un instant de solitude

Una se trouvait assise sur son lit. Son regard glissait sur les murs sombres de la pièce. Elle commençait à s’ennuyer. La plus part des habitants de cette demeure s’était rendus dans le reste des terres du continent. Una se leva, et commença à faire quelques pas. La pièce sombre ne faisait que la plonger un peu plus dans sa solitude. Elle, la luxure, se trouvait seule, pas une personne près d’elle pour s’amuser à ces petits jeux qu’elle prise tant.
Elle s’avança vers la porte, l’ouvrit et fit quelques pas dans le couloir. Ses mains se balancèrent, le long de son corps, au même rythme que ses hanches.
Ses pas l’arrêtèrent devant la salle du conseil. Cela faisait quelques temps que personne ne s’y était rendu. Bien entendu la notion de quelques temps était relative pour quelqu'un dont les pas foulaient cette terre depuis la création de celle-ci.
Una poussa la porte et fit quelques pas à l’intérieur. La pièce était aussi sombre que toutes celles qui se trouvaient dans le château.
La jeune femme fit quelques pas et vint s’asseoir sur le siège qui lui était d’ordinaire réservé lors des conseils, attendant que quelqu'un vienne troubler son sentiment de solitude.

Gwenda avait quitté tôt ce matin l'athmosphère calfeutrée de sa chambre, pour profiter, au sein des jardins, de la fraîcheur pure de l'aube.
Après un instant de solitude, le regard noyé dans la voûte celeste ourlée de rose et de bleu, la Gourmandise regagna le chateau d'un pas serein, respirant à plein poumons l'air matinal encore vif.
Le palais était enserré par une quiétude et une obscurité coutumières. Gwenda gravit une première volée de marche, et arpenta silencieusement les corridors, laissant son regard déambuler sur les apparats sobres ornementant les lieux.
Ses pas la conduisirent sur le seuil de la salle du conseil, dont la porte avait été entrebaillée. Gwenda pénétra à l'intérieur, sans l'ombre d'une hésitation, sa curiosité ayant été avivée. Ses yeux mirent un instant à s'habituer à l'obscurité, mais la jeune femme ressentait une évidente présence dans la pièce. Enfin lui apparut Una, qui avait pris place sur le siège lui revenant ordinairement, du temps où les conseils se faisaient nombreux. Etreinte par une sorte de nostalgie, Gwenda effleura du bout des doigts le bois lustré de son propre siège.

" Je n'avais plus vu quiconque depuis bien des jours, dit-elle enfin, rompant le silence. A présent je découvre que la solitude, bien que je pus un temps la rechercher, finit par ne plus rien avoir d'agréable. "

Elle désirait vagabonder, rencontrer des êtres faibles avec qui s'amuser, découvrir et posséder plus, toujours plus... La Gourmandise avait un appétit de l'ancien temps...
Elle avait la Grande Guerre pour souvenir agréable.

" Penses-tu demeurer encore longtemps au chateau? interrogea t'elle, suite à un nouveau silence de sa part. J'avais pour projet de me retirer un temps, j'ignore où, il ne m'a jamais été plaisant que d'avoir un but précis. "

Una avait laissé son esprit s’absenter lors de quelques instants. Elle fut rapidement rappelée à l’ordre par une voix familière. Son regard se tourna vers la Gourmandise. Un sourire s’esquissa sur ses lèvres lorsqu’elle aperçue sa sœur. Lentement elle se leva de son siège et fit quelques pas dans sa direction.

« La solitude n’a rien d’agréable. Surtout pour moi ! Si je ne sors pas bientôt jouer avec quelqu’un je risque de mourir d’ennuie dans cette vieille demeure. »

Una s’approcha de la Gourmandise et la serra dans ses bras d’une façon fort chaleureuse, tout en collant son corps contre le sien.

« Je suis plus que ravie de te voir ma chère sœur. »

Una desserra son étreinte. La jeune femme avait toujours apprécié la compagnie de Gwenda. Après toutes deux se ressemblaient. Gwenda était la Gourmandise, et Una était gourmande de relations charnelles.
Sa sœur lui annonça qu’elle avait l’intention de quitter leur château et de s’établir en d’autres lieux. Una ne put cacher sa surprise.

