Grande cérémonie sur l'île dévotionnelle

Bien qu’elle fut réputée pour regrouper des êtres possédant des préférences opposées, l’île dévotionnelle était un lieu de calme où tout être était accepté. Cette sérénité fut, en ce jour, troublée par la trop grande fierté d’un être orgueilleux et de sa création. Une tornade d’eau, s’élevant jusqu’au cieux, s’abattit sur l’une des rares plages de l’île, laissant sur le rivage, au milieu de diverses barques brisées, trois personnes dont la réputation n’était plus à faire sur cette île.
Orgar s’avança fièrement le premier, laissant sa sœur ronronner au près du souverain du royaume maudit.
Un moine de l’île vint à leur rencontre. Il les accueillit en exécutant un vague signe de salut.

Le destin a eut l’extrême obligeance de nous prévenir de votre venue. Le Temple a été libéré à cet effet. »

Orgar se contenta de se retourner en direction de Fart’h et d’Una, tout en adressant un sourire qui exprimait très clairement « ceci a été réalisé en mon honneur ».
Le regard de l’Orgueil se déplaça jusqu’au moine, qui s’écartait sur le coté, tout en désignant une montagne de la main.

« Vous devrez traverser la montagne Deios afin de gagner du temps. Une galerie, la traversant, a été conçue afin de faciliter l’accès. »

Le moine s’approcha discrètement de l’oreille d’Orgar.

« J’ai vu ce que le Destin vous réserve. Croyez-moi, tout puissant que vous soyez, cela ne vous aidera en rien, bien au contraire. »

Avant qu’une réaction, de la part du trio, ne lui puisse lui parvenir, le moine disparu, les laissant sur place.
Orgar se contenta de soupirer tout en exécutant un vague signe de dénigrement.

Dès qu’elle put mettre pied à terre, Una se préoccupa en premier lieu de son apparence. Ses mains remirent en place les quelques mèches rebelles, puis chassèrent brièvement la poussière de ses vêtements.
Sans lui laisser le temps d’agir, elle s’agrippa au bras du souverain.

« Et bien Fart’h, je suppose que vous avez du vous-même faire appel aux divinités sur cette île. Cela fait bien longtemps que je n’y ais pas les pieds. Je venais, dans le temps, enseigner à mes assistants le plaisir de la chaire. »

Un petit rire amusé et plein de sous-entendu s’échappa de la bouche de la jeune femme.
Una dirigea son regard en direction d’Orgar, qui s’entretenait à présent avec le moine. Ce dernier glissa un message, qu’elle ne put entendre, à l’oreille de son frère. Ceci ne la préoccupa guère. Ce qui comptait en cet instant était de se rendre au plus vite au centre de l’île. Pour cela, il était nécessaire de traverser la galerie de Deios. Elle leva aussitôt les bras en l’air, avec sorte d’excitation. Une nouvelle tornade de terre les engloba et les menèrent en quelques instant au temple le plus important de cette terre.
Dès que le rideau de poussière s’abaissa, le trio se trouva entouré de dolmens.
Orgar fit quelques pas en direction du nord. Près de l’autel, avaient été déposées les cages contenant les prisonniers désirés par le souverain du royaume maudit.
Una prit place au centre de l’autel.

« Mon très cher Fart’h, nous attendons vous instructions. »

Le petit gloussement qu’émit la Luxure couvrit le grognement d’Orgar, qui ne semblait guère disposé à vouloir subire les directives d’un autre que lui.

Le voyage s'était passé sans encombre même si la tornade d'eau lui avait semblé un peu tumultueuse. En quelques instants une grande partie de la mer fut traversée et après avoir quitté la noirceur et la froideur des Terres Obscures, ils posèrent pieds sur un rivage coloré de l'Ile Dévotionnelle. Heureusement la nuit tomberait bientôt car cette éclatante lumière ne réussissait pas trop au Souverain du Royaume Maudit.
Esquissant une grimace à son arrivée, il vérifia rapidement que tout son attirail militaire allait bien. A peine eut-il terminé, qu'Una l'agrippa fermement alors qu'Orgar conversait déjà avec un moine venu les acceuillir. Orgar fit d'ailleurs clairement entrevoir que les propos qu'il lui tenait, étaient satisfaisant... Mais Fart'h ne put suivre entièrement la discussion, Una décida comme à son habitude d'accaparer toute son attention .

