sans aucun dote le meilleur. Il était facile à manier, mais je le recommande à un escrimeur expérimenté. Il fait 10 pièces d’or. »

Elle parue songeuse l’or d’un moment, puis en donna l’explication.

« Bien entendu, si vous êtes adepte des armes un peu plus spéciales, il vous sera possible de louer nos services pour en forgez une avec le feu de la montagne Héphaïstos se trouvant sur les terres de feu. Mais, bien entendu son prix grimpera en conséquence. »

Phœnix esquissa une étrange grimace indiquant clairement que le lieu n’était guère fréquentable.

Serenity sourit mais ne fit aucun commentaire sur la première remarque de Phoenix. Deacon était mortel, d'une certaine façon, car quand son maître mourrait, il disparraitrait en même temps... Peut être étais-ce une mauvaise chose de s'attacher à ce point à un mortel? Elle verrait plus tard, pour le moment, mieux vallait rester concentrée sur le but qu'elle s'était fixée.

Lorsque Phoenix se présenta, la Double fit de même en disant d'une voix des plus humaines possibles:
-Serenity Fall, simple adolescente ^^.

Lorsque l'armurière lui présenta ensuite le fleuret. Amusée en entendant le terme "escrimeur expérimenté", Serenity le prit précautioneusement et chercha dans un petit sac de toile (noir bien sûr) pour en sortir une petite bourse. Elle en sortit dix pièces d'or qu'elle donna à Méphis.
-Ne vous inquiétez pas, j'ai pas mal d'expérience sur le maniement des armes légères... Mais je n'ai pas besoin de fleuret personnalisé, celui-ci me parrait parfait!

Serenity se présenta à son tour. Phœnix lui offrit l’un de ses fameux sourires enjoués.

« Enchantée de faire ta connaissance. »

Puis la jeune spectre acquis son arme au près de l’armurière. L’armurière acquiesça d’un hochement de tête, esquissant un vague sourire.

« Tant mieux, par ce que nous ne reprenons pas les armes que nous avons vendues. »

Méphis partit vers le comptoir et encaissa la somme. Après cela, Phœnix vint lui dire au revoir et rejoignit Serenity.

« Je crois qu’il vaudrait mieux y aller, la route est longue, et l’on risque de devoir passer une nuit à la belle étoile. »

Une pointe d’excitation se faisait ressentir dans sa voix. La jeune femme ailée percevait cette future escapade comme une « virée entre filles » durant laquelle elles allaient pouvoir partager leurs histoires. Elle était entrain de vivre cette période où l’Amour prenait la place la plus importante et qu’il fallait impérativement faire partager avec tous ceux qui l’entouraient.
Elle adressa un signe en guise de salut à l’armurière et sortit de l’établissement.

La revenante fit un signe de tête en guise d'au revoir à Méphis, puis suivit Phoenix en commantant sa seconde réplique:
-Longue? Longue comment???

Ce n'est pas qu'elle était pressée, loin de là, mais elle ne tenait pas non plus à passer une semaine à chercher sa dague stupide.
*En plus je n'aime pas les armes!*
*Alors pourquoi as-tu pris ce fleuret?*
*Parce que je me méfie de cette île!*
*Oui, mais tu as une guide qui a l'air de connaître la région, tu aurais pu te passer de cette lame, non?*
*Arrête de hanter mon esprit, tu étais censée rester dans l'autre monde*
*Tu as été une gentille petite revenante bien assez longtemps, c'est à mon tour de m'amuser maintenant; je te laisse réccupérer cette dague, et on verra laquelle de nous deux aura ce corps.*

Une étrange migraine suivit ce monologue interne, puis ce fut comme si il ne s'était rien passé.
-Au fait, Phoenix, vous parraissez bien contente d'aller à ce village, quelqu'un vous y attend?

Serenity questionna Phœnix sur la longueur de la route qu’elles devaient entreprendre avant de parvenir à leur destination.

