La capture de Dagnir

Allongé à moitié couvert par le draps, ses yeux fixaient le plafond pendant qu'il réfléchissait.
Il n'entendit pas la porte s'ouvrir et c'est seulement la voix d'Una qui le sortit de sa rêverie, lui demandant s'il avait bien dormi.
Il s'assit de nouveau sur le bord du lit, et fit un signe de la tête accompagné d'un "oui merci" de basse voix. Mais les traits tirés de son visage semblaient prouver le contraire.

Il suivit Una du regard jusqu'à ce qu'elle arrive au lourde tentures de velours noir. Puis il se leva, et complétement nu se dirigea vers la porte de la salle de bain maintenant libre.

Il franchit la porte et sans se retourner promit à Una de ne pas être trop long.

De son bras droit il poussa légèrement la porte, ne la fermant pas complétement et fit couler l'eau dans la baignoire. Il attendit patiement qu'elle soit pleine, debout, sans bouger, de nouveau dans ses pensées.
Il rentra lentement dedans, un pied puis l'autre. L'eau était juste tiède, voir fraîche, ne supportant pas la chaleur. Il s'allongea ensuite entièrement, jusqu'à ce que l'eau recouvre tout son corps, otant peu à peu la sensation désagréable qu'il avait eut auparavant dans le lit.
Il posa sa nuque sur le rebord de la baignoire, évitant le plus possible de réfléchir et profitant de cet instant de détente.
Autour de lui, l'eau et le savon semblait effectuer des gestes d'eux même, mus par la volonté de Fart'h.
Il décida alors d'attendre un bruit suspect dans la chambre qui annoncerait l'arrivée du petit déjeuner pour sortir de l'eau et retrouver Una.

Fart’h entra à son tour dans la salle de bain. Pendant ce temps Una attendit la venue d’une des servantes. Lorsque celle-ci répondit à l’appel, La Luxure, qui ne savait ce dont avait coutume de manger le souverain, commanda divers mets qu’il pourrait apprécier.
Une fois que la servante se soit retirée, Una gagna la petite table ronde, se trouvant près de la fenêtre et à coté de son lit. Elle prit place sur la chaise de droite, tournant ainsi le dos à la porte de la salle de bain.

Elle croisa ses jambes, posa son coude sur la table et son menton sur la paume de sa main. Il ne lui restait plus qu’à attendre.
Quelques minutes après, trois servantes entrèrent dans sa chambre, déposant chacune sur la table le plateau qu’elle tenait. Puis toutes se retirèrent.

Sans attendre plus longtemps, Una prit l’une des tasses qui se tenaient devant elle et se servit à boire.

C'est à limite de l'endormissement que Fart'h entendit la porte de la chambre s'ouvrir. Plusieurs personnes entrèrent et déposèrent de nombreuses choses sur une table. Le bruit de la vaisselle et l'odeur qui s'immissait dans la salle de bain par l'entrebaillement de la porte, suffirent à convaincre Fart'h de sortir de l'eau.

Il empreinta une serviette déposée non loin pour sécher les quelques gouttes qui ruissellaient sur son corps ainsi que ses cheveux. Une fois qu'il fut assez sec, il sortit de la salle d'eau et appercu Una qui lui tournait le dos, une tasse à la main prêt d'une table. Il en profita alors pour se rapprocher du lit et enfiler son sous-vêtement qu'Una s'était empressée de lui enlever, n'ayant rien apporté d'autre.