"En effet, cette île ne m'est pas inconnue, mais voilà de nombreuses années que je n'avais plus foulé sa terre. Et malgrès tout ce temps, rien n'a changé. "

Sans regarder Una, il continua, laissant ses yeux vagabonder sur la végétation luxuriante.

"Je me doute de ce qu'est votre "enseignement" et comprend pourquoi il se déroulait ici. C'est la un lieu bien agréable pour ce genre de...choses... Si cette lumière était de moins cela serait encore mieux... "

Son discours terminé, la luxure dans un de ses sourires charmeurs prit les devants pour les emmener là où la cérémonie devait avoir lieu.
Quelques secondes plus tard il était de nouveau libre, seulement, avec la désagréable sensation du sable qui s'était introduit dans son armure. Alors qu'il tentait d'en enlever le maximum, Orgar s'était approché de l'Autel, partie de l'Etre Suprême qui allait accroître ses pouvoirs, alors que la Luxure s'y était carrément installée dessus, annonçant qu'ils attendaient ses instructions, phrase qui n'alla pas sans déplaire à l'Orgueil évidemment.
*Après tout, je vais devoir bientôt l'enlever, le sable partira avec...* pensa t-il en s'avancant vers les cages comme pour inspecter les futurs sacrifiés.
Il y avait là, des femmes, des enfants, des hommes, tous sous la trentaine, sauf un couple de vieillards. trois cages pleines de 11 personnes.
A son approche, les prisonniers reculaient et se serraient les uns les autres, comme s'ils espéraient éviter à leur futur châtiment.

"Bien, cela me convient. Dix femmes, dix hommes, dix enfants, un nouveau né et deux vieillards... Tous des Elfes de Lumière... Voilà déjà une bonne chose de faite."

Il regarda autour de lui, s'éloigna de l'Autel et commenca à défaire son armure tout en explicant à Orgar et Una comment cela allait se produire.

"La cérémonie se déroulera en six temps.
- Tout d'abord, j'aurais besoin que l'un d'entre vous réalise des peintures cérémonielles sur mon visage et mon torse à l'aide de ceci..."

Il enleva autour de son cou une fiole contenant un étrange liquide bleu aux reflets irisés, auquel était accroché une longue plume d'Anfoglith.

"Une fois cela fait :
- je vous laisserez saigner les sacrifiés pendant que j'exercerai mes chants incantatoires. Vous devez récupérer le sang des femmes, des hommes et des enfants à part, dans chacune de ces trois grandes vasques, derrières les cages. "

En effet, trois cratères étaient entreposés derrière les prisonniers, surement emmenés en même temps qu'eux.

"Si vous le désirez je pourrais les hypnotiser avant la cérémonie pour vous faciliter la tâche.
Le sang du nouveau né et des vieillards seront récupérés à part. Un bol suffit pour eux.
- Une fois cela fait, Una devra me verser les différents sangs sur mon corps, un à un. C'est une action qui doit être faite par une femme. Et Una sera la seule vivante à la fin de la saignée, c'est donc à elle que revient cette tâche."

Il avait cru bon de préciser pour dissiper tous malentendus. Pour les autres tâches, ils se les répartiraient tous les deux.

"- Ensuite je m'occupe du reste de la cérémonie. J'aurai juste besoin d'une dernière chose de vous.
- Quelque chose qui appartienne à l'Envie et qui me permettra de la repérer plus facilement. Comme vous êtes de la même "famille", votre sang devrait faire l'affaire. Un bol.
- Après vous pourrez ajouter vos pouvoirs aux miens, tout sera prêt. "

Il était maintenant en chemise et pantalon léger, son armure bien rangée au sol. La nuit tombée, sa vrai nature se révélait de nouveau, et il semblait étincellé à la lumière des étoiles.
Il se tourna vers ses deux accompagnateurs :

"Cela vous convient-il?"

