Héritage

Meije entra dans la taverne qu'elle connaissait bien, accompagnée du troll et de sa louve.
Elle comptait rester la nuit et une journée, en conséquence de quoi elle avait divisé l'équipage en 2 groupes : 60 hommes assoiffés et en manque étaient lâchés dans toute l'île pour la nuit, le deuxième groupe le serait le lendemain.
Pour l'heure, Meije avait un nouveau projet en tête.
Mal à l'aise quand elle y repensait, elle voulait régler ses comptes avec sa mère. Son projet était simple : "convaincre" sa mère de lui céder l'héritage de son père.
L'exécution du projet était moins simple. La femme était vicieuse, entourée de galants défraîchis et, en plus d'être têtue, possédait un pouvoir qui faisait réfléchir : elle était capable de vous instiller une terreur viscérale et de vous inciter à vous agenouiller pour demander pardon. En un mot, elle vous inspirait l'émotion qu'elle voulait. Comme si ça ne suffisait pas, elle avait acheté quelqu'un des terres obscures pour protéger l'héritage de telle sorte que Meije ne pouvait pas s'en approcher. La mère ne connaissait pas le sortilège. Trop facile. Mais elle connaissait l'homme.
La pirate doutait de pouvoir s'ancrer dans le port de la Cité de Lumière.
Elle avait besoin, pour cela, d'un homme fort à qui l'on ne refusait rien.
Elle avait alors décidé de commencer ses recherches dans cette taverne, quoi qu'ayant le vague sentiment de doute qu'elle trouverait son homme en ce lieu. Il passait ici plus de brutes épaisses qui seraient rentrés dans le tas que d'hommes autoritaires auxquels on ne refusait rien. De plus, elle avait besoin d'un homme assez intelligent, capable d'argumenter et d'assembler sans se tromper des mots de plus de 3 syllabes. Mais sinon ici, où chercher ?
Meije Alves poussa un soupir et s'approcha du comptoir. Le raclement des chaises lui indiqua que l'on se déplaçait avec empressement pour libérer le passage au troll. Le niveau sonore ne baissa pas pour autant, personne ne se distrayant pour si peu de son occupation.

"Bonjour Jack", fit-elle d'une voix douce, un superbe sourire sur son visage. Ce qui frappait le plus était la sincérité de ce sourire, comme celle du regard. De fait, elle appréciait plutôt bien le tavernier, et réciproquement. "J'aimerai ta meilleure bière et un bon repas, sans les cafards s'il-te-plaît. Et j'ai besoin d'un homme, pas pour coucher, qui soit autoritaire, d'intelligence supérieure à débile profond et prêt à exécuter un travail pour pas trop cher. Tu pourras m'en envoyer quelques uns ? Je sais que tu as toujours des demandes d'emploi. Je vais m'asseoir là-bas, merci Jack".

Elle ponctua sa demande d'un nouveau sourire, toujours plus charmant, et alla s'asseoir à une table contre le mur opposé de la taverne.

Jack s'afferait à servir ses clients. C'était plutôt calme ce soir, mais la fatigue se lisait tout de même sur son visage. La rumeur de l'assassinat datant de plusieurs jours d'un membre d'équipage d'un capitaine respecté, par un tueur introuvable emp^échait les moins téméraire de s'aventurer trop longtemps dans cette partie de l'île. Il envoya une de ses filles vers une table du fond lorsque Meije vint au comptoir.

"Tiens, salut ma belle" avait répondu le tavernier avec un clein d'oeil. Il avait ensuite écouter la requête de la jeune femme, un brin intéressé. Il fit tomber ses lèvres en une moue débitative.

"hum... Pour la bière et le repas sans cafards, pas de soucis, pour toi, je la trierais perso. Mais pour le gas que tu cherches... C'est un peu mort en ce moment, et j'ai bien peur que du pas trop débile et autoritaire en plus je n'en ai pas sous la main. Désolé, que du bourrin."