« Je pense qu’on devrait y être demain matin en marchant vite. »

La jeune femme ailée emprunta la route partant en direction du Nord. Toutes deux commencèrent ainsi à traverser la ville. Tous les bâtiments, faits de gros blocs de pierres grises, avaient tendance à se ressembler. L’originalité et l’esthétique ne semblaient guère être la priorité dans cette ville. Seuls quelques arbres, dispersés, jouaient le rôle d’ornement.
La population ne prêtait aucune attention aux deux jeunes femmes, tous étaient occupés à parler, faire des commentaires sur leurs armes nouvellement acquises, ou sur une dernière victoire remportée.

Alors qu’elle marchait joyeusement au cotés de Serenity, Phœnix s’aperçue que cette dernière semblait avoir mal à la tête.

« Est-ce que ça va ? »

Serenity s’enquit par la suite des raisons de la bonne humeur de sa compagne de voyage et si celles-ci avaient un rapport avec le fait qu’une personne pouvait l’attendre là-bas. Phœnix parue surprise.

« M’attendre là-bas ? Non, pourquoi ? »

Mais comme d’habitude, elle « trouva » une réponse à sa propre question.

« Ah je sais ! Vous pensez que l’homme que j’aime est là-bas ! Malheureusement non. Si je suis de bonne humeur c’est par ce que j’ai fait votre rencontre. J’adore rencontrer de nouvelle personne. »

Pour Phœnix, un ou une inconnu(e) signifiait une personne qui ne connaissait pas son histoire et à qui elle pouvait la raconter.

« Vous voulez que je vous parle de l’homme que j’aime? Après vous me raconterez vous ! »

-Demain? Ah sa va, je m'attendait à pire ^^. Mais je vois les gens d'ici ne parler que d'armes ou de batailles... Vous ne pensez qu'à vous battre ici? xD

Ce n'était pas un reproche, il fallait des gens pensant ainsi comme il en fallait des plus sages ou plus irréfléchits, mais cela l'étonnait quelque peu que toute la ville ne s'intéresse qu'au combat.

A la question portant sur sa santé, Serenity ne répondit que d'un vague signe de la main qui semblait à peu près positif. Elle était inquiète, mais ne le laissait pas voir. Elle avait jusqu'à demain matin avant que sa part sombre tente de repprendre le dessus, ce qui lui laissait un peu de temps pour trouver un plan. La bonne humeur de Phoenix effaça finallement le voile d'inquiétude qui troublait Serenity, et la revenante retrouva son sourire.

-Oui, pourquoi pas? Parlez moi de celui que vous aimez, il doit être fabuleux pour vous rendre dans un tel état!

Serenity semblait rassurée de constater que le parcours qu’elles devraient effectuer serait de si courte durée. Puis elle se montra curieuse envers les conversations des citoyens et se renseigna pour savoir s’il en était toujours de même.

« En fait, je ne suis pas d’ici. Mais d’après ce que j’ai vu et entendu c’est le principal sujet de conversation. Toute cette île est tournée vers les combats, y comprit leurs croyances. C’est vrai que c’est bizarre, mais bon, à chacun ses croyances. »

A peine prononça t’elle ces mots que ses yeux se mirent à pétiller, illuminé par le sentiment de l’Amour.

Serenity affirma par un signe qui semblait signifier qu’elle allait, aussi Phœnix ne s’inquiéta pas outre mesure. Toute trace de vague souci concernant la santé de Serenity disparue lorsque cette dernière accepta d’entendre son histoire portant sur l’Amour qu’elle vouait à un homme, que la spectre avait eu la bonne idée de qualifier de « fabuleux » (ce qui rendit Phœnix encore plus surexcitée).

« Ah ça oui ! Il est merveilleux ! C’est un vrai prince charmant ! »

Elle plaqua ses mains sur ses joues, son regard ne cessait d’étinceler, et un sourire béat se mit à orner ses lèvres.