« En es tu réellement sure ? Je crois qu’Orgar va nous faire une de ses crises de colère si tu lui annonces ça comme ça. Je te conseillerais donc de préparer le terrain en prévoyant une multitude de compliments bien appropriés afin de flatter son ego. Toutefois…. »

Un regard triste s’empara des yeux de Una. La Gourmandise avait résidé tellement longtemps, à ses cotés, en cette demeure. Ce changement risquerait d’être perturbant. Si elle partait, Una se retrouverait la seule femme du château. Ce qui ne l’aurait point perturbée en d’autres occasions, bien au contraire.
La jeune femme se ressaisit et finit par gribouiller un sourire sur son visage.

« Tu me manqueras. Mais fait comme tu l’entends…. Après tout cela fait déjà tellement de siècles que nous vivons ici. »

Una se mit à réfléchir.

« Je me demande si je ne changerait pas la déco, histoire de faire plus….. attrayant et plus… convivial. »

Un sourire amusé, qui en disait long sur ses pensées vint se glisser sur ses lèvres.

Gwenda apprécia le contact chaleureux que sa soeur établit avec elle. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres lorsque cette dernière fit mention d'Orgar.

" Tout est déjà prévu, exposa t'elle. Je l'etoufferai de compliments jusqu'à ce qu'il en expire. Il ne pourra que me laisser librement partir. "

Gwenda n'avait jamais porté Orgar en son coeur. Sans le haïr, elle trouvait malsaine la prétention dont il faisait preuve, et ne se montrait guère agréable lorsqu'il s'adressait à elle. Les relations cahotiques mais coutumières entre un frère et une soeur, en somme...
La Gourmandise, ressentant la tristesse éprouvée par sa soeur, posa une main avenante sur son bras nu.

" Je ne partirai guère longtemps, assura t'elle. L'ennui me gagne, je ressens le besoin de faire le vide, de marcher un instant sans dessein. Mais je serai tôt de retour. "

Lorsque sa soeur lui fit part de son désir de modifier l'agencement des lieux, Gwenda ne put retenir un franc éclat de rire complice.

" Je me représente déjà la tête que tireront les gens à la découverte du... genre d'ornements que tu pourrais apporter à l'endroit. La sombre froideur du chateau m'est plaisante, mais une pièce d'avantage egayée serait... disons... distrayante... "

Elle partagea un regard entendu avec sa soeur, dont elle connaissait plus que bien l'amour des plaisirs de la chair.
Furent ravivés les souvenirs de la courte relation qu'elle eut autrefois avec un garçon très jeune, qui avait fuit sa voracité, et s'était établit en l'ile aux pirates.
Il s'agissait en outre d'un lieu que Gwenda aurait ardemment désiré découvrir. L'existence des pirates, rythmée de pillages, saoûleries et indiscipline, la fascinait.
Sa décision fut, comme à l'habitude, prise dans l'immédiat, par seul souci de satisfaire aveuglément ses désirs.

" C'est à l'ile des pirates que je me rendrai, lança t'elle, se dirigeant d'un pas lent vers l'unique fenêtre de la salle, dont les tentures de velours avaient été tirées. Le plus tôt sera le mieux. "

Son regard tomba dans les jardins, par l'entrebâillure des épais rideaux, puis se posa à nouveau sur sa soeur.

" J'aurais, d'ailleurs, quelqu'un à... retrouver en ces lieux. Un charmant jeune homme qui écourta nos honnêtes rapports, et à qui j'aurais deux mots à toucher. "

D'avance, Gwenda en souriait.

" Resteras-tu seule ici? Interrogea t'elle enfin. S'il te plait de venir avec moi, ce serait un plaisir immense que de t'avoir à mes côtés. Il doit y avoir en cette ile bien des hommes tourmentés, dont ta présence devrait amplement rassurer et réchauffer le coeur... "

Una regarda sa sœur. Un sourire fraternel envahi son visage. Gwenda ne semblait pas apprécier Orgar, ce qui était naturel. La personnalité trop énervante de celui-ci était parfois bien désagréable à supporter. Toutefois, il était vrai que celui-ci accordait facilement un souhait si cette personne était capable de manier l’art de l’éloge (non mérité !) dans toutes les situations.

« Orgar n’est qu’un sal gamin prétentieux ! Ce n’est pas pour rien qu’il est l’Orgueil ! Mais il a de bon coté parfois. »

Una se rapprocha de l’oreille de sa sœur et lui glissa quelques mots, étouffés dans un léger rire coquin.

« Il est un amant parfait quand il veut ! »

Una se remit en place, tout en gardant un sourire amusé aux lèvres.