Il haussa les épaules, partit en réflechissant dans les cuisines sans attendre la réponse de Meije. Quand Jack à quelque chose en tête, il en oublie souvent les "bonnes manières", du moins celle propre à ce genre de personnage.
Il réapparut quelques minutes après dans la salle, chargé de la commande de sa cliente. Il posa le tout sur la table, après y avoir donné un coup de torchon sale, qu'il rebalança sur son épaule une fois les mains libre. Il tapota le coin de sa tempe avec son index droit.

"Mais au fait, j'y pense. T'as vraiment besoin d'un gas ? C'est pour faire quoi ?"

Meije fut un peu déçue par la réponse du tavernier, mais s'y attendait un peu. Elle ne se laissa pas démonter : la nuit serait longue, il finirait par y avoir des opportunités.
Elle s'assit tranquillement à sa table, le troll debout derrière elle, la louve couchée auprès d'elle.
Jack revint avec sa commande.
Touchant son crâne glabre de son index, il dit :

"Mais au fait, j'y pense. T'as vraiment besoin d'un gas ? C'est pour faire quoi ?"

Elle sourit.

"Ben oui, je te l'ai dit"., fit-elle gentiment. "Je crois qu'on appelle ça un "mercenaire politique. On engage quelqu'un et on l'envoie traiter d'affaires avec un homme important à qui on ne peut pas parler personnellement".

Elle but une gorgée de la choppe. La bière, quoi qu'un peu trop claire, était de bonne qualité.

"Ta bière est bonne, Jack. Comme tous tes services. Tu n'as vraiment pas d'idée ?"

Jack avait réfléchit à l'histoire de Meije pendant qu'il préparait son repas et une idée lui avait traversé l'esprit. Il pointa la jeune femme du doigt.

"Eh! Tu me prends pour qui, évidemment que j'ai eu une idée. Je t'ai demandé si t'avais vraiment besoin d'un gas. Si tu avais voulu une femme, tu aurais pu demander à Anny elle sait s'y faire en manipulation, crois moi. "

Il fronça les sourcils quelques instants, quelque chose venait de lui revenir en mémoire.

"Mais il s'est passé quelque chose ici il y a quelques jours et j'ai bien peur qu'elle ne soit trop occupée pour intervenir en ta faveur. De plus, il te faudra payer beaucoup plus cher qu'un simple mercenaire avec elle mais le résultat aurait été plus sûr. Les mercenaires politiques sont rares depuis quelques temps, mais si tu n'es pas trop pressée, tu auras peut-être un peu de chance. "

Il jeta un coup d'oeil derrière Meije.

"Et tes potes là ne prennent rien ?"

Jack, qui avait bel et bien une idée, lui parla d'Anny.
Selon lui, cette femme était bien plus efficace que les hommes qu'il pouvait trouver. Elle était aussi beaucoup plus chère et, de surcroit, trop occupée pour le moment. Ce qui voulait dire qu'il faudrait à Meije rendre quelques services de son côté à la dame.
De plus, si le résultat de sa quête s'avérait satisfaisant, elle aurait aimé pouvoir garder la personne dans son équipage par la suite. Un mercenaire politique était toujours utile. Or, Anny ne voudrait sans doute pas rester dans son équipage (elle était de toute façon bien trop chère pour cela) et l'équipage n'aurait de toute façon pas toléré une femme à bord, son capitaine faisant exception.
Mais la pirate ne perdrait rien à se renseigner. Si la femme ne pouvait rendre de service, elle pourrait au moins lui indiquer une autre adresse. Et si elle ne voulait pas que Meije aille à cette adresse, elle lui rendrait service tout de suite.
Dans tous les cas, la jeune fille pouvait y gagner.

"Toujours plein de ressources, à ce que je vois, Jack !" s'étonna une Meije tout sourire. "Chère, hélas, un défaut majeur. Je vais toujours essayer d'obtenir des informations. Tu me donnera son adresse ?"