Una observa attentivement le souverain du royaume maudit enlever son armure avec une certaine lueur d’envie et de gourmandise de sensualité. Elle se rapprocha lentement de lui, tout en le dévorant des yeux.
Dès que ce dernier eut expliqué qu’il était nécessaire que l’un des deux trace sur son corps des peintures cérémonielles, Una poussa discrètement son frère sur le coté.

« Ceci, je m’en occupe. Après tout, je connais le corps et ce qui s’y rattache mieux que quiconque, n’est ce pas ? »

L’Orgueil s’apprêtait à riposter et à offrire une nouvelle manifestation de jalousie. D’un autre coté, il se voyait assez mal entrain d’exécuter la tache pour laquelle sa sœur s’était si rapidement portée disponible. De plus, le sang l’attirait bien plus. Ce domaine était certainement celui qu’il appréciait le plus. Le même sourire aussi gourmand que celui de sa sœur apparue sur son visage, même si la raison de ces manifestations était différente.
Orgar observait les futures victimes avec une sorte de folie démoniaque dans le regard. Il s’approchait lentement d’eux, comme envoûté par un désir sanguinaire, lorsqu’une remarque le sortit de ses songes. Il se retourna face à Fart’h, et de l’air le plus dédaigneux, lui répondit.

« Il est vrai que les gens de votre espèce nécessitent d’aide, mais MOI, je suis capable de maîtriser ses êtres inférieurs sans avoir besoin de recourir à un tel procédé. »

Le souverain termina d’apporter ses explications. Dès qu’il eut expliquer qu’il fallait qu’ils apportent quelque chose qui appartiennent à l’Envi, Orgar et Una se regardèrent. Tous deux auraient préféré sacrifier Milly, l’animale de Wanda, mais étant donné qu’elle était restée au château, il leur fallait offrire leur sang pour mener à bien ce projet.
A la dernière question de Fart’h, tous deux acquiescèrent, Una avec certainement plus d’entrain que son frère.

Orgar se dirigea vers ses victimes. La nuit tombée influait sur son caractère, et le rendait plus proche des ténèbres, de même que pour sa sœur, qui prenait à présent ses envies de sexualité comme un but à atteindre sous tout prétexte.
Elle s’avança en direction de Fart’h d’une démarche féline. Elle posa délicatement ses doigts sur les épaules du souverain et s’appliqua à enlever sa chemise. Puis, de la manière la plus sensuelle qui soit, elle dessina lentement sur le torse les peintures cérémonielles, tout en passant, de temps en temps, sa langue sur sa lèvre supérieure.

Une fois cela fait, l’Orgueil s’appliqua à faire couler le plus de sang possible. La sauvagerie qu’il mettait afin de réaliser ces saignées, ne pouvait que l’inciter de temps à autres à laisser échapper un petit rire amusé et démoniaque.
Una en profita de la passion aveuglante de son frère pour le sang, pour se rapprocher davantage du souverain. Les deux mains sur les hanches, elle se rapprocha suffisamment du corps de l'elfe noir afin de pouvoirs lui glisser à l'oreille quelques mots, sans pour autant défaire le travail qu'elle venait d'exécuter.

"Mon cher Fart'h, j'ose espérer que toutes nos prochaines rencontres nous permettrons d'être toujours aussi proches."

La Luxure fut toutefois contrainte de limiter ses avances envers le souverain, qui devait dès lors entamer ses chants incantatoires.

Dès que le sang fut récolté et les peintures terminées, Orgar attrapa violemment le bras de sa sœur et y planta la dague. Una fut dans un premier temps surprise d'une telle action, mais par la suite, elle se contenta de dévisager son frère avec un regard plein de reproche. Orgar récupéra le sang de sa sœur, puis le sien, afin de remplir le dernier bol.
Una exécuta sa dernière tache.
Tout était enfin prêt, ils pouvaient dès lors unir leurs pouvoirs.

