Partie de Chasse

Au clair de lune, dans la forêt du côté automne de l'île, Gavin chassait.
Trottant et slalomant entre les arbres, il suivait depuis dix minutes la trace d'un sanglier, un gros mâle à en juger par l'odeur.
Gavin aimait les sangliers pour la facilité de pistage. Les sangliers dégageaient une telle odeur d'œuf pourri et de marais, qu'il prenaient en plus soin de bien répandre sur les arbres, qu'il aurait pu les chasser sans mal sous sa forme humaine. Et même un humain normal pouvait les sentir, à moins d'un mètre et le vent dans la face, car si les sangliers avaient aussi bonne vue qu'un escalier de marbre, les humains étaient quasiment dépourvues de tout sens olfactif.
Captant un mouvement sur sa gauche, il s'arrêta soudain, l'antérieur droit encore en l'air.
Une forme grise, métallique à en juger par sa façon de refléter la lumière de lune, avançait maladroitement en contrebas, gênée par l'obscurité et sans doute par le poids de son armure.
Gavin huma l'air. Une femme. Jeune, et plutôt soignée d'après l'odeur de fleurs qu'elle dégageait par dessus son odeur humaine.
Curieux de ce qu'une jeune femme, belle qui plus est, se promenât dans les bois à minuit passé, seule et pauvrement armée (un petit poignard, constata Gavin), le loup-garou entreprit de la suivre.
Il s'orienta face à la brise, laissa une cinquantaine de pas entre elle et lui, et la chassa.
Il ne l'attaquerait pas, naturellement. Mais sa petite griffe lui disait qu'il allait se passer quelque chose, et quand quelque chose se passait avec une belle jeune fille à minuit passé dans les bois, on ne regrettait jamais d'être là.
Ne serait-ce que pour traquer le malfrat qui ne manquerait pas, lui non plus, d'être là.

[HJ : voici la belle Sophia!]

La soirée était passée à vive allure depuis que Sophia avait débarqué sur l'Ile aux Saisons. Elle avait posé pied sur la partie apparentée à l'automne, d'après ce qu'elle pouvait apercevoir. Le sol brun dégageait une odeur de terre mouillée, constamment humide à cause des pluies quotidiennes, il était recouvert de toute part de feuilles mortes, à l'exception du chemin principal, apparemment entretenu. Les arbres présentaient des couleurs chaudes, visibles par intermittence lorsque la lune se montrait. Un vent frais venant du nord souleva quelques amas de brindilles et de feuilles mortes, faisant frissonner la nouvelle venue sous son armure.
Son lourd attirail, surmonté en plus, d'un sac épais contenant divers objets qu'elle portait sur son épaule droite, rendaient la traversée de cette ruelle pavée et bien endommagée, des plus agaçante, rendue encore plus difficile vu l'heure tardive et l'obscurité qu'il l'accompagnait.

Sophia s'assit quelques instants pour reprendre son souffle. Elle était la plupart du temps reconnue comme douée dans sa profession, et habile aux armes. Mais son aspect frêle et sa beauté fraîche attirait souvent les railleries lorsqu'elle discutait avec des hommes. Et pourtant, elle n'était pas là par hasard.

Après un soupir de fatigue du à la traversée maritime et cette marche forcée avant le premier lieu de civilisation, Sophia se releva et repartit.
A cet instant, elle ne remarqua en aucun cas qu'un étrange loup la pistait non loin sur le chemin.
Gavin avait raison, il allait se passer quelque chose. Mais pas ce qu'il pensait.
Au loin les battements d'ailes d'une chouette se firent entendre. Elle dessina quelques ronds au dessus de la demoiselle en armure puis vint se poser sur son épaule. Sophia sembla la saluer. Elle tira rapidement d'une bourse accrochée à sa taille, de quoi écrire, griffonna quelques mots sur un bout de parchemin, l'attacha à la patte droite de l'animal, qui s'envola aussitôt en direction de l'ouest, en jetant brièvement un regard furtif en direction de Gavin.
La jeune femme continua sa route comme si ne rien n'était.

Après de nombreuses minutes, elle arriva enfin aux portes du village tant attendu. L'entrée principale, gardée par une milice, lui était infranchissable. Elle sortie, de la même bourse qu'auparavant, un parchemin cette fois-ci tout rédigé et le tendit à l'un des gardes. Ce dernier, après l'avoir lu le passa à son voisin. D'un hochement de tête, ils écartèrent leurs lances pour lui laisser le passage libre et son parchemin lui fut rendu.

"Bienvenue à Bois-Rouge mademoiselle Sophia", lança l'un des gardes.

Sophia le remercia d'un sourire et se dirigea vers le premier gros bâtiment juste derrière l'entrée. Un lourd écriteau pendait au vent sur lequel était écrit "Auberge du sanglier doré". Elle regarda le nom d'un air perplexe et poussa la porte d'entrée alors que les gardes reprenaient leur place et empêcheraient quiconque d'entrer sans autorisation.

Le manège de la jeune femme n'échappa aucunement à Gavin.
Lorsqu'il sut qu'il était repéré, il se tapit dans l'ombre et cessa de la suivre.
Il attendit.
Quelques instants plus tard, la chouette retomba, éventrée. Violdur, bien qu'il n'apprécia pas de chasser la nuit, avait fait son office.
Gavin ne prit pas la peine de lire le message. Il reprit sa traque.
La piste n'était pas difficile à suivre : sous le poids de l'armure, les empruntent de pieds étaient enfoncées dans la terre humide, et l'odeur de fleurs était omniprésente.
Gavin s'arrêta en vue d'un village fortifié. S'ensuivit une seconde d'incertitude morphique, puis il réapparut sous forme humaine. Nu, comme après toute transformation.
Il était à peu près certain qu'il était peu coutumier que les gardes laissassent entrer un gaillard de deux mètres, balafré et nu comme un ver, aussi se contenta-t-il de rester dans l'ombre et de gagner celle du pied du rempart.
Le longeant à pas feutré, il parvint à hauteur de la porte.
Il attendit. Il vit 2 gardes en faction près de la porte.
Gavin sortit de l'ombre et se dirigea droit sur un des gardes près de la porte, celui de droite.
L'homme, le voyant, se redressa.