« D’ailleurs je lui répète sans cesse quand j’ai besoin d’obtenir quelque chose de lui ! »

Le sujet devint moins joyeux lorsqu’il dériva sur le départ Gwenda. Cependant celle-ci assura sa sœur d’un voyage de courte durée.

« Tant mieux. Je n’aime pas être seule ici ! Orgar n’est pratiquement jamais là, et Maol est vraiment…. Bizarre. »

L’idée d’une décoration refaite par les bons soins d’Una parut amuser sa sœur.

« On verra bien, une chose est sure je pense refaire mes appartements. Je mettrais certainement des chaînes au mur. On en a toujours besoin. »

Gwenda lui fit part de son envi à se rendre dans l’île aux pirates. L’idée n’était pas déplaisante. Una se mit à sourire. Toutes deux feraient certainement un duo très remarqué là bas. L’ambiance des tavernes était très divertissante pour quelqu’un qui aimait la luxure. Una se mit à rire, ses yeux à briller, son teint à rougir.

« Voilà qui promet d’être très amusant. J’espère que tu n’abîmeras pas trop ce jeune homme. Je pensais m’amuser un peu avec lui. »

Una jeta un rapide coup d’œil final sur la salle des conseils. Elle n’avait pas changé. Au centre se trouvait une longue table ovale en bois foncé, dont le plateau était soutenu par un pied central, sculpté de gargouilles et autres créatures dangereuses. Deux chaises se trouvaient à gauche, l’une pour la reine des vampires et l’autre pour le souverain du royaume maudit. A droite, deux autres chaises étaient placées en bout, l’une pour Orgar, et l’autre pour elle. Et au centre quatre chaises, pour les deux sanglantes et les deux démoniaques.
La salle n’avait pas changé, mais elle, Una, avait put changée au cours des siècles, à présent qu’elle était libre.
Les pas de la jeune femme la menèrent hors de la salle.

« Parfait, nous n’avons qu’à nous rendre au rendre au port. Nous sommes obligées de prendre un navire, aucun des hommes n’est là pour nous transporter jusqu’à l’île à travers l’Océan. »

Grâce à leur parfaite maîtrise de la Terre, Una et les sanglantes possédaient la capacité de voyageaient où elles le désiraient, sur la terre, en un instant.

Gwenda, ravie de voir sa soeur approuver son projet, se lança à sa suite sans mot dire, car il n'était pas de ses habitudes que de laisser transparaitre ses sentiments. La porte du conseil fut refermée par ses soins, dans un chuintement infime.

" Penses-tu mettre Orgar au courant de notre départ?" interrogea t'elle d'un air évasif, faisant jouer ses doigts dans les quatre nattes d'égale épaisseur coulant sur ses épaules.

Gwenda n'avait pas une chevelure particulièrement remarquable, si ce n'est un esthétique dégardé de bruns, mais elle savait lui donner de la contenance en la coiffant chaque jour de façon différente, et pour le moins extravagante.
Une silhouette se profila soudain dans l'ombre du corridor. A pas hâtifs et feutrés, un chat noir vint rejoindre les deux femmes. Son pelage était si lisse, si luisant qu'on l'aurait cru peint à la laque. Un éclat metallique brillait dans la prunelle de son regard. Il ne s'agissait pas là d'un animal à qui l'on aurait pu vouloir prodiguer mille caresses. Son allure était sévère, son regard narquois, et son assurance entrainait le malaise.
Les deux femmes s'engagèrent dans le couloir, le chat leur emboita calmement le pas.

" Je te laisserai volontiers jouer avec le jeune homme que je dois retrouver, lança Gwenda, revenant sur la précédente conversation. Laisse-moi seulement lui rappeler qui je suis, et il sera ensuite à toi. Tu le verras par toi-même, c'est un gentil garçon sans expérience, toujours prêt à faire ce qu'on lui demande. C'est ce qui me plaisait, chez lui. Il faisait tout ce que j'exigeais. Et pour un compliment de ta part, ce cher Orgar fait de même ! "

Son rire résonna dans le corridor. Ses pensées se tournèrent à nouveau vers l'ile où elles allaient se rendre, et son impatience s'accrut.