« Je me souviens encore quand je l’ais connu. C’était à la tombée de la nuit, j’étais encore toute petite et je m’étais perdue. J’étais restée seule dans le noir et le froid, mourrant de faim, quand il est apparu sur son fier destrier blanc (elle enjolive légèrement la situation mais bon…) et qu’il est venu à mon secours. J’ai tout de suite sentit que c’était quelqu’un de bien. Il m’a ramené chez lui et il m’a adopté. Au départ j’étais un peu gênée de l’appeler « papa », je n’avais jamais appelé aucun homme comme cela. Mais je m’y suis rapidement faite. Je crois que c’est à moment là que j’ai compris qu’il était l’homme de ma vie. Je me souviens encore quand je lui disais « quand je serais plus grande je t’épouserais », et, lui il me regardait en souriant si chaleureusement. Il y avait quelque chose de tellement intense dans son regard. »

Phœnix s’arrêta de parler quelques secondes, se remémorant ce souvenir si cher à son cœur. Aussi loin qu’elle était en mesure de se souvenir, il avait été le premier à s’occuper d’elle, à vouloir la connaître et surtout à la protéger. C’est dans ce contexte qu’il est devenu le « prince » qu’elle souhaitait tant voir en lui.

« Il a toujours été si gentil avec moi. Il suffisait que je n’aille pas très bien et il apparaissait pour me remonter le moral et me soutenir. La vie semble avoir tellement plus d’importance et de plaisir depuis que je l’ai rencontré. Jamais personne n’a fait battre mon cœur comme cela. C’est tellement étrange de voir à quel point une personne est capable de nous rendre heureuse juste en se trouvant près de nous. »

Un sourire illuminant son visage, empli de joie de vivre, se forma sur ses lèvres.

« Et puis il est tellement beau aussi. Il a un physique parfait. Et puis, nous avons passé tellement de temps ensemble que nous nous connaissons parfaitement. Je l’aime tellement mon Riri .»
(Riri = surnom stupide donné par Phœnix à Aryagalatis)

Durant quelques instants elle resta sans voix, trop absorbé dans son monde par l’image de l’homme qu’elle aimait. Ce ne fut que lorsqu’elle « revint à elle », qu’elle se tourna vers Serenity.

« Et vous alors ? »

Serenity eut un sourire amusé en entendant le surnom qu'avait donné Phoenix à son "prince charmant". En fait, elle dût de mordre la langue pour ne pas éclater de rire. Poutant, elle ne pouvait s'empêcher de penser que ce "Riri" ne devait pas la prendre autrement que sa fille adoptive...

-Et... Ca fait longtemps qu'il vous a recueilli? demanda-t-elle. Si cela ne faisait pas très longtemps, il se pourrait que l'homme l'aime autrement, mais sinon, la revenante en doutait sicèrement.

Cette question était en plus un bon moyen d'éviter de parler de Denaco: elle se voyait mal dire "Oh, c'est une sorte d'hollograme, sauf qu'il est réel. Ah oui, et moi je suis un fantôme! Pour l'instant vous n'avez rien à craindre, mais dès que j'aurais ma dague, je vous conseillerais de partir en courrant!" Non, sa ne le faisait vraiment pas. Pour être sûre que Phoenix oublie de lui demander des nouvelles, elle reposa une autre question sur "Riri":
-Et il vit loin d'ici, votre Riri?

En voyant que Serenity commençait à poser des questions sur son histoire sur « son prince charmant », Phœnix ne put se montrer encore plus enjouée qu’elle ne l’était précédemment. La jeune spectre chercha à savoir, dans un premier temps, si cela faisait longtemps qu’elle avait été recueillie par Aryagalatis.