"Eh, l'ami, qu'est-ce que tu..."

L'homme s'effondra. Puis Gavin bondit sur le deuxième qui déjà portait la main à son arme. Il l'empoigna à la gorge et lui projeta la tête contre la muraille. Il entendit un craquement. Il se plaqua dans le renfoncement de la porte et attendit. Quelques instants plus tard, le loup-garou détala dans la ville. Il se rua dans la première ruelle sombre qu'il trouva, actionna une porte, l'enfonça d'un coup d'épaule et la referma derrière lui.
Par chance, la demeure était vide. Il en ressorti peu après, habillé d'un pourpoint vert et d'un pantalon noir.
Se déplaçant du pas franc de qui a le droit d'être là (plutôt que d'attirer l'attention à se déplacer furtivement ), il continua de suivre l'odeur de la jeune femme, jusqu'à une taverne à l'enseigne du Sanglier Doré.
Il entra.

Sophia avait continué son chemin,sans se rendre compte que la chouette qu'elle venait d'envoyer avait été abattu. Il s'était écoulé maintenant plusieurs heures depuis cet incident.
Elle avait pénétré dans l'établissement après avoir longuement regardé l'enseigne. Elle prit une table dans un coin et regarda aux alentours qui s'y trouvaient.
Il y avait de nombreuses personnes malgré l'heure tardive. Toutes portaient sur leur front un signe : trois triangles marron encastré les uns dans les autres rappelant vaguement une feuille. Seul deux personnages, assis ensemble autour d'une table à l'autre bout de la pièce portaient un autre emblème : une étrange étoile à quatre branches munies d'un cercle en son centre, débordant légèrement, de couleur argenté. Mais dans la foule, il lui était impossible de distinguer tout le monde. Sophia, elle, n'avait aucun signe distinctif, si ce n'est qu'elle était la seule en armure. Ceci lui valut d'ailleurs bien des regards curieux.
L'auberge était simple, voir rustique. Au dessus du comptoir, accrochée au mur, trônait majestueusement la tête d'un sanglier empaillé, au poils dorés. Le nom de l'auberge prenait tout son sens. Le regard étonné, elle resta quelques temps à le contempler alors que l'aubergiste venait prendre sa commande.
L'homme rondouillard avec une grande moustache recourbée aux extrémités sourit d'un air automatique.

"Qu'est ce que se sera pour la demoiselle ? Vous avez de la chance que nous fêtons les 5 ans de la capture de la Bête sinon nous aurions été fermé à cette heure-çi et vous auriez trouvé porte close. Mais bon, nous sommes ouverts, et vous êtes là, donc tout va bien! Qu'est ce que je vous sert alors ?"

Les yeux toujours étonnés, Sophia se tourna vers l'inconnu. Apparemment elle n'avait pas trop l'habitude de ce genre de personne, au flot de paroles aussi abondant.
Alors qu'elle essayé de répondre à sa question, Gavin pénétra dans la pièce. Il se perdit rapidement dans la foule, et elle ne l'aperçut pas.

"Je...Une soupe chaude, une miche de pain, un bout de fromage et du vin s'il vous plaît.
- Pas de soucis, je vous amène ça de suite. Vous savez le sanglier est à l'honneur ce soir vous devriez goûter notre mijoté au miel, c'est exquis, la viande fond sous la bouche, et ses petits legu...
- Non merci. Peut-être une autre fois si cela ne vous dérange pas, je n'ai pas très faim ce soir.
- Comme vous voudrez."

L'aubergiste épousseta rapidement sa table et retourna au comptoir donner la commande à sa femme. Elle lui glissa un mot à l'oreille en faisant un signe de la tête vers Gavin. L'aubergiste se dirigea vers lui aussitôt. Arrivé à sa hauteur, les yeux écarquillé n'ayant jamais vu cet homme ici, il lui donna le bonsoir tout de même, et demanda avec le même automatisme ce qu'il souhaiterait.

"Bonsoir voyageur, que désirez vous prendre ?"

Pendant ce temps, Sophia scrutait longuement chaque personne. Tout ce monde présent allait peut-être être une aubaine après tout.

En entrant dans l'auberge, Gavin fut surpris par la foule.
Mais, apercevant la jeune femme assise dans un coin de la salle, il se ressaisit aussitôt et se mêla dans la masse.
Il l'observa qui passait commande d'un air hébété, puis, pendant que l'aubergiste essuyait la table, le loup-garou se dirigea vers le comptoir.
Il attendit, se contentant d'observer la femme de l'aubergiste.

*Il faut que je parle à ma proie*, se dit Gavin. *

Puis, l'aubergiste revint, passa la commande de la jeune fille à sa femme, qui indiqua Gavin d'un hochement de tête.
L'intéressé vit l'aubergiste s'approcher de lui, l'air surpris, et l'entendit lui demander mécaniquement :

"Bonsoir voyageur, que désirez vous prendre ?"

"Une bière pour moi. Une autre pour la jeune fille là-bas", fit Gavin en montrant la table d'un signe de tête, sans lâcher l'aubergiste du regard.
Sans rien dire, celui-ci honora la commande et se dirigea vers la table de la jeune femme. Gavin le suivit.

(Bon faut me dire si j'ai encore foiré hein )

(on y est presque ! Tu as juste jouer l'aubergiste à sa place. Je vais rattraper ça, tu ne vas pas échapper à son baratin! En gros tu ne peux jouer que ton personnages, les autres ont une personnalité propre et eux seuls peuvent répondre de leurs actes. Tu n'as qu'à regarder un peu comment ça se passe à la taverne du crâne d'or par exemple si tu veux. Les seuls moments ou tu peux reprendre les autres personnages sont lorsque tu intègres des actions ou des réactions qu'ils ont DEJA faites ou eues, auparavant, pour meubler ton récit. Aller, le prochain, c'est le bon! )


L'aubergiste s'était approché du loup garou afin de prendre sa commande comme à tous bons clients. Il sourit lorsque Gavin lui demanda d'offrir un verre à Sophia.