Orgar venait de rentrer de sa chasse, qui avait durée une semaine. Ses pas le menèrent sur le long de l’imposant pont de pierre. Derrière lui, son molosse traînait une charrette, recouverte d’une large toile, mais laissant s’échapper une odeur putride.
Son regard se posa sur la porte noire et celle-ci s’abaissa afin recouvrir le vide qui le séparait de l’entrée. Le jeune homme avança, et son molosse suivit.
Une fois à l’intérieur du château, il laissa son animal de coté, dans la cour intérieur et se dirigea vers l’entrée. Une large porte de bois noire s’ouvrit à son passage, laissant apercevoir un escalier de pierre. Il gravit les marches d’un air emplit de fierté.

Le jeune homme se trouva presque surpris lorsqu’il perçu le son de voix féminines familière. Il ne s’attendait pas les retrouver dans le couloir. Il suspendit sa marche et attendit, l’oreille attentive à ce qu’elles se racontaient, sans bouger. Cacher dans l’ombre du couloir, à un tournant, Orgar espionnait ses deux sœurs démoniaques, un sourire au coin des lèvres. Ce même disparu lorsqu’il entendit les derniers propos prononcés par Gwenda. L’expression de son visage se figea dans un air hautain et insatisfait.

*Me crois t’elle donc si malléable !*

Orgar sortit de l’ombre et leur présenta son visage à l’air mécontent. Aucune parole ne sortie de sa bouche, ce qui n’était point nécessaire, son humeur influençait déjà suffisamment l’atmosphère pour que les deux femmes se sentent envahies par sa mauvaise humeur.

Una marchait aux cotés de sa sœur, lorsque celle-ci s’enquit de son intention d’informer ou non Orgar de leur départ. La jeune femme semblait hésiter. Il est vrai que son frère avait prit des airs de chef au fur et à mesure que le temps passait et qu’il s’était approprié ce rôle sans consulter personne, mais s’ils désiraient avoir la paix s’était l’unique solution. Ses épaules se haussèrent, marquant un signe d'incertitude.

« Pour l’instant il est pas là, alors on a pas à s’occuper de ce genre de chose ! »

Un petit air coquin enflamma son visage. Son pas se fit plus jovial et enfantin.
Una se sentait comme une adolescente prête à faire le mur sous les yeux de ses parents.
Une deuxième présence féline vint s’ajouter à la sienne. Le chat De Gwenda vint faire quelques pas en leur compagnie. Bien que Una est une affection particulière pour la maîtresse de l’animal elle n’en avait point pour lui, qui préférait les crachas et les morsures aux caresses.
La jeune femme avança sans se préoccuper plus que cela du chat.
Gwenda lui expliqua la personnalité du jeune homme en question. Una se mit à rire comme une enfant. Ce jeune serait très certainement d’un amusement des plus divertissant.
A la seconde partie, concernant Orgar, elle s’apprêtait à répondre, qu’il n’y avait pas plus influençable si on savait s’y prendre, mais ces paroles ne virent jamais le jour car le sujet de conversation se trouvaient devant elles, le visage furieux.
Una, nullement gênée gribouilla rapidement un sourire de bienvenu sur son visage.
Elle avança à pas félin vers sa cible.

« Orgar ! Mais quelle charmante surprise ! Nous ne t’attendions pas de si tôt ! »

Una l’enlaça, tout en collant son corps contre lui, espérant que le désir charnel qui naîtra, suite à cette provocation, dépasserait sa colère. Mais Orgar ne réagit point. Il fixa son regard colérique sur Gwenda.

Gwenda, ne s'attendant nullement à voir ses propos surpris par Orgar, parvint à demeurer impassible lorsque l'interessé s'avança, le regard hérissé de poignards. Malgré l'intervention d'Una, le jeune homme courroucé ne la quittait des yeux. Sa rancune semblait de taille. Gwenda se résolut à ne pas l'évincer, et ne chercha à nier ses précédentes paroles, ce qui, en outre, aurait été une marque de lâcheté avilissante.

" Hé bien, on écoute dans les coins de couloirs? Lança t'elle d'une voix ferme et moqueuse. Ton apparente amabilité me porte à croire que tu as des remarques à prononcer, alors ne te gêne donc pas, Orgar bien-aimé. Je suis toute ouïe. "

Elle demeurait les bras croisés sur sa poitrine, ne manifestant ni gêne ni décontenance.
Son chat, ressentant sur Orgar l'odeur du molosse, hérissa son poil et offrit la vue de ses canines.

" T'a t'on déjà dit que tu étais très beau en revenant de chasse? " ajouta t'elle avec un petit sourire narquois.