Fart'h apprécia que ses paroles furent écoutées, et la réaction de chacun des deux personnages ne l'étonna guère. Il laissa de côté la remarque d'Orgar qui allait fort bien à sa personne. La prochaine fois je réfléchirai avant de dire de telles choses...se prit-il à penser. Pourtant il le savait bien mais ce genre de petite erreur revenait souvent lorsqu'ils se parlaient.
Una répondit immédiatement présente pour les tâches corporelles. Fart'h n'y émit aucune objection, autant que cela soit fait par quelqu'un de sensuel et belle allure, qu'Orgar qui ne l'attire guère.
Il la laissa faire, remarquant de temps en temps ses petites mimiques montrant que cette tâche lui plaisait. Il baissa lentement les yeux vers elle lorsqu'elle prononca sa phrase et eut terminé les peintures. Le travail était exceptionnelement bien fait, et il se demandait bien où elle pouvait avoir apprit les signes de cette magie... Enfin. La peinture semblait rentrer dans sa peau pale pour ne s'y effacer qu'à la fin de la cérémonie.

"Votre travail est sensationnel chère Una. Si vous effectuer toutes les peintures cérémonielles avec tant de précision, je vous ferais demander à chacun de mes rituels...!"

Il la remercia d'un hochement de tête et se dirigea vers l'autel alors que l'Orgueil continait d'égorger les prisonniers. A ses pieds, deux vasques étaient pleines, et la troisième n'allait pas tarder. Les bols des veuillards et du bébé étaient aussi remplis. Seul celui devant accueillir le sang d'Una ou d'Orgar était vide.
Alors qu'il entamma les incantations, la peinture se mit à luir jusqu'à devenir une lumière blanche aveuglante. Pendant ce temps, Orgar planta égoistement le couteau dans le bras de sa soeur. Peu importe après tout. Maintenant tout était réuni.
Il fit signe à Una de lui verser le sang en commencant par la tête. Pour cela, elle monta sur l'autel, et entamma cette douche sanglante par celui des hommes, puis des femmes et des enfants.
Le sang effleurait sa chair, et semblait être absorbé par les peintures. Au fur et à mesure que les cratères se vidaient, les cheuveux du Souverain Maudit semblait en prendre la teinte. Une fois qu'Una eut terminé, il trempa ses doigts dans les deux bols et dessina d'autres signes étranges sur ses poignés.
Tout en faisant quelques pas, il prit le contenant où se trouvait le sag d'Una, et se mit à faire le tour de l'Autel. Arrivé devant Orgar, il lui traca un demi cercle baré sur le front avec ce sang, sans qu'il ne puisse l'enlever.Ce dernier tatoua aussi sa chair, puis, se fut au tour d'Una. il effectua le même dessin, la regardant fixement de ses yeux avant de s'en retourner à sa place et de boire le reste.

Il attendait maintenant que leurs pouvoirs emplissent le lieu afin d'enclencher son don.

Una se mit à glousser comme une gamine qui venait de recevoir un compliment de la part d’un professeur pour lequel elle ressentait un profond désire.

« Je vous remercie mon cher Fart’h. Et c’est avec le plus grand des plaisirs que j’exécuterais de nouveau ce travail sur vous dès qu’il vous plaira. »

La Luxure fit glisser délicatement sa langue sur sa lèvre supérieure. Puis, un sourire coquin vint prendre délicatement place sur sa bouche.

« Ne vous avais-je pas confié que j’avais prodigué quelques enseignements en ces lieux. Il se trouve que chacun des 4 premiers, ainsi que les 10 possèdent un petit temple sur cette île. Ils peuvent ainsi à loisir apporter leur savoir à ceux qui le désirent. Pour tout avouer, je favorisais plus particulièrement les rituels nécessitant des peintures cérémonielles sur le corps. »

Un autre petit gloussement sortit de sa bouche.
Puis tous deux se dirigèrent vers l’autel. Le rituel commença.
Orgar esquissa une vague grimace lorsque le souverain traça le cercle barré sur le front.
Una elle se contenta de plonger son regard brûlant dans celui du roi, tout en lui accordant son sourire pervers. Elle aurait préféré, naturellement, que ce signe fut tracé sur l’une de ses parties provocantes, mais du se contenter de ce peu..

*Du moins, pour l’instant.. *

Le souverain regagna la place qui était sienne. A présent Orgar et Una devaient faire appel à leur pouvoir démoniaque absolu. Le frère et la sœur levèrent leurs bras en direction du ciel, fermèrent les yeux, et plongèrent leur mental dans les ténèbres.
Dès que Fart’h aurait fait appel à son don, leur but se montrera enfin à eux.