"Ah vous la connaissez la demoiselle? Elle n'est pas d'ici et vous non plus d'ailleurs. Vous ne portez pas les marques des habitants de l'île aux Saisons. Vous savez, si vous êtes intéressé, je peux aussi vous louer une chambre pour la nuit, bien que je ne vous garantisse pas du calme, la fête va durer au moins jusqu'au petit matin! D'ailleurs, ne voulez-vous pas un petit peu de notre spécialité au sanglier avec votre bière ?

Une fois que Gavin eut répondu à l'aubergiste, celui-ci rempli deux grandes chopes d'une bière blonde bien mousseuse aux arômes fruités très odorants.

"Aussi une spécialité de la maison ", dit-il avec un sourire.

La musique venant d'une autre pièce derrière le comptoir s'arrêta quelques instants lorsque les musiciens prirent quelques secondes pour avaler un peu de leur boisson et d'accorder leurs instruments. Pendant ce court laps de temps, des brut de boules qui roulent devinrent à peine perceptibles, mais rien dans la pièce ne pouvait y être associé. Puis la musique repris de plus belle.
Pendant que l'aubergiste préparait les bières aux côtés de Gavin, la femme du tenancier amena la commande de Sophia à sa table. Mais au lieu de recevoir un vrai repas, elle reçu une boule rouge qu'elle s'empressa de cacher sous sa cape pour trifouiller quelque chose et remercia celle qui la lui avait apporté. Trois autres personnes dans la pièce possédaient aussi le même genre d'objet sur leur table.

L'aubergiste sortit de derrière le comptoir avec une bière à la main, ayant laissé l'autre devant Gavin pour qu'il la prenne et se dirigea vers Sophia. Arrivé à sa hauteur il posa la chope sur la table, faisant sursauté la demoiselle qui ne l'avait pas vu venir alors qu'elle semblait lire quelque chose.

"Ahh!
- Oh pardon de vous avoir fait peur.
- Je n'ai pas commandé de bière.
- Je sais bien mam'zelle, mais c'est le gas là bas..." il pointa le comptoir du doigt mais Gavin n'était plus là. Il le chercha quelques secondes avant de s'apercevoir qu'il l'avait suivit et était juste derrière lui.
"- c'est de la part de ce jeune homme là mademoiselle. C'est gentil n'est ce pas ?"

L'homme rondouillard lui fit un clin d'oeil et retourna à ses affaires alors que de nombreux clients s'amassaient au comptoir. Sophia regarda l'inconnu avec de grand yeux. Elle les baissa soudain lorsqu'elle sentit le rouge lui monter aux joues.

"C'est généreux de votre part, mais je n'aime pas la bière." dit-elle d'une toute petite voix en repoussant légèrement le verre du doigt.

Gavin avait suivi l'échange avec intérêt. Et amusement, lorsque le tavernier s'était rendu compte qu'il était derrière lui.
L'embarras de la jeune fille ne lui avait pas échappé non plus.
Elle l'étonnait en revanche. Il ne sentait toujours pas l'odeur de la peur, et pourtant, elle rougissait et baissait les yeux. A n'y rien comprendre.
Gavin était de plus en plus intéressé par la femelle, par l'étrange de son comportement et de ses réactions.
Après qu'elle eût repoussé la bière et qu'il l'eût observé une trentaine de secondes, il s'assit en face d'elle.

"Comment-vous appelez-vous, mademoiselle ?"

(Bon, c'était le dernier, le prochain au mois de septembre )

[HJ: il faudra penser la prochaine fois que ça t'arrivera, de répondre au dialogue, même si il est intégré au milieu d'une action. Ici : le tavernier qui te baratine... Tu aurais pu par exemple donner tes réponses avant d'attaquer là où commence ton message ]

Sophia avait baissé les yeux en apercevant l'inconnu qui lui avait offert une bière. Ces derniers se posèrent sur le papier qui se tenait dans ses mains. Elle avait fini de le lire et se dépêcha de l'enrouler et de le rattacher avant de le poser sur la table à côté d'une boule rouge ouverte. Sentant que son "admirateur" l'observait, elle se mit à tapoter du bout des doigts le bois moite de la table lorsqu'elle entendit le bruit d'un tabouret que l'on tire en arrière. L'inconnu s'asseyait en face d'elle. Elle entendit alors sa voix lui demander son nom. Elle releva alors son visage, essayant de comprendre à qui elle avait affaire avant de dévoiler quoique se soit. Mas cet étrange inconnu dégageait quelque chose contre lequel elle n'avait pas envie de résister, pas ce soir. Un peu comme si elle se trouvait en face d'un supérieur à qui il était impossible de désobéir. Il était difficile de soutenir son regard, difficile de prendre sa voix pour une douce approche. Elle trouva toutefois quelques secondes de courage pour l'observer. Il n'avait pas l'insigne. Il n'était pas d'ici. Peut-être était-il comme elle ? Peut-être effectuait-il le même travail ? Pourquoi serait-il venu la voir elle sinon, les deux salles étaient pleines à craquer. Puis cette sensation de soumission revint. Elle se força à sourire.

"Je...Je me nomme Sophia. Et vous ? Que me vaut l'honneur de cette euhm...bière ?"

Sophia était très réputée dans son domaine, connue notamment pour savoir rester maître d'elle même et de n'éprouver nulle peur. Certains disent même que ce n'est pas naturel.
Elle baissa alors de nouveau les yeux, regrettant de ne pas avoir réellement commander à manger pour s'occuper les mains en attendant que son interlocuteur lui réponde.

Gavin surprit le regard de la jeune fille fuser vers lui pour se baisser aussitôt. Puis il la vit enrouler un morceau de papier avant de le reposer sur la table, à côté d'une étrange boule rouge éventrée.
Gavin sentait sa nervosité. Et la voyait, comme de juste, trahie par le tapotement anxieux de ses doigts.
Une fois qu'il eût posé sa question, il l'observa relever et baisser les yeux plusieurs fois de suite, l'air mal assurée, un peu hagard.
Elle finit tout de même par lui répondre.