Le regard noir du jeune homme ne s’occupait nullement de la présence de Una à ses cotés. En cet instant, seules les remarques blessantes de Gwenda comptait pour lui. Ses mains se posèrent sur Una et l’écarta de lui doucement. Il tenait point à blesser la femme qui avait été sa maîtresse pendant tans de siècles, et qui devait le rester pour son bon plaisir.
Orgar fit quelques pas vers Gwenda. Son regard furieux semblait vouloir transpercer les yeux trop audacieux de sa sœur.

« Me prend tu pour un imbécile ? Me crois tu donc stupide au point de pouvoir penser que tu puisse impunément m’insulter dans ma demeure ! »

Orgar commença à crier. Sa voix se faisait plus puissante à mesure que ces paroles furent prononcées.
Le chat de Gwenda se mit à cracher sur lui ses sons de mécontentement face à son odeur. Le pied du jeune homme partit dans sa direction, faisant fuir le félin vers sa maîtresse.
Orgar leva son regard courroucé vers sa sœur. Celle-ci vint à lui déclarer une phrase inattendue. Le jeune homme se mit à sourire plein de fierté. Pour lui se compliment ne signifiait qu’une chose, Gwenda se retirai du jeu et s’avouait vaincue en le flattant. Son orgueil ne lui aurait pas permis de comprendre en ces paroles autre chose.
Un soufflement de dédain sortit de ses lèvres légèrement entrouvertes.

« Gwenda…. Tu ferais mieux de te taire au lieu de dire des évidences. »

Ses yeux pleins de mépris se posèrent une dernière fois sur Gwenda. Il passa aux cotés de Gwenda, sans lui adressé un regard, continuant sa route vers ses appartements.

D’un pas lent et presque pénible à exécuter, le jeune Maol s’approcha de la scène. Orgar passa devant lui sans dire mot ni ne lui adressant un regard.
Maol porta sa tasse de thé à ses lèvres, attendit que son frère se soit éloigné, et d’une voix lente s’adressa à ses sœurs.

« Est-ce que Orgar serait encore entrain de nous faire une crise d’ego ? »

Les yeux de Maol, deux traits fins qui semblaient avoir été coupés dans sa chaire pour faire place à sa pupille, se mirent à voyager d’une femme à l’autre avec toute la pesanteur du monde.
Maol, la paresse, faisait toujours preuve de calme. Sa curiosité était un lourd fardeau pour lui car elle l’obligeait à parler et bouger en compagnie d’autres personnes, renouvelant cet effort jusqu’à ce ses questionnement trouvent une réponse finale.
Le jeune homme venait d’arriver de sa chambre. Celle-ci avait été disposé près de la cuisine, ne l’obligeant ainsi à ne pas exécuter de longues distances pour parvenir en ces lieux et se nourrie. Il passait le plus clair de son temps dans cette pièce ou dans sa chambre à coucher ou il ne faisait que regarder à travers sa fenêtre ce qui se passait dans la cour intérieure. De temps à autre il se rendait chez les autre afin d’avoir de la compagnie. Il se contentait généralement de reste stoïque à écouter les paroles prononcées par les autres sans faire de commentaires, sa tasse de thé entre ses mains.

Orgar, comme Gwenda l'avait préssenti, fut envahi par une bouffée de colère. Il s'adressa à elle avec tant de rage que celle-ci prit plaisir à demeurer stoïque.

" Mon cher frère, fit-elle avec une douceur pleine de raillerie. Je t'ai demandé de prononcer des remarques, non pas de les beugler. "

Elle se pencha pour saisir son chat effarouché dans ses bras. Son regard se durcit.

" Je ne te prends ni pour un imbécile ni pour un être stupide, ajouta t'elle avec rudesse. Un jour, seulement, tu découvriras que le monde ne tourne pas autour de ta seule personne, Orgar. Je te conseille de prévoir pour cet instant de quoi atterir proprement sur tes deux pieds."

Elle n'ajouta mot, et déjà l'interessé s'éloignait, sans lui accorder d'avantage d'attention. Le calme de Maol se substitua dès lors à sa colère froide. Gwenda accueillit son arrivée d'un sourire chaleureux. Elle appréciait grandement le jeune homme, dont la sérénité lui apparaissait comme rassurante.