Puis, il se dirigea vers la table et s'assis en face de la Luxure. Ses cheveux encore humide tombaient lourdement sur ses épaules alors qu'il se servait une tasse de thé. Il regarda les mets à profusion qu'Una avait commandé mais ne savez quoi prendre. Son estomac se tordait légèrement de douleur, n'ayant prit aucune nourriture depuis le début de leur quête. Son bain lui ayant fait oublié ses soucis, son ventre le rappelait alors à l'ordre.
Il commence par se servir en fruit, comme à chacun de ses repas. Puis il mangea nombreuses choses, pains, viande, et autres plats qui faisaient ressembler ce petit déjeuner plutôt à un déjeuner, et ce n'était pas pour lui déplaire...
Bien évidemment à chaque fois il laissait Una se servir en premier. De temps en temps ses yeux croisaient les siens, mais il ne disait rien, ne sachant pas trop commencer la discussion. La nuit passée en sa compagnie était encore trop fraiche et certains moments troublaient encore son esprit, réveillant certaines choses qu'il tentait de dissimuler.

Il mangea alors en silence, d'un silence paraissant pesant, mais qui en fait montrait qu'il appréciait cet instant à sa juste valeur, reprennant toute l'énergie qu'il avait perdu ces derniers jours.
Une fois qu'il eut terminé, il s'enfonca dans son fauteil, droit et fier comme sur un trône et posa sa tasse sur la table.

"Merci pour ce repas... c'était délicieux ."

Una, qui portait sa tasse à ses lèvres, entendit la porte derrière s’ouvrire. Un sourire s’esquissa sur ses lèvres.
Le souverain prit place en face d’elle, et commença à se servir sans dire un mot. Puisqu’il ne souhaitait pas engager la conversation maintenant, Una respecta son choix et fit de même.
Elle se servit donc dans les différents plats, mélangeant le sucré et le salé, sans que cela fut gênant pour elle.
Puis lorsque leur déjeuner fut terminé, elle ne prit la peine de rappeler les servantes. Elle souhaitait pouvoir converser tranquillement, sans interruption, avec Fart’h. celui-ci commença par la remercier. Elle ne répondit que par un sourire.
Mais puisqu’il ne se décidait pas à vouloir aborder un quelconque sujet, elle prit l’initiative.

* Il doit être trop bien élevé pour vouloir demander la libération de son frère. *

Elle commença par lui adresser un sourire amical.

« Je suppose que tu vas avoir besoin de vêtements. Il ne serait pas correct que tu te présente ainsi à ton frère. »

La Luxure se permit de le tutoyer. Après tout, elle voyait mal deux personnes qui avaient passé ensemble une telle nuit, continuer ainsi à se vouvoyer.

Una ne semblait pas vouloir parler non plus, et resta silencieuse le long du repas. Fart'h laissa ainsi son esprit vaguer dans toutes les direction, appréciant la nourriture qui s'offrait à lui .

La Luxure prit alors l'attitude d'une personne qui allait parler, et cela soulagea le souverain. Mais à l'intérieur de lui, une étrange sensation nacquit en lui alors qu'Una l'avait tutoyer. La seule personne que Fart'h tutoyait était son frère. Et c'était un privilège qu'il voulait lui garder... Et en tant que Roi, le tutoiement n'était pas de rigueur. Même s'il avait passé une nuit avec la Luxure, cela n'était pas un argument convaincant. Son père vouvoyait sa mère, et c'était la même chose partout où il allait dans sa classe sociale.
Il décida alors de faire comme si rien ne s'était passé.

"En effet cela serait hors des convenances... Mais... "

*Elle n'a pas de vêtement d'homme dans sa chambre... Et à part ses frères dans ce château, aucun autre personnage ne pourrait porter des habits dignes de mon rang...*

"Mais je préfere garder le peu que j'ai et ne pas emprunter vos affaires. Merci toute fois de vous inquiettez et je sais que Dagnir comprendra. "

il fit une petite pause, puis se leva pour aller chercher son pantalon. Sa voix était calme, lente, sans agressivité et il reprit la parole.

" J'ai répondu, sans regret, à vos souhaits, du moins je l'espère et je vous ai offert mes services en tant que personne et Roi. Maitenant, si cela ne vous dérange pas, je pense qu'il est tant pour moi et mon frère de rentrer au château... "

Fart'h attendit sur le bord du lit, enfillant son pantalon, espérant que ses paroles n'avaient pas été trop brutes car telle n'en était pas son attention.