"Je...Je me nomme Sophia. Et vous ? Que me vaut l'honneur de cette euhm...bière ?"

"Sophia", fit Gavin.
Pendant quelques secondes, il sembla goûter ce nom, le retourner sous toutes ses coutures. Puis ses yeux se reposèrent sur la jeune fille, satisfaits.

"Eh bien, Sophia, je suis nouveau ici. La taverne est bondée ; tout comme vous, je n'ai pas d'insigne. C'est donc à vous que j'ai choisi de discuter un peu."

Le loup-garou préférait ne pas dévoiler qu'il n'avait sans doute rien à faire ici. La femelle l'intriguait plus que tout, mais l'attroupement de tous ces gens manifestement tous liés les uns aux autres attisait sa curiosité.

Lorsque son interlocuteur répondit, Sophia remarqua qu'il n'avait pas répondu à sa question, il n'avait pas dit son nom et semblait éluder la question. Peut-être n'avait-elle pas été assez prudente et aurait du faire de même. Mais elle n'avait pas réussit à lui résister. Cette pensée bien que brève la fit se mordre légèrement la lèvre en signe de reproche personnel. Maintenant qu'elle était seule, elle aurait du être plus prudente.
Gavin lui apprit qu'il était venu vers elle afin de discuter car comme lui, elle ne portait aucun insigne de cette île. Regardant autour d'elle, Sophia réussi à dénombrer trois autres personnes dans leur cas, mais n'osa faire la réflexion, et préféra partir sur un sujet bien moins important qui la détendrait peut-être un peu. Tout ceci, en évitant de croiser le regard de son interlocuteur évidemment.

"En effet, il y a beaucoup de monde ce soir. L'aubergiste m'a dit de quoi il s'agissait mais j'avoue avoir oublié. Une célébration quelconque je suppose. D'habitude, les personnes étrangères à cette terre ne passe pas inaperçues, mais ce soir je crois que l'on nous laissera tranquille."

Réalisant peu être un peu trop lentement que la fin de sa phrase pouvait être à double sens, Sophia sentit le rouge lui monter au joue.

"Je ... Je veux dire que vous ne risquez pas d'être accosté de toute part pour que l'on entende vos récits du monde extérieur. D'ailleurs..."

Son regard croisa celui du loup-garou et les mots qui auraient du suivre moururent dans sa gorge.
Bon Dieu, que t'arrive t-il Sophia ? pensa t-elle. Reprends toi!
Une profonde inspiration emplit ses poumons mais ses mots sortirent tel un faible murmure que seul un être à l'ouïe fine pouvait entendre dans un tel brouhaha.

"Qu'êtes vous venu faire en ce lieu si je puis me permettre ? "

La femelle était aux abois, Gavin le sentait. Il commençait à s'amuser.
Autrefois, il aurait été incapable de chasser de cette façon. Mais désormais, les mots venaient tout seuls, ainsi que la marche à suivre et les diverses possibilités.
Il sentit que sa réponse ne satisfaisait pas quand il vit la jeune femme se mordre la lèvre et jeter quelques coups d'œil alentour.
Conscient qu'elle avait vraisemblablement aperçu d'autres personnes anonymes, il garda un visage impassible et se contenta de pencher la tête de côté.
Puis elle parla.

"En effet, il y a beaucoup de monde ce soir. L'aubergiste m'a dit de quoi il s'agissait mais j'avoue avoir oublié. Une célébration quelconque je suppose. D'habitude, les personnes étrangères à cette terre ne passe pas inaperçues, mais ce soir je crois que l'on nous laissera tranquille."

Gavin eut un sourire carnassier. Manifestement, la jeune fille avait parlé sans réfléchir.
Il commençait de trouver son interlocutrice plutôt amusante.
Surtout quand elle rougissait. Gavin trouvait ce phénomène fascinant.

"Je ... Je veux dire que vous ne risquez pas d'être accosté de toute part pour que l'on entende vos récits du monde extérieur. D'ailleurs..."

Gavin lui lança un regard qu'il aurait voulu encourageant. Au lieu de cela, les mots moururent dans la gorge de Sophia.

*Merde*, se dit-il. *Pourquoi ça ne marche jamais ?*

Le loup-garou, quoiqu'un peu plus familiarisé avec la compagnie humaine, n'avait aucune idée de la façon d'aborder quelqu'un autrement que pour l'attaquer ou l'intimider. Il se rendait peu à peu compte que l'intimidation qui lui était innée ne facilitait pas ses rapports sociaux, surtout pour ce qui était de mettre en confiance une jolie fille seule dans une taverne.
Sa taille et sa force apparente n'arrangeaient pas les choses. La manœuvre revenait à expliquer à un pan de mur les secrets de l'aéronautique.
Puis la femelle murmura une phrase, que Gavin n'aurait sans doute pas entendue s'il n'avait été à moitié loup.

"Qu'êtes vous venu faire en ce lieu si je puis me permettre ? "

"Ah, mademoiselle !"répondit-il. "La même chose que vous, j'imagine. Mais le tavernier semble bavard".

Le coup était plus ou moins lancé au hasard. Gavin attendit avec intérêt la réponse de son interlocutrice. Le loup avait le vague espoir qu'elle croirait comprendre.

L'interlocuteur de Sophia restait étrangement silencieux et la fixait d'une manière plutôt inconvenante venant d'un inconnu. Ce qui troublait la jeune femme, évidemment. Personne n'avait agit ainsi avec elle. Elle se demandait d'ailleurs pourquoi. Son statut ? Son métier ? Sa réputation ? Les cicatrices autour de son œil droit ? Ou peut-être le tout à la fois, qui sait. Elle mit alors cet engouement à la regarder ainsi sur le compte de l'ignorance. Il ne pouvait rien savoir d'elle, c'était évident.
Gavin n'avait cessé de la regarder alors qu'elle tentait vainement de se détendre en lançant une conversation dérisoire, même si cela s'était retourner contre elle. Son souffle était légèrement haché lorsqu'elle réussit à poser une question à l'homme imposant assit en face d'elle. Mais sa réponse réduit à néant tous les efforts qu'elle avait fait juste avant, ses réflexions se bloquèrent net et un énorme doute s'insinua en elle.
Il sait des choses sur moi. La même chose que moi... Sait-il pourquoi je suis ici ? Ce n'est pas possible, je n'ai rien laissé filtrer.
Une nouvelle lueur apparut dans les yeux de la jeune femme. Quelque chose en elle lui disait de rester sur ses gardes.
*Il bluff Sophia, j'ai veillé sur nous, il ne peut rien savoir, il bluff ma douce*. Cette affirmation lui redonna un peu du poil de la bête même si la présence de Gavin continuait de la gêner.