" Orgar m'a surprise à parler de lui, et pas en bien, tu l'auras sans doute compris. Monsieur a simplement besoin d'être éclairé quant à sa fierté rayonnante, mais je crains qu'il n'ait quelconque mixture épaisse dans les yeux, mixture que je ne nommerai pas. "

Elle n'avait pas le coeur à rire, et laissa son chat recouvrer sa liberté. Sitôt qu'il eut touché le sol, l'animal s'assit avec raideur, joignant ses pattes, ramenant soigneusement sa queue contre son corps.

" Nous nous retrouvons tous quatre dans un corridor glacé et une athmosphère de tension, c'est tout de même navrant. " Grimaça t'elle finalement, essuyant du revers de la main les quelques poils luisants ayant adhéré à ses habits.

Una se laissa placée sur le coté par les bras d’Orgar. Elle regarda la scène d’un œil et d’un sourire amusé. Elle qui manquait de divertissement, en voilà justement un qui s’offrait à elle.
Son frère quitta leur petit comité, sans prendre la peine de les regarder ou de leur adresser la parole. C’était l’attitude qu’il avait toujours vis-à-vis d’eux, laissant voir qu’il les jugeait trop inférieur à lui pour qu’il juge nécessaire de leur répondre. Mais Una savait bien qu’il pouvait se montrer charmant en tête à tête. Peut être même que ses sœurs et frères avait put goûter à sa compagnie de manière plaisante sans pour autant qu’il y ait quelques plaisirs charnels en accompagnement.
Maol arriva par la suite. Una lui sourit plus chaleureusement et s’approcha de lui, le serrant dans ses bras, collant de nouveau son corps contre le sien, risquant même de renverser un peu de thé sur lui. Le jeune homme réagit à peine. Autant Maol pouvait un frère de bonne compagnie, autant jamais elle n’avait pu faire de lui son amant, à cause de son manque d’envi de faire quoi que ce soit.
Elle reprit sa place, libérant son frère de son emprise.

Maol se laissa embrassé par Una, puis accorda toute son attention à sa seconde sœur. Il avait pu jouir à plusieurs reprises jouir de sa compagnie lorsque celle-ci faisait un détour par la cuisine, lorsque ce qui faisait sa personnalité était plus accès sur la nourriture.
Gwenda lui expliqua ses mésaventures en compagnie d’Orgar. Le regard peu expressif, le jeune homme répondit, après avoir porté une seconde fois sa tasse à ses lèvres.

« Oui…. Orgar est comme ça. Mais s’il était autre il ne serait pas l’Orgueil et aurions pu hérité d’une personnalité d’autant plus pire. Heureusement pour nous, il se bonifie avec le temps. »

Maol avait apprit avec les temps de ne pas soucier des humeurs des autres. Il préférait les voir passer. De toute façon Orgar s’était adouci avec eux. Ils leur laissait le loisir de parler, sauf pendant les conseils, où le moindre mot de travers, il s’emportait et faisait passer à leur assemblée un sal quart d’heure.
Maol ne répondit à la seconde remarque de Gwenda. Rien ne lui venait à l’esprit précisément en cet instant et il ne souhaitait nullement se donner la peine de chercher.
Il resta un instant à dévisager ses deux sœurs. Una, lui lançait des regards aguicheurs et coquins, et Gwenda était préoccupé par sa situation avec Orgar.
Une fois son silence passé il se décida et posa la première question qui lui venait à l’esprit en cet instant.

« Qu’est ce que vous faites dans ce couloir ? »

La question de Maol semblait avoir été lancée sans aucune reflection préalable, pour le seul but de meubler le silence établit. Gwenda eut un large sourire.

" Nous nous apprêtions à prendre le thé en plein milieu du passage, répondit-elle. Il est vrai que les couloirs sont des lieux très conviviaux pour ce genre de choses. "

Son regard se posa sur la tasse de Maol. Après tout, prendre une collation dans un couloir ne lui posait pas l'ombre d'un problème, aussi ne percevrait-il peut-être pas l'absurdité de sa réponse.

" En vérité, Una et moi nous apprêtions à quitter le chateau, lui annonça t'elle d'une voix monocorde. Nous tenons à nous divertir quelque peu, la monotonie des jours devient lourd fardeau. Si tu as l'occasion de croiser à nouveau la route d'Orgar, dis-lui que nous nous sommes autorisé un peu de loisirs, ce qui, je crois, est légitime. "

Le chat de Gwenda eut un infime mouvement de tête, que l'on aurait pu interprêter comme une approbation. L'animal retroussa ses babines en une sorte de rictus. Lassé de la compagnie humaine, il disparut dans l'obscurité, aussi silencieusement qu'il était venu.