Una n’apprécia que très modérément l’attitude du souverain envers elle et plus particulièrement le fait qu’il continu à la vouvoyer. Elle posa son coude sur la table et laissa sa tête retomber sur sa main.

*Et bien puisqu’il ne tient pas à avoir mon amitié tant pis pour lui. *

La dernière phrase prononcée par le souverain lui arracha un sourire.

*C’est pas le romantisme qui le caractérise. Qu’importe, c’est finit à présent. *

A son tour elle se leva, et se dirigea vers l’armoire qu’elle ouvrit.

« Juste le temps de me changer. Je ne tiens pas à recevoir les remarques d’Orgar de bon matin. »

Sans aucune honte et pudeur, elle laissa son peignoir glisser le long de son corps et retomber à terre. Nue devant le meuble, elle se mit à fouiller à l’interieur afin de trouver un habit à sa convenance, dont elle vêtit. Celui-ci était semblable en bien des points à celui qu’elle portait la veille.

Elle tourna son regard vers Fart’h.

« Et bien allons-y. »

Una sortit de sa chambre la première, se rendit dans le couloir et gagna le premier étage, puis la salle des tableaux. Une fois à l’interieur, elle adressa un geste poli au souverain afin de l’inviter à se placer près du tableau où son frère était emprisonné. Une fois que celui-ci se trouva près de son frère, elle leva la magie qui avait enfermé Dagnir dans la toile, qui redevint vide aussitôt.

Fart'h en tout honneur se retourna lorqu'Una se dévétie devant son armoire pour ne pas donner l'impression de profiter de la vue qu'elle lui offrait, même si les quelques dizième de secondes où il perçu son corps lui rappelèrent hardement cette nuit en sa compagnie encore trop fraiche dans sa mémoire.

Lorsqu'elle fut prêtre, Fart'h s'inclina et lui ouvrit la porte pour qu'elle le guide dans les méandres des couloirs afin de rejoindre la salle des tableaux.

Una l'invita alors à entrer dans la salle pour retrouver le tableau. Fart'h se rappelait de l'emplacement de ce dernier lorque, dans les remarques désagréables de Wanda, cette dernière lui avait montré le pan de mur qui abritait ce gigantesque tableau.
Puis, alors que le souverain fixait la toile, la magie d'Una fit son effet, et son frère apparut devant lui, sous sa forme d'aigle et entouré d'une fumée noire étrange.

Une fois qu'Anfoglith fut libéré il battit des ailes une où de fois dans la pièce pour se placer dans le dos du souverain, une patte perchée sur chacune de ses épaules. Les ailes ouvertes, l'aigle prenait pratiquement toute la largeur de la pièce, frottant sa tête contre celle de Fart'h, ne jettant aucun regard à Una.
Les griffes acérées de l'aigle s'enfoncaient dans la chaire de l'elfe, trop exité de sa libération pour s'appercevoir du mal qui faisait à son frère, laissant couler quelques gouttes de sang le long de son torse et de son dos.

Une fois Anfoglith eut prit une posture stable, Fart'h se rapprocha d'Una.

"Merci d'avoir tenu votre parole, et vueillez encore me pardonner pour les affronts que j'ai pu vous faire... Je vous attends à ma demeure lorsque le coeur vous en dira où que vous trouviez une quelconque façon d'utiliser mes services de souverain. "

Il prit une des main d'Una dans les sienne et y déposa un baiser en guise d'aurevoir. Il attendit alors de voir si la Luxure avait encore quelque chose à lui dire avant de franchir la porte et rentrer dans son royaume.