Elle se tut un instant pour goûter un peu du repas de l'aubergiste.

"Excellent", commenta-t-elle. Euh..., répondit-elle à la question de Jack. Si tu as quelque chose de suffisamment chimique pour nourrir le troll, je veux bien. Sinon, un morceau de viande pour ma louve suffira. Merci pour tout, Jack.

Et, comme tout renseignement, dans toutes les tavernes du monde, s'ajoute toujours au prix du repas, elle posa quelques pièces sur la table.

Le tavernier fut un peu surpris de la réponse de la jeune femme. Il toussata, un peu géné voyant qu'il y avait eu un quiproquo.

"Anny, Meije! Voyons! Vous vous êtes déjà croisées ici. Anabell de Barry! Tu comprendras bien qu'elle ne t'aidera pas pour si peu. Elle plus vieille et a plus d'expérience que toi, mais elle réussira ta mission. Le seul soucis c'est que, la connaissant, elle est partie remplir son galion avec son armée qui l'attend aux Terres Oubliées afin de buter l'enfoiré qui a attaqué son équipage. Donc je ne sais pas si elle acceptera de t'aider dans l'immédiat, ou alors son prix ne te conviendra sûrement pas... "

Il fit une petit pause.

"Si c'est vraiment important, je peux essayer de lui en toucher un mot si tu veux, elle a une dette envers moi."

Il avait fait l'erreur de poser la question à propos de ses amis. Pour le troll, il n'avait hélas pas ça. Pour la louve, pas de soucis. Il lança un regard désolé au grand gaillard et partit chercher un bout de viande crue pour l'animal. Il revint quelques minutes après, laissant le soin à Meije de nourrir la louve. Il repoussa les pièces alors apparut sur la table en son absence.

"Laisse, c'est pour moi. Ca fait un bout de temps qu'on ne t'a pas vu ici. Je vais tout de même essayer de me renseigner pour voir si il n'y aurait pas quelqu'un qui correspond à tes critères dans le coin."

Après un nouveau clein d'oeil, il s'en alla de nouveau vers le comptoir, laissa Meije réflechir à ses propos sur le Capt'ain An-Barry.

Meije vit qu'elle avait mal compris.

"De Barry", fit-elle. C'est bien possible, Jack".

Le tavernier était parti honorer la commande de la louve, et revint avec la viande. Meije lui prit et la donna à la louve, qui lui happa la viande des mains avec reconnaissance. Elle entreprit de dévorer avec hargne.
Avant de s'en repartir avec un clin d'œil, le tavernier refusa les pièces et proposa de rechercher toute de même quelqu'un d'autre, ce à quoi Meije approuva de la tête.
Jack avait l'air de tenir à ce que Meije se présente à Anabell de Barry.
La jeune femme réfléchit quelques instants puis se leva et se rendit au comptoir.

S'adressant au tavenier :
"En fait, Jack, j'aimerai ensuite intégrer le mercenaire à mon équipage. Les hommes refuseraient une femme à bord, moi exception, qui serait trop chère de toute façon et capitaine, qui n'accepterait donc pas. En plus, elle est autant pirate que moi, elle aura donc les même problèmes qui me forcent à prendre un mercenaire. Je ne crois pas qu'elle puisse m'aider, alors. Mais je compte sur toi pour m'aider à trouver quelqu'un d'autre. Je repars demain au crépuscule, mon ami, et si tu n'as rien trouvé, j'irai chercher dans l'archipel de Néoutris. Tu réunis tous les mercenaires de Neutralia, donc si toi tu ne trouves pas, c'est pas la peine que je m'attarde"

Elle lui sourit.

"Je te reprendrai bien une bière, s'il-te-plaît. Et un bol d'eau pour ma louve, si ça ne te dérange pas".

Apparemment Meije n'était pas vraiment attiré par le projet de travail avec Anabell. Ce qui était compréhensible si elle souhaitait ensuite intégrer le mercenaire à son équipage. Jack écouta les raisons pour lesquelles Meije refusait son aide et acquiesça.