La soirée était déjà bien avancée, la nuit enveloppait de son manteau sombre les trois protagonistes. Seule la lumière des étoiles et de la lune la plus proche permettait d’entrevoir ce qui se passait.
Soudain, l’atmosphère devint plus pesante. La nuit s’assombrie d’avantage. Les faibles lumières s’éteignirent les unes après les autres.
Un nuage noir, créé par l’appel des ténèbres, se forma au-dessus de leur tête. L’air devint plus lourd et plus oppressant que jamais. Une impression de mal être régnait, atteignant tous ceux qui ne faisaient pas partit du rituel et se trouvant suffisamment proche pour être atteint.
Le don du souverain du royaume maudit se mit à agir sur le nuage. Celui-ci descendit lentement vers les trois protagonistes, se divisant en trois parties égales et les enveloppa.
L’esprit de chacun fut submerger des mêmes visions.
Dans un premier temps, ils aperçurent des flashs de différents instants de la vis de l’Envi. Sa naissance sur les terres obscures, des instants de la guerre, et de temps à autre apparaissait une petite fille blonde, qui semblait impassible en chaque instant.
Puis ce fut le noir total. Seul un faible battement de cœur retentissait dans leurs oreilles. Le rythme s’accéléra, puis s’arrêta net. Une image se forma dans leur esprit. Une paupière close apparue, puis une deuxième, puis un visage, puis une femme, Wanda. Elle était étendue sur un autel. L’apparition sembla prendre la distance. A présent l’on pouvait voir une pièce, formée de pierres brunes. Puis un temple, battit avec les mêmes pierres (genre temple inca), puis un désert, puis une forêt tropicale, puis une étendue d’eau.
La visions disparue, le nuage noir s’éclipsa, les lumières célestes revinrent et l’atmosphère s’allégea.

La magie faisait effet... Orgar et Una s'étaient joints à lui, et il pouvait sentir leur puissance l'envahir. Son énergie se dissiper plus vite qu'à l'accoutumé. C'était la première fois qu'il travaillait avec deux des Quatre de manière aussi fusionnelle. Mais il se concentra, controla sa magie et les visions commencèrent à apparaitre...

Enfermé dans sa bulle de ténèbres, il gravait dans sa mémoire les flash qui venait à lui. Puis ce son...Ses battements de coeur.Il la sentait, loin, très loin mais à portée. Son ardeur en fut redoublée tout comme son obstination. La puissance augmenta alors, et l'on put voir défiler le lieu où elle se trouvait. Quelque part, enfermé dans un temple, sur une île au milieu de la mer...

Puis tout redevint noir. Le nuage se dissipa pour laisser de nouveau entrevoir la lumière des étoiles.
Le regard de Fart'h se dirigea alors vers Orgar puis Una. Ses cheveux devenus sang retrouvèrent leur teinte normal, mais le souverain semblait faiblir sur ses jambes. Il tomba à genoux au sol, les peintures cérémonielles se dissipèrent alors qu'il semblait vomir tout le sang qu'elles avaient absorbé pour le rituel. Una et Orgar n'eurent qu'un simple filet qui sortit du coin de leur lèvres alors que le sceau sur leur front s'était aussi effacé.
Après plusieurs minutes et une énorme marre de sang a ses pieds, Fart'h se releva tant bien que mal en s'appuyant sur l'autel, espérant qu'il le laisserait reprendre un peu avant de partir de nouveau.

Orgar sentit les ténèbres l’envelopper et s’imprégner en lui, afin de faire apparaître la vision de sa sœur endormie. Il ressentait son cœur battre, puis la vit apparaître. Elle était étendue, sur un autel, assoupie momentanément par la magie de l’Être Suprême.
Puis il vit le lieu où elle était enfermée. Un temple, au milieu d’un désert entouré d’une forêt, sur une des îles oubliées.
Orgar tenta de pousser plus loin cette vision afin de savoir de quelle île il s’agissait. Mais seule une vague indication lui apparue.

* Cela pourrait néanmoins suffire. Après tout j’ai déjà parcouru mainte fois cette terre, je la connais suffisamment. *

Le rituel était à présent fini. D’un geste vif, l’Orgueil enleva le filet de sang qui coulait au coin de sa bouche, à l’aide de sa manche. Puis son regard se posa sur Fart’h, agenouillé au sol.