Una, qui était resté dans l’encadrement de la porte, observait les retrouvailles des deux frères, tout en ayant les bras croisés. Elle devait se l’avouer à elle-même, elle regrettait de ne pas avoir demander plus à Fart’h, mais puisqu’elle avait offert sa parole, elle se devait de la tenir. De plus, pas un instant elle ne doutait de la réaction violente de l’Orgueil, si elle ne l’avait point tenu. Celui-ci, n’appréciait guère Fart’h, cependant le fait qu’elle rompe ainsi ce contrat aurait porté atteinte à l’honneur de leur famille, ce qu’il essayait de protéger par-dessus tout.

Le souverain s’approcha de La Luxure et la remercia d’avoir tenu parole et lui fit part d’une invitation, dont elle pourra profiter à loisir lorsqu’elle en ressentira le désire.
Ces paroles étonnèrent Una, qui ne cacha point sa surprise. Jamais elle ne se serait attendue à tant de courtoisie de la part de Fart’h après ce qu’elle lui avait fait endurer.
Un sourire chaleureux lui fut donc accordé. Elle appréciait infiniment d’obtenir cette marque d’attention d’une personne non-contrainte.

« Je vous remercie Fart’h. Mais pour l’instant je pense que vous avez besoin d’un peu de temps afin de vous retrouvez. Toutefois, passé ce délai, je me ferais un plaisir de vous rendre une petite visite. »

Ces dernières paroles prononcées furent accompagnées d’un petit clin d’œil.
N’ayant rien d’autre à ajouter, elle se contenta d’adresser un dernier sourire au souverain.

« Je pense que vous n’avez pas besoin que l’on vous raccompagne. Je vous souhaite donc un bon retour chez vous. Quant à moi je vais regagner ma chambre. »

Elle fit un petit signe de la main en guise d’au revoir, se tourna et partit dans le couloir, afin de rejoindre sa propre chambre.

Una semblait avoir été surprise de ses paroles et cela s'était lu sur son visage, puis elle l'avait remercier de la proposition qui'il lui avait fait avant de s'en aller vers sa chambre.
Il avait effectuer un bref salu à son départ .

"Vous êtes le bienvenue dans ma demeure."

Fart'h avait en quelques sortes tracer un trait sur ce qui venait de se passer entre les deux jeunes gens. Il lui avait certes causé des affronts graves, mais il s'était plié à la volonté d'Una comme elle l'avait demandé pour qu'elle puisse le pardonner, et en plus de cela il lui avait proposer ses services en tant que Roi.

Une fois qu'elle fut sur le chemin de sa chambre, Fart'h prit la direcion de la sortie le plus vite possible pour rentrer chez eux.
Il utilisa le même moyen de transport au retour qu'à l'allée, maintenant Anfoglith entre ses bras.

Alors que les deux amants avaient été occupés dans leurs ébats, Wanda mit au point son plan. Mais pour que celui-ci se voie réalisé il lui fallait confirmation de certains points ainsi que l'obtention de divers renseignements. Elle fit donc appel au personnel particulier de cette demeure.
L'Envi s'installa à son bureau et rédigea différents ordres de missions, qu'elle fit transmettre à ses employés spéciaux.

Le lendemain, alors que le souverain du royaume maudit quittait le château de l’obscurité, en compagnie de Dagnir, vers sa propre demeure, Wanda reçu les renseignements qu’elle souhaitait. La confirmation de la bonne tournure de son plan se faisait plus de doute à ses yeux.

Elle se prépara donc en vue d’offrir à Fart’h une visite de courtoisie et de lui proposer un marché. Pour se faire, elle se para de ses vêtements les plus dignes, représentants même de sa condition.
Elle fit préparer Milly, qui avait prit sa forme de petite fille blonde, au visage innocent, par une des servantes.

Dès qu’elles furent vêtis convenablement, Wanda se couvrit d’une cape de velours noir, dont la capuche masquait à moitié son visage. Milly, elle, porta une cape blanche, couvrant tout autant sa frimousse.

Aussitôt, elles se mirent en route en direction du royaume maudit.