"Pourquoi avez-vous prit une bière si vous faites la même chose que moi ? Où est votre Orine ? Le tavernier a certainement du l'oublier, il me semble un peu tête en l'air à force de baratiner tous ses clients..."

Sophia leva lentement la main en essayant de héler l'aubergiste par dessus le bruit assourdissant de la foule qui ne semblait pas vouloir décroître.

Gavin vit le doute planer comme une ombre sur le visage de Sophia.
Puis, soudain, une lueur étrange brilla dans les yeux de la jeune femme. L'odeur de nervosité qu'elle dégagea se mua en une flagrance de méfiance.
Elle semblait toujours intimidée, soumise, mais quelque chose en elle avait imperceptiblement changé.

"Pourquoi avez-vous prit une bière si vous faites la même chose que moi ? Où est votre Orine ? Le tavernier a certainement du l'oublier, il me semble un peu tête en l'air à force de baratiner tous ses clients..."

Puis Gavin vit la main de la jeune femme se lever.

*Pas mal*, se dit-il. *Joli coup. Orine. Il va falloir cuisiner un peu cet aubergiste*.

Il se leva.

"Ne vous fatiguez pas, mademoiselle. Occupé comme il est, il ne se rend pas compte de grand chose. Je le lui rappelle, après quoi je vous rejoint".

De fait, pensait Gavin, il ne lui serait pas bien difficile de coincer l'aubergiste pour lui faire cracher ce qu'il savait des Orines, et, plus important, de le forcer à lui en donner. Le loup-garou avait repéré une porte donnant sur un petit réduit, dans lequel il lui serait aisé d'entraîner l'aubergiste.
Il se leva et s'éloigna, s'enfonça dans la foule à sa recherche.
Quand il l'eût trouvé, l'homme lui tournait le dos.
Gavin posa sa main sur son épaule, en serrant, pas trop fort, mais de sorte que l'homme comprenne qu'en peu d'efforts son épaule pouvait être brisée.
"Aubergiste !" fit-il d'une voix douce et sépulcrale.

Gavin avait rétorqué qu'il irait seul rappeler à l'aubergiste ce qu'il avait oublié. Sophia trouva ça louche et commença réellement à se demander ce que cet homme faisait en ce lieu. En guise d'approbation elle avait juste hoché la tête pour éviter d'avoir encore l'air idiote en ne contrôlant pas sa voix. Puis son interlocuteur s'était éloigné laissant sa bière sur la table.
Il faudrait peut-être que je file d'ici, se dit-elle pour elle même, avant qu'il ne soit trop tard. De toute façon j'ai eu ce que je voulais.

Une grimace se dessina sur son visage alors que sont corps faisait exactement l'inverse de ce qu'elle pensait. Aucun mouvement ne se produisit et elle resta assise attendant le retour de Gavin.

"Ta curiosité te perdra ma fille..." murmura t-elle.


A l'autre bout de la pièce, l'aubergiste accoudé à son bar et tournant le dos à ses clients sentit une poigne forte lui enserrer l'épaule alors qu'il discutait de l'éventuel augmentation du prix des chambres pour cette nuit avec sa femme. Voyant son visage se contorsionner en un petit rictus de douleur, les dizaines de clients stoprent leurs discussions pour ce qui allait se passer. Une bulle de silence s'était formé autour des deux personnes.
Tout en essayant de paraître insensible, l'aubergiste se tourna vers Gavin.

"Tiens donc! Auriez-vous changé d'avis ? La chambre vous intéresse t-elle avec la jeune et jolie demoiselle ? Je vous fais un prix d'ami si vous le souhaitez."

Le silence s'était fait. Une dizaine de personnes, estima Gavin, s'était arrêtée de parler pour observer ce qui allait se passer. Il faudrait aller vite, car un petit silence intriguerait les autres clients et deviendrait un gros silence. Et beaucoup de témoins.
Gavin vit l'aubergiste se retourner en essayant tant bien que mal de masquer la douleur.

"Tiens donc! Auriez-vous changé d'avis ? La chambre vous intéresse t-elle avec la jeune et jolie demoiselle ? Je vous fais un prix d'ami si vous le souhaitez."

"La jeune et jolie demoiselle se passera volontiers de partager une chambre avec moi", répondit Gavin d'une voix glaciale. Et je ne suis pas votre ami, aubergiste. Seulement votre hôte. Vous avez omis un service à mon sujet, mon cher, et j'aimerai vous en entretenir."

Il se pencha à l'oreille de l'aubergiste et murmura si bas que seul l'aubergiste pût l'entendre :

"Nous allons passer dans le réduit, mon gars. J'ai deux ou trois questions à te poser. N'aie pas peur. Ce sera bien pire si tu restes ici".

Le loup-garou appuya ses paroles d'un regard sinistre, qui en disait long sur l'humeur de son lanceur et sa tolérance à la contradiction. La menace était banale, mais le ton de voix était professionnel en la matière, suggérant qu'à coup sûr l'homme n'hésiterai pas à l'exécuter sur place.
Gavin le savait. Tuer l'homme ne lui serait d'aucun secours, il n'en aurait donc pas pris la peine, mais il savait d'expérience qu'un ton de voix et un bon regard pouvaient en suggérer bien plus qu'on ne pouvait en dire et en imaginer.

Sophia soupira à sa table trouvant le temps long sans plus rien avoir à faire ici pendant que Gavin discutait avec l'aubergiste.