" Je propose que nous prolongions notre séjour en s'attardant à la cuisine, suggéra Gwenda, fidèle à elle-même. Je meurs de faim. En outre, des provisions pour notre voyage ne seraient pas superflues. "

Elle se remémora les discussions qu'elle eue, en ce lieu qu'elle prisait, avec Maol. Il parlait peu, mais ses propos n'étaient pas toujours dénués d'interêt, du moins lorsqu'il consentait à y mettre du sien. Ils dinnaient parfois en tête à tête, mais Maol s'averrait ne pas être beaucoup plus vif le ventre plein. Cependant jamais Gwenda ne se lassait de sa compagnie. Un tel calme, une telle douceur émanant d'un homme lui paraissait bien trop rare pour être réel. Elle n'hésita donc pas à proposer à leur frère de se joindre à elles dans leur recherche de victuailles.

D’un air las il regarda Gwenda qui lui annonçait qu’elle, et Una, avaient l’intention de prendre le thé dans le couloir, au milieu du passage. Relevant le trait d’humour, un sourire, épuisé d’avoir du se formé, se dessina sur les lèvres du jeune homme.

« Il n’y a pas d’heure ni de lieu pour prendre le thé ma chère sœur. »

Il porta lentement sa tasse à ses lèvres et se délecta, longuement de la gorgée qu’il venait de prendre.
Gwenda lui annonça son intention de partir en compagnie de Una, vers des lieux plus plaisants et divertissants pour elles.
Maol acquiesça.

« Je crois que c’est une bonne idée. Je ne vous accompagne pas. Il y a assez de diversité pour moi, de la vue de ma fenêtre. Quant à Orgar, il m’avait confié son intention de faire une visite à une vieille relation. Il ne se rendra même pas compte de votre absence.»

Le jeune homme se tut. Il semblait littéralement épuisé par ces phrases qu’il venait de prononcées, même s’il n’en été rien. Il arrivait certains instants où il venait à se demander s’il n’avait pas inconsciemment exagéré sa personnalité afin de ne pas à avoir à effectuer les demandes de services ou les ordres que l’on aurait pu lui confier.
Gwenda proposa une visite aux cuisines. Maol ne put qu’accepté. Sa tasse était vide à présent. Il lui fallait la remplir de nouveau.

La conversation entre Maol et Gwenda se termina par une annonce de visite aux cuisines. Una sourit et répondit par l’affirmative. Alors que Maol s’apprêtait à se diriger vers le lieu en question, Una lui attrapa le bras et colla son corps contre lui. Un petit sourire de malice s’esquissa sur ses lèvres. Sa main vint caresser l’une des joues du jeune homme. D’une voix mielleuse elle s’adressa à lui.

« Mon cher frère. Tu ne nous laisserais pas partir ainsi alors que tu as le pouvoir de raccourcir notre trajet sur l’océan. »

Maol semblait comme stoïque face aux avances de Una. Il aurait souhaité faire plaisir à ses sœurs mais hésita. S’il acceptait elles pourraient lui faire de nouvelles demandes et il ne pourrait plus connaître la tranquillité. Cependant il ne souhaitait pas rester réfléchir dans le couloir, sa tasse vide. Il exécuta donc la seule alternative qu’il put trouver et prononça juste un « on verra ».
Una sembla satisfaite de la réponse. Elle lâcha son emprise et se dirigea vers la cuisine, exécutant une marche féline. Maol la suivit.

Les cuisines s'étendaient aux sous-sols ; une vaste pièce aux murs couleur brique, qu'une demi douzaine de flambeaux placés au mur à égale intervalle éclairaient d'une oscillante lumière douce. Il avait rêgné un temps en ces lieux une agitation vive, mais à présent le silence s'était substitué au fracas des casseroles et éclats de voix du personnel en effervescence. La pièce semblait comme morte.
Gwenda connaissait plus que bien les lieux, et prit donc l'initiative d'apporter sur la longue table de chêne une livre de pain de seigle, une pièce de viande préalablement cuite ainsi qu'une tourte encore tiède disposée sur un plat circulaire. Elle plaça pain et viande dans un épais sac de cuir, et se servit généreusement en pâtisserie, sans même songer à en proposer ni à Una ni à Maol.

" En définitive, nous aideras-tu à nous rendre plus rapidement à l'ile des pirates? Demanda t'elle à Maol entre deux bouchées. Te dévouer un instant pour tes deux soeurs favorites, quoi de plus normal?"