Una ne perdit pas une seconde, et se jeta à ses cotés, tout en roucoulant à son oreille.

« Mon cher Fart’h, je … »

Orgar la releva d’un geste brusque, la tirant à l’écart.

« Arrête de faire ta catin, c’est pas le moment, nous devons repartir.
- On na va tout de même le laisser comme ça ! Il a besoin de mon aide, je peux le remettre sur pied facilement tu sais.
- Oui je sais, mais en te conduisant comme ça tu va le rabaisser, on a pas besoin d’un type qui n’est pas capable de s’en sortir sans l’aide d’une femme, aussi forte soit-elle. Il pourrait t’en tenir rigueur, alors ne fais rien ! »

Una ne répliqua rien. Elle se contenta de regarder Fart’h.

« D’accord, mais laisse lui le temps de récupérer. »

Orgar acquiesça, puis se dirigea vers le souverain. D’une voix sèche, il s’adressa à lui, tout en le regardant de haut.

« Je te laisse cinq minutes, après cela nous partirons. »

Appuyé contre l'Autel,il accueillit agréablement le contacte d'Una pour une fois. Il venait d'épuiser ses forces pour une quête dont il n'était pas sûr de voir la fin. Encore des efforts pour son frère, encore des espoirs... Mais pouvait-il faire confiance à ces êtres démoniaques? L' Envie réaliserait-elle son souhait le plus cher une fois libre? Pour la première fois il se mit à douter...et pour la première fois le contacte d'Una le réconfortait. Il se sentait attiré par la luxure, comme d'habitude mais là, il n'avait pas la force moral de lui résister. Un peu de réconfort et de l'attention n'aurait pu lui faire que du bien. Mais une réaction jalouse d'Orgar lui remit les idées en place. Il était prêt à succomber face à la percévérence d'Una. Comment avait-il pu ne serait-ce qu'y songer?

L'Orgueil lui lança alors une remarque digne de son pécher. Rabaisser Fart'h juste après le moment où lui, Orgar, était venu lui demander son aide. Une fois son désir obtenu, le souverain du Royaume Maudit ne lui servait plus à rien...
Mais la seule chose qu'il put lui faire, lui lancer un regard noir de rage. Puis, cet éclair se transforma en une lueur fourbe. Sans broncher il le fixa droit dans les yeux lorsqu'en le tutoyant pour la première fois, il lui laissa cinq minutes de repos. En temps normal il aurait prit cela comme un affront, mais là, une idée germait dans son esprit avec pour seul but le faire enrager.

"très bien. Cela me suffit amplement..."

Sa voix était faible et il se tourna vers Una, s'étant rapproché d'elle lentement. Sans crier gare, il l'attrapa fermement et l'embrassa fougeusement. Soudain, une lueur de la couleur des étoiles les enveloppa. Il venait d'activer son don, le vampirisme énergétique. Il puisa alors dans la force vital d'Una pour reprendre ses forces, la serrant de plus en plus fort pour accentuer le débit du flux énergétique. Quelques secondes seulement s'étaient écoulées depuis le début du baiser pationé et guérisseur. Lorsques ses forces furent revenues, Fart'h lacha la dame brusquement, et s'éloigna d'un pas vif limitant la tentation de la luxure à continuer. Ses yeux toujours pleins de défits croisèrent de nouveau ceux d'Orgar pleins de rage. D'une pierre deux coup, il était maintenant prêt à partir. Il se dirigea prestement vers son armure et l'enfila en quelques minutes. Son temps imparti par Orgar écoulé, il enfila noblement son heaume et dévisagea Una.

"Allons-y"

Ses paroles furent simples et brèves mais son esprit cogitait. Sachant les réactions de l'Orgueil, cette quête serait de moins en moins s^r pour lui au fur et à mesure de son avancement.

Imaginant que le chemin du retour serait le même qu'à leur venue, il se plaça à l'opposé d'Orgar, aux côtés d'Una attendant le départ.