Ce dernier avait été intimidé par la manière dont le loup-garou s'était adressé à lui. Son air menaçant avait immédiatement contraint l'homme à lui donner ce qu'il voulait même si au fond de lui il savait que toute sa cliente lui viendrait en aide si il avait un souci. Mais son cerveau n'effleura même pas l'idée de contredire son interlocuteur. Malgré le fait qu'il essayait de rester maître de lui sa voix trembla.

"Je...Je puis répondre à toutes vos questions...Sans soucis..Ici...Mais si...si vous souhaitez aller ailleurs...Alors allons-y. "

Cette fois-ci entièrement tremblotant, l'aubergiste guida Gavin vers une petite porte sous l'escalier qui menait aux étages. Il s'agissait d'une petite pièce, bien trop étroite pour que Gavin puisse s'y tenir droit. De nombreuses épices, plantes séchées et alcools douteux y étaient entreposés en sac, bocaux, bouteilles et boîtes en bois. L'aubergiste tira légèrement la porte pour éviter les regards curieux, et alluma une lanterne posée sur l'une des étagères. Quelques secondes d'un lourd silence s'écoulèrent avant qu'il ne réussisse à bafouiller quelques mots.

"Que...voulez-vous savoir ?"

L'homme rondouillard s'appuya sur l'une des étagères mal fixées, les genoux tremblant, dégoulinant de sueur ne sachant pas vraiment pourquoi il avait emmené cet homme ici et ce qui allait bien pouvoir lui arriver.

Du coin de l'œil, Gavin vit Sophia soupirer et montrer de l'impatience. Mais elle restait. Il sut alors qu'elle resterait jusqu'à son retour, sans quoi elle serait déjà partie.
Son attention revint à l'aubergiste, qu'il entendit prononcer d'une voix tremblante :

"Je...Je puis répondre à toutes vos questions...Sans soucis..Ici...Mais si...si vous souhaitez aller ailleurs...Alors allons-y. "

Gavin se laissa guider jusqu'au petit réduit, bas de plafond. Il dut rester courbé.

"Que... voulez-vous savoir ?" entendit Gavin.

L'homme rondouillard dégageait une odeur parfaite de terreur. Il était d'ailleurs appuyé, tout suant, à une mauvaise étagère.
Jugeant que l'aubergiste n'avait pas refermé suffisamment la porte à son goût, Gavin la repoussa totalement et plaça une chaise sous la poignée.
Puis il revint à son interlocuteur et, à voix haute, d'une voix qu'il espéra rassurante sur ses intentions :

"Attention, mon cher, vous risquez de tomber. Cette étagère est branlante."

Après quoi il ajouta, à voix basse, l'air menaçant cette fois :

"Je veux un ou une Oride, mon gars. N'importe comment, il m'en faut un. Après quoi tu me diras tout ce que tu sais à propos de ces Orides et de ce qui s'y rattache. Aucun problème pour toi si tout se passe bien, compris ?"

Le ton et l'attitude de Gavin laissait entendre qu'il n'accepterait aucune contradiction.
Il attendit.

L'aubergiste regarda d'un œil peu confiant Gavin mettre une chaise devant la porte pour que personne ne puisse les déranger. Mais tout le monde les avait vu rentrer dans ce petit réduit, tous avaient vu l'air terrorisé du gérant et savait qui serait la cause d'un malheur. Dans la salle des murmures de curiosité sur cette affaire passaient de tables en tables de sorte que quasiment toute la taverne fût au courant en quelques instants. La femme de l'aubergiste, qui s'occupait des clients en l'absence de son mari semblait quant à elle plutôt inquiète et ne cessait de jeter des coups d'œil angoissés vers la porte bloquée.
Gavin le prévint d'une possible chute de l'étagère vu sa fixation au mur si l'homme continuait de s'appuyer dessus ainsi. Il retira vivement son bras, un sourire tremblant sur les lèvres tout en se grattant la tête. Lorsque le loup-garou se mit à parler des Orines, ses yeux s'affolèrent et se mirent à regarder dans tous les sens tout en essayant de calmer sa respiration.

"Les Orines, pas les Orides....Mais...Mais...je n'ai pas le droit...Vous devez avoir le mot de passe... J'ai prête serment...Je ne peux rien..."

Alors que l'homme devenait de plus en plus terrifié, incapable de contrôler ses pensées et son corps entièrement secoué de petits spasmes, un lourd bruit de porte qui claque se fit entendre. Pensant que ses os venait de se rompre face à son refus d'obtempérer ou à force de trembler, l'aubergiste ferma les yeux et serra les dents, dans l'attente de la douleur mais rien ne vint. Seulement quelques secondes après, des tables volèrent dans l'établissement, des clients furent projetés contre les murent, des choppes et des assiettes furent renversés. L'aubergiste écarquilla les yeux cette fois-ci. Sa taverne était entrain d'être ravagée.

Un groupe de sept individus cachés sous des capes qui ne laissaient en aucun discerner quoique se soit de leurs visages entrèrent dans la taverne, envoyant valser avec force tout ce qui leur barrait le passage. Ils avancèrent droit vers la table où Sophia c'était assise plus d'une heure plus tôt et l'entourèrent.

"Dame Sophia, nous vous cherchions."

La voix de l'individu semblait étrangement monocorde.

Si l'homme avait eu plus d'yeux, Gavin se serait cru au loto.
Chacun des yeux voulait se faire la malle d'un côté différent en essayant d'entraîner la partie du cerveau qui lui était dédié. Le dit cerveau, lui, complètement dépassé, semblait proche de fermer les portes avec un écriteau du style "Stocks liquidés".

"Les Orines, pas les Orides....Mais...Mais...je n'ai pas le droit...Vous devez avoir le mot de passe... J'ai prête serment...Je ne peux rien..."