Gwenda lui adressa un sourire complice et attendit que le jeune homme prononce sa décision. Elle connaissait sa paresse dénuée de limites, aussi n'était-elle pas certaine de le voir consentir à les aider.

Maol apprécia sa venue dans la cuisine. Alors que la Gourmandise remplissait son sac des délicieuses victuailles que le personnel avait prit la peine de cuisiner, son frère se dirigea en direction d’une théière en métal. Il s’était attribué celle-ci il y a déjà quelques siècles. Le personnel de cuisine la tenait toujours remplit, sachant pertinemment que Maol ne supportait pas de rester longtemps en compagnie de sa tasse vide. Sa main vint saisir le récipient et sa tasse fut de nouveau pleine. Ce fut, alors qu’il portait sa tasse à ses lèvres, que Gwenda renouvela la demande d’aide.
D’un air calme, et las, Maol la fixa du regard.

« Vous ne pouvez qu’être mes sœurs préférées. J’ai toujours détesté l’Envi. Surtout depuis le jour où elle a dit qu’elle voulait ma tasse. »

Maol contempla sa vaisselle particulière. Il aurait détesté devoir la céder.

« Je ne sais pas si je vais vous aider pour l’instant. Je me sens un peu fatigué. »

Una avait déambuler dans la pièce à la recherche d’une quelconque personne avait laquelle elle aurait put flirter, le temps pour sa sœur de prendre suffisamment de mets pour leur voyage. Après tout, la Paresse avait eu son thé et la Gourmandise sa nourriture. Pourquoi n’aurait-elle pas droit elle aussi à un petit plaisir. Cependant nul ne li plaisait. Elle avait déjà entretenu une relation avec la plus d’entre eux, sans pour autant qu’elle y ait pris plus de satisfaction que cela.
Elle revint donc auprès de son frère et de sa sœur.
Gwenda retenta une nouvelle demande et Maol semblait hésiter.
Una commençait à se dire que Maol leur faisait part de son hésitation car il n’avait pas envi de devoir recourir à des arguments s’il leur faisait clairement parvenir un non comme réponse.
Una sourit.
Elle se rapprocha de sa sœur et la prit par le bras.

« Qu’importe que tu refuses ! Nous nous débrouillerons sans toi. »

Una fit quelques pas vers la sortie, et d’un regard malicieux adressa un dernier :

« Au fait, Orgar souhaite changer ta chambre de place. Il veut la mettre au deuxième étage avec les nôtres. Tu devras un peu plus de chemin dorénavant. Sauf si…… »

Son regard se mit à refléter un certain amusement.

« .. sauf si j’intercède en ta faveur ! »

Un long soupire, dans le quel Maol fit ressentir à ses sœurs tout la fatigue que cela lui causait, envahit la pièce. Le jeune homme se leva et d’un air pas très enthousiaste dit qu’il acceptait.

Gwenda ne prit la peine de masquer le sourire sarcastique qui enflammait ses lèvres. Le chantage prononcé par sa soeur, et qui plus est mensonger, avait su faire mouche. La Gourmandise se lança donc à la suite de sa soeur, manifestant une certaine hâte. De mauvaise grâce, Maol les suivit. Au dehors, le ciel se trouvait obscursit par d'agressifs nuages charbonneux, et le vent tiède portait en lui le parfum lourd d'un orage à venir. Gwenda rassembla la concentration necessaire pour user de sa maîtrise de la terre, afin de rendre aisé le voyage jusqu'au port. Formant le vide en elle, elle ressentit les pulsations puissantes et régulières que le sol dégageait, comme une fureur en exaltation.

( court message, désolée ! je ne pourrai pas revenir pas avant demain soir... )

Una, suivit de Maol, s’était rendue dehors, aux cotés de sa sœur. Toutes deux avaient fait appel à leur concentration afin de pouvoir user de leur magie. Maol se tenait droite de Una, l’observant et buvant tranquillement sa tasse.
Une fois que les deux sœurs eurent fait appel à la magie contenue dans la source même de leur pouvoir, Una agrippa le bras de son frère, et un tourbillon de poussières les enroba. La tornade de terre se dirigea, d’une vitesse fulgurante, en direction du port.

(ne t'inquiète pas, je vais faire avancer les choses rapidement histoire de ne pas trop faire attendre Brume Wink

)