Una s’approcha du souverain du royaume maudit, alors que celui-ci était entrain d’affirmer que le temps qui lui avait été impartit par Orgar était tout à fait suffisant pour qu’il se remette de l’épreuve qu’il venait de subir. La Luxure en fut fort satisfaite. Malgré la rudesse dont faisait preuve son frère, le geste qu’il venait de faire en vers Fart’h était, toutefois, considéré comme correcte par Una.
Son regard était déposé sur le souverain, qui avançait lentement dans sa direction, et qui, sans crier garde se mit l’étreindre violemment tout en l’embrassant. La Luxure ne prêta nullement attention à l’étrange lumière qui était entrain de l’encercler, elle et Fart’h, ni même au fait qu’il était entrain de puiser dans ses propres forces afin de se régénérer. Etant très puissante, l’énergie volée n’était pas un manque pour elle.
Puis le baiser prit fin, et Fart’h s’éloigna afin de revêtir son armure. Una resta stoïque lors de quelques instants. Son regard était vague, plongé vers le lointain comme si elle tentait d’observer ce qui s’y passait. Ses yeux gris devinrent sombre, son teint blêmit, ses lèvres s’étirèrent dessinant un sourire vorace d’une beauté cruelle. La Luxure se retourna face au roi.

« Tu pars après cela ! On ne laisse pas insatisfait La Luxure. Ce que tu as commencé, tu dois le terminer. Tu as pris de ma force, tu dois rembourser la dette que tu as envers MOI ! »

Una semblait s’être transformer en ce qu’elle est de plus pire, le démon de la Luxure.
Il est arrivé à plusieurs reprise que la partie en elle représentant le pêché de la Luxure prenne le dessus. Dès lors elle devient telle une bête affamée, employant tous les moyens afin de pouvoir se rassasier.
La Luxure se jeta sur le souverain du royaume maudit avec une telle rage qu’elle fêla par endroit son armure. Elle était devenue incontrôlable.
Ce fut à cet instant qu’un évènement vint freiner ses ardeurs.

Orgar soutint le regard rageur du souverain tout en lui rendant la pareille. Ce dernier lui affirma que le temps qu’il lui accordait était satisfaisant. Puis, il embrassa fougueusement Una, lui prenant une petite part de sa force afin de remplacer celle qu’il avait offert pour le rituel.
L’Orgueil observa cette scène avec rage. Ses lèvres s’entrouvrirent laissant deviner ses dents serrées les unes contre les autres. Ses membres tremblants ne pouvaient lui permettre d’interrompre ce baiser. Ce ne fut que lorsque l’acte prit fin qu’il put de nouveau se déplacer. Il fit quelque pas en direction de sa sœur, tout en lançant le regard le plus glacial qu’il fut en direction du souverain. Mais dès qu’il fut aux cotés d’Una, il se rendit compte que celle-ci avait laissé son pêché prendre le dessus. Dès lors elle se mit à agir comme un véritable démon.
Orgar ne pouvait laisser un débordement de plus les ralentir. Il n’existait que deux moyens de l’arrêté, l’un était de faire appelle à son pouvoir démoniaque, mais ceci l’aurait affaiblit et il n’avait nullement besoin d’une personne impuissante pour la suite de cette quête. L’autre était d’utiliser la magie de l’Eau afin de les transporter. Dans la tornade, Una ne pourrait agir.
L’Orgueil posa les mains contre la terre. Il sentait une rivière souterraine à proximité. Aussitôt, il fit jaillir l’eau hors du sol afin d’envelopper sa sœur, Fart’h et lui-même.
Sa sœur se trouva aussitôt immobilisée. L’eau les enveloppèrent tous, tel un manteau et les fit disparaître dans la rivière, les menant vers l’océan.

Généralement, lorsque le souverain du Royaume Maudit et Orgar se trouvait dans le même endroit, cela finissait, le plus souvent, en affront indirecte. L'un essayant de destabiliser l'autre chacun leur tour. Cette fois ci c'était différent. Fart'h aurait réfléchit avant d'agir de la sorte s'il n'avit pas été aussi épuisé mentalement et physiquement. Et l'affront que venait de lui faire l'Orgueil ne pouvait rester impuni.