« Oula oui ! Je devais avoir à peine sept ans et j’en ais plus de 180 maintenant! Je fais pas mon âge hein ? Mais c’est normal, l’espèce à laquelle j’appartiens, les Incantatés, vieillie environ dix fois plus rapidement que les humains. Enfin ça c’est Riri qui me l’a dit, je peux pas vraiment le vérifier puisque je suis la seule encore vivante de cette espèce. Mais comme Riri est immortel et qu’il est là depuis le début, je ne peux que le croire. Oh mais je vous l’ais même pas dit. Mon Riri est l’allégorie de La Justice sur terre. »

Elle replaça ses mains sur ses joues, et d’un rêveur, continua.

« L’allégorie de la Justice et sa grande Prêtresse, ce serait une histoire tellement romantique ! En plus c’est lui qui m’a tout enseigné, la maîtrise de la magie de l’élément Feu, l’utilisation de la lumière de l’espérance et enfin, le sentiment si noble de la Justice. »

Phœnix abandonna sa pose lorsqu’elle entendit Serenity lui poser une seconde question.

« Oui assez, il réside sur le continent de Lumière, dans la demeure céleste, avec sa famille. C’est là-bas que j’ai été élevée. C’est un endroit vraiment très joli. Ça ressemble au château dans les contes de fée. »

Phœnix, qui se sentait bien trop comblée par le fait de pouvoir épancher ses sentiments devant Serenity, remarqua à peine le fait que celle-ci n’avait pas répondu à sa question.

Serenity allait bientôt ne plus pouvoir poser beaucoup de questions pour passer le temps, et elle se demandait d'ailleurs comment elle allait éviter de parler d'elle jusqu'à demain matin. Quoi qu'il en soit, Phoenix parlait encore assez pour occuper un bon bout de temps, et semblait en plus ravie de le faire.

-Je me demandais... Il sait que vous l'aimez?

La question était anodine, mais pouvait soit déclencher une vague de doute dans le coeur de Phoenix, soit lui donner l'occasion de parler encore plus. Serenity préférait de loin la 2nd solution, elle ne tenait pas non plus à finir par voir la jeune femme aillée terminer le trajet en pleurs!

Phœnix continuait d’avancer toute guillerette, en pensant à l’homme qu’elle aimait. C’est alors que Serenity en vint à poser une question qui l’étonna.

« S’il sait que je l’aime ? Mais bien sur ! Quel serait l’intérêt d’aimer quelqu’un et de ne pas lui dire ! Il est assez timide, ce qui le rend encore plus mignon, et s'il ne sait pas que je l’aime comment voulez-vous qu’il me réponde. »

Cette réponse lui fit réaliser qu’elle n’avait pas encore obtenu de réponse positive. Son visage songeur semblait devenir un peu plus obscur.

« Je me demande bien pourquoi il n’a jamais accepté d’être avec moi ? »

Elle se tourna vers Serenity.

« C’est vrai quoi ! Je suis l’unique représentante de mon espèce, je suis belle, je suis sexy, je suis drôle et intelligente, n’est ce pas ? Alors pourquoi il me dit pas qu’il m’aime ? »

Comme d’habitude, pour la plus part des questions qu’elle posait, elle donnait automatiquement la réponse elle-même.

« Est-ce que ce serait par ce qu’il aime déjà quelqu’un ? »

*Aïe! Pourquoi j'ai posé cette question?! Serenity, tu es stupide!*

La revenante tenta alors de se rattrapper tant bien que mal en improvisant quelque chose qui était censé la réconforter:
-Oh, vous savez, les hommes sont tous les mêmes...
*Déjà j'ai mal commençé... Quelle gourde!*
-MAIS... Mais je suis sure que votre Riri n'aime que vous! Peut être crois-t-il seulement que vous l'aimez comme on aime son père et... et qu'il a besoin que vous lui fassiez comprendre le contraire!

*Belle impro, mais je crois que le pauvre Riri va essayer de te retrouver et de te tuer quand il saura sa...*
Elle gardait un sourire rassurant pour cacherun certain malaise intérieur. Elles avaient maintenant quitté la ville, et Serenity se voyait mal errer dans toute l'île pour trouver ce stupide village avec sa stupide dague...