Gavin mit une partie de sa cervelle en mode automatique le temps de recueillir les informations. Pendant ce temps, l'autre partie se concentrait sur un phénomène anormal du type qui en surgissait régulièrement quand le loup-garou était dans le coin. Un peu trop régulièrement, même, trouvait une fonction neuronale, pour l'heure tabassée à coup de poings par les deux parties précédemment mentionnés dans un recoin sombre du cerveau de Gavin.
Bref, un vacarme présentant de sérieuses similitudes à celui d'un problème attira l'oreille de Gavin. Comme si ça ne suffisait pas, le nez, qui regardait par dessus l'épaule de sa condisciple, enregistra des odeurs de peur, de surprise et, plus intéressant, de violence froide.
Comme quelque chose qui sent, mais de mauvaise grâce, parce que c'est bien pour la forme. Un sentiment qu'on ne ressentirait pas, une simple affiche de ce qu'attendraient d'éventuels spectateurs.
Le loup-garou intima d'un geste au tavernier de se taire.
Puis il ôta la chaise de sous la porte et attendit.
Son odorat lui révéla sept individus.
Ainsi que la perplexité de l'entourage.
Une voix morne, plate, sans émotion aucune retentit. L'espace d'un instant, ce fut comme si elle avait toujours été là.

"Dame Sophia, nous vous cherchions."

Gavin choisit ce moment pour sortir.
Il traversa la salle en direction de la table encerclée, enjambant les débris comme si de rien n'était.
Puis, sans expression apparente sur son visage :

"Mille pardon, messieurs", s'excusa-t-il. "Ma bière, comprenez".

Puis, toujours d'un calme olympien, le loup-garou se glissa entre deux hommes et s'assit devant sa chope.
Il but.

Gavin fut à deux doigts de montrer à l'aubergiste qu'il n'avait aucunement la possibilité de continuer à refuser de transmettre ce que le loup -garou souhaitait, lorsqu'un vacarme à l'intérieur de l'établissement attira son attention. Pour le plus grand soulagement du tenancier, Gavin sortit discrètement pour rejoindre sa table en enjambant les dégâts causés par les nouveaux venus. L'aubergiste resta quand à lui à l'intérieur du réduit le temps de reprendre ses esprits, mais sa femme vint le chercher tout de suite après avoir vu l'homme géant en sortir.

Sophia s'était brusquement levée voyant tout et n'importe quoi voler dans les airs, mus par une chose qui se frayait un chemin dans sa direction. En apercevant les 7 individus, elle resta de marbre et se contenta de croiser les bras. Alors qu'ils disaient la chercher, GAvin arriva et se rassit à la table pour boire sa bière. Les nouveaux venus ne lui accordèrent pas la moindre attention, mais un d'eux se dirigea vers lui lorsqu'il s'assit à la table de Sophia. Cette dernière leva tout de suite la main. Il s'arrêta.

"Que se passe t-il ? Que faites-vous ici ? Vous deviez m'attendre à l'embarcadère!
- C'est ce qui était convenu Dame Sophia mais nous n'avons pas reçu le message nous informons que vous étiez bien à destination alors nous avons décidé de venir vous chercher.
- Comment cela "pas reçu" ?
- Votre a été trouvé morte sur le chemin nous en avons donc déduis qu'il vous était arrivé quelque chose nous avons donc suivi vos traces jusqu'à la ville où les gardes ont été massacrés à l'entrée nous nous sommes alors hâtés pur votre sécurité.
- Panel ??? Elle est morte ??? Et les gardes aussi ? Comment... Que se passe t-il ici!
- Nous devons partir Dame Sophia.
- Arrêtez de m'appeler DAME !"

Sophia détestait cet épithète, elle ne trouvait qu'il était celui qui lui convenait le moins. La colère commença gagner son corps lorsqu'elle décida de se calmer.

"De toute façon, j'ai reçu de nouvelles instructions. " Elle leva le bout de parchemin resté sur la table. "Nous n'avons plus rien à faire sur cette île."

Gavin avait disparaitre lors de cette discussion, personne ne lui prêtait attention et Sophia n'avait pas croisé son regard.

Sirotant tranquillement sa bière, Gavin suivit la discussion avec intérêt.
Ainsi, les sept apparitions devaient retrouver Sophia à un embarcadère. Et persistaient à l'appeler Dame.
Il entendit énumérer les faits dont il était responsable avec amusement.

"De toute façon, j'ai reçu de nouvelles instructions. Nous n'avons plus rien à faire sur cette île."

A ces mots, Gavin jugea qu'il était temps de s'en aller. Profitant de ce que personne ne lui prêtait attention, il s'éclipsa et sortit dans la rue.
Il tourna aussitôt pour se tapir dans une ruelle sombre, bras tendu.
Peu après, un aigle était posé sur son poing. D'aucun auraient pu croire à un aigle domestiqué, mais une attention profonde aurait trouvé qu'il se contentait d'occuper momentanément un perchoir complaisant.
Gavin grogna. L'aigle pencha la tête. Puis s'envola.
Un instant plus tard, un cri perçant retentit dans le ciel. L'aigle était prêt. Il serait attentif, servirait d'yeux à Gavin.
Un instant d'incertitude morphique s'ensuivit, puis un grand loup noir fila dans la rue, passa la porte du village et disparut dans les bois.

Les sept inconnus avaient approuvé le fait que Sophia décida de partir de cet endroit. Si de plus elle n'avait plus rien à y faire alors, mieux ne valait pas traîner dans le coin. Ne sachant trop comment réagir et ne souhaitant pas partir comme une voleuse, Sophia se tourna vers le siège où était censé être assit l'homme qui était venu discuter avec elle, mais il n'était plus là. Elle regarda rapidement dans les alentours et ne vit aucun signe de lui. Elle fît un signe de la main et sortie de la taverne suivie des sept autres fouteurs de troubles. En court de route, l'un d'eux envoya sur le comptoir une énorme bourse remplie de pièces d'or afin de dédommager le tavernier des soucis causés, sans pour autant le regarder ou lui adresser la moindre excuse.
Une fois dehors, trois des inconnus en cape prirent la tête et guidèrent Sophia vers la sortie alors que les autres fermaient la marche. En passant par la grande porte, elle regarda avec attention les cadavres des gardes qui étaient restés au sol. Personne ne semblait s'être rendu compte de cette agression. Le massacre avait été violent, du sang avait giclé dans toutes les directions et commençait à teinter le sol. Elle enjamba les corps tout en jetant de nombreux coup d'oeil furtif.