Il avait regarder Una devenir démoniaque juste avant que l'eau ne les angloutisse. Elle avait prononcer le mot dette... Pour elle, cela devait certainement en être une. Par fierté il venait de se mettre dans une position des plus délicatte... Lui, qui devait être le seul être à résister aux charmes d'Una, venait pratiquement de lui promettre une suite à ce baiser. Pourtant, ce statut d'elfe rebel il aurait bien aimé le garder encore un peu plus longtemps...

*De toute manière, si elle reste démone, même mes pouvoirs ne pourront rien lui faire...et elle aura son du par la force. Dans ce cas, je prefere l'avoir "normale"....*

Alors qu'il pensait, le baiser de la luxure lui revint en tête. Il se rapella avoir ressentit un savoureux frisson le long de sa collonne vertébrale. Au départ cela aurait pu être l'énergie tenta t-il de se convaincre. Mais en réalité il ne s'agissait de rien d'autre que l'effet de la luxure en plein accomplissement de son travail.

Il allait surement le regretter, mais il n'avait pas le choix... Tout ceci devait être régler au plus sinon Una ne lacherait aucunement prise.

Pendant qu'Orgar s'affairait à les transporter jusqu'à l'océan, Fart'h décida de calmer Una par des paroles de roi. Il utilisa alors son don de télépathie, tentant par la même occasion de discerner sa silhouette au travers le liquide, qui n'était pas loin de lui.
(Orgar ne peut bien sûr pas entendre, à moins qu'il est une capacité spéciale...)

"Una... C'est moi Fart'h. Je reconnais que je n'aurai du en aucun cas agir de la sorte tout à l'heure et j'accède à votre requête. Vous provoquer de cette manière n'était pas digne d'un Roi, même si la réaction d'orgar était plus que plaisante... Je compte alors étancher ma dette. A la fin de notre quête, rejoingez-moi au château et je terminerai ce que j'ai commencer. Je vous donne ma parole de souverain..."

Espérant que ce petit discours calmerait Una maintenant où à leur sortie de l'eau, il ouvrit son esprit à une quelconque réponse et se concentra pour lire dans ses pensées si elle ne possédait pas ce don. Peut-etre cela la mettrait encore plus en rage, mais il n'avait plus trop le choix. Maintenant les paroles étaient prononcées, et il ne pouvait pas revenir en arrière. L'honneur d'un Roi meme mauvais vallait son pesant d'or et il devait le préserver!

Una sentit l’eau l’envelopper et l’attirer vers le sol. Le démon qui s’était éveillée en elle se rendormie peu à peu. L’appel de l’élément eau la rapprochait un peu plus de son propre élément. Elle était quelque peu étourdit et ne comprenait pas très bien ce qui se déroulait autour d’elle. Elle lâcha prise, libérant le souverain de son emprise. L’eau se resserrant sur ses cotés, et l’éloignant de Fart’h, elle se sentit incapable de bouger. Ses pensées semblaient lointaines. Dans son monde perdu, elle entendit une voix qui se révéla être rassurante pour elle. Fart’h s’adressa à elle, lui faisant une promesse, celle de rembourser sa dette. Un sourire s’esquissa lorsqu’il lui avoua que la réaction lui fut plaisante.
Elle resta un instant interdite, ne pensant à rien. Au bout de quelques instants ses pensées parvinrent à formuler une réponse pour le souverain.

* Ce que vous avez entraperçu n’était qu’une partie de moi-même. *

Una prit une grande inspiration et ferma ses yeux.

* Il serait certainement désobligeant pour moi que j’obtienne mes amants par la force. La réputation de la Luxure en serait certainement gravement atteinte, et je connais une personne qui se ferait un grand plaisir de me dénigrer là dessus. *

Un sourire malicieux et coquin se forma.

* Toutefois j’accepte votre invitation au château. Nous délibèrerons en ce lieu de quelle manière vous pourrez me « rembourser »… *

La Luxure fut interrompue dans ses pensées par un sentiment qui se transforma peu à peu en crainte. Un évènement qu’aucun d’eux n’avaient prévu jusque là allait apparaître. Elle souhaita alerter ses deux compagnons, mais avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit, elle se sentit tomber.

(suite dans les îles oubliées)

» Description de la Grande prairie