"Ne vous inquiétez pas Dame Sophia nous sommes là pour vous protéger." Elle poussa un profond soupir avant de répondre.
"Ce n'est pas ça...C'est que...
- Vous devriez arrêter de le chercher. Cet homme est un...
- Je me fiche de ce qu'il est. Il dégageait quelque chose de fort. Il m'aurait certainement été utile pour cette quête qui ne semble pas finir. Si j'avais seulement pu en découvrir un peu plus sur lui.
- Je persiste à dire qu'il aurait été dangereux de voyager avec individu et qui plus est peut-être ne nous aurait-il pas sui...
- Oh la ferme !"

Personne ne prenait Sophia au sérieux tant qu'on ne l'avait pas vu en pleine action. Gavin lui aurait certainement été utile dans sa quête. Un homme à qui on ne pouvait rien refuser... Quelque guigne de l'avoir laissé filer! Tout en se rabâchant ses remords, Sophia avançait au milieu de son groupe de protecteurs en direction de la côte.

Dans les bois, Gavin attendit, couché dans les feuilles mortes.
Finalement, au bout de quelques minutes, il vit le groupe sortir du village.
Gavin ne put réprimer un grondement sourd. Le loup contrôlait moins ses émotions que l'humain. Et, en l'occurrence, le loup n'aimait pas les sept encapuchonnés.
Il entendit la discussion. Il nota que la femme le cherchait et était irrité envers ses gardes du corps. Comme il s'en doutait, les sept avaient percé à jour sa réelle nature. Gavin s'en fichait comme de colin-tampon. Même s'il préférait avoir l'avantage de la surprise, sa possibilité de transformation lui conférait tout de même un avantage. Le plus savoureux étant que l'une des formes blessées, il lui suffisait de prendre l'autre durant quelques heures pour que la première se régénère. Sauf en cas de trop grosses blessures, où il fallait parfois attendre plusieurs jours. Quand ils furent hors de vue, il se lança sur leur piste.
L'odorat de loup était pratique. Il permettait de filer de loin, sans être vu. Et, au cas où, Violdur suivait toujours la proie.
Si la femme quittait l'île, il faudrait à Gavin s'engager sur le même bateau qu'elle. Violdur ne pouvait pas voler éternellement au dessus de l'océan, il avait besoin de pauses ; et un aigle posé sur un mat au grand large avait de quoi attirer les soupçons.

*Il faudra bien qu'ils s'arrêtent en chemin, le prochain port est loin*, se dit le loup-garou. *Eux s'en fichent, mais elle, elle en aura besoin. Là il faudra que je lui reparle*.

Et la chasse se poursuivit, le loup profitant de son odorat et l'aigle de sa vue... ma foi, de sa vue d'aigle.

Sophia marchait sans vraiment faire attention aux alentours. Il lui avait fallut pratiquement 3h de marche pour rejoindre la ville depuis son embarcation. Rien que le fait d'imaginer qu'elle allait devoir refaire le même chemin, alors que le soleil n'allait pas tarder à pointer au loin, la fatiguait. De leur côté, les sept accompagnateurs scrutaient chaque recoin. Ils avaient repéré un troupeau de biches, de nombreux rongeurs, trois chasseurs levés plus tôt que les aurores certainement pour attraper les deux sangliers non loin d'eux, trois rapaces, un loup et trois chevaux en liberté, pour les plus grosses bébêtes dans un rayon d'une quinzaine de kilomètres. Leur attention décupla lorsqu'ils s'enfoncèrent un peu plus dans la forêt.
La dernière étoile du matin s'effaçait lentement alors que le ciel s'éclaircissait peu à peu, mais ils étaient encore loin du but. Une clairière au sol jonché de feuille morte se dessinait en contrebat du chemin. Soupirs après soupirs, ses pas se firent plus lents. Sans qu'elle n'eut rien prononcé de plus, le premier de la troupe s'arrêta et les autres formèrent un cercle autour de Sophia.

"Reposez-vous Dame Sophia il nous reste encore un peu de route à faire.
- Arrêtez de m'ap-pe-ler DAME !! "

Personne ne broncha.

"Pourquoi ici ? Il y a une clairière en bas, j'y serai mieux, on ne va pas rester au milieu du chemin!!
-Pourquoi pas ? Personne ne passera par ici et vous serez plus en sécurité nous ne resterons que le temps de soulager votre jambe.
-Pfffff... "

Sophia se laissa tomber sur le sol et étendit ses jambes en regardant le jour se lever.

Gavin entendit des voix. Il s'arrêta.
Trop loin pour qu'il puisse discerner leurs paroles, il les entendait néanmoins.
Il avisa l'aigle, qui décrivait des cercles au dessus d'eux.

*Ils ont du s'arrêter*, pensa Gavin. *Il va falloir en profiter*.

Il continua son chemin, à pas feutrés, prudent, jusqu'à ce qu'il les aperçoive au détour d'un virage. Il coupa alors et parvint, avec moult précautions, à se tapir sous un buisson à une cinquantaine de mètres du groupe.
Gavin avait remarqué que les individus humains femelles avaient souvent besoin d'uriner, et pas dans un soucis de marquage de territoire.
Mieux encore, elle n'admettaient généralement pas qu'un homme les accompagnât dans leur tâche.
Ce n'était qu'une question de minutes, tout au plus.
Il se transforma. Comme d'habitude, il réapparut nu. Mais faute de mieux, il faudrait s'en contenter. De toute façon, s'il advenait que la femme s'approche, il resterait tapis hors de vue des 7, et donc hors de vue de Sophia, du moins pour la partie importante.
Il craignait simplement qu'elle s'en aille uriner du mauvais côté.
Il disposerait alors de peu de temps pour faire le détour discrètement, il lui faudrait donc redoubler d'habileté et de discrétion.
Mais il y avait de fortes chances pour qu'elle vint de ce côté là, dont les épais taillis offraient plus de possibilités pour se dissimuler, raison d'ailleurs de la présence du loup-garou si proche du groupe. Il attendit.