"Dans ce cas, tu as raison. Any refuserait d'être à ta botte c'est sûre. Elle n'est pas pirate à ses heures, elle fait juste quelques folies. Elle est avant tout commandant dans une armée et je pense qu'elle rigolerait bien de ce que tu lui proposerait. Mais si tu n'en demandais pas trop, ton plan aurait eu plus de chance! Enfin bon, c'est ton problème.
Ah la renommée. Je sais bien que c'est un super repère ici pour ce genre de loustic. Mais tu sais que leur tête est souvent mise à pris et avec ce qui se trame en ce moment, peu sortent de leur cachette. Je vais toutefois me renseigner sur mes clients et je te tiens au courant."

Il la regarda avec un air paternel, se demandant ce qui l'avait amené à prendre un mercenaire. Alors qu'il était parti dans ses pensées, elle repassa commande.

"Ok, je t'apporte ça."

En deux minutes la commande était prête et il repartit avec un sourire.
La taverne n'était pas pleine, loin de là, et dans les recoins visibles par Meije, elles pouvaient voir que tous étaient quasiment saouls.

L'aubergiste revint avec sa commande.
Plongeant ses lèvres dans la mousse, elle fouilla la salle des yeux. Derrière les autres tables, elle ne vit que les poivrots habituels qui peuplaient toutes les tavernes. Si on les comprenait dans le décor, on pouvait dire que la taverne était déserte.
La main gauche sur la hanse de sa chope et le coude droit sur le dossier sa chaise, Meije se retourna vers le troll.

"Rameute les gars, Mogrur. Je veux tout le monde à son poste et à peu près en état dans deux heures. On va accélérer un peu le départ."

La jeune femme rebut une gorgée et ajouta :

"Arrange toi pour alléger un peu le travail au groupe de quart, et dis leur que c'est leur tour à la prochaine escale".

Le troll hocha la tête, se décolla du mur et sortit de son pas lourd.
La jeune fille réfléchit. Elle voulait faire au plus vite. Dans deux heures, elle lèverait l'ancre, passerait au large de l'île des Saisons, puis longerait l'extrême nord du continent de lumière. Même si la frégate était un bateau impressionnant, les concepteurs avaient fait en sorte ce soit un navire rapide. En quelques jours, ils pourraient faire escale sur l'Île des Petits Peuples puis pourraient rallier l'Île Anthropomorphe et écumer l'archipel à la recherche de son mercenaire.
Qui sait, peut-être même rencontrerait-elle en chemin Capitaine An'Barry, et pourrait lui demander quelques conseils dans sa recherche.
Meije continua de boire, une main distraitement enfouie dans le pelage de la louve.

La nuit se faisait de plus en plus noire, et quelques nouveaux clients pénétrèrent dans la taverne au grand bonheur de Maria qui commençait à trouver le temps long. Sans leur laisser le temps de s'asseoir elle se dirigea prendre leur commande. Derrière elle, dans une alcôve sombre de la taverne, se tenait un homme encapuchoné, dont seul de fine lèvres étirées en un sourire étaient visibles. il semblait fixer la table de Meije depuis un moment. Il leva sa peinte dans sa direction comme pour trinquer, tout en continuant de la fixer. Il paraissait être le seul être sobre de l'établissement.

[j'ai modifié comme j'ai pu le message initial, dis-moi si ça convient ^^]

Meije s'aperçut qu'elle était observée. Fixée, même.
Elle fronça les sourcils. L'homme en question était encapuchonné, bien qu'à l'intérieur, et son visage demeurait invisible. Seul un petit sourire en coin filtrait.
Il leva sa chope comme pour la saluer.
La jeune femme hocha de la tête à son intention. Nerveuse, elle replongea les lèvres dans sa chope.

*Pourquoi me fixe-t-il comme ça ? Encore un mystérieux qui s'imagine attrayant...*

Mais il avait l'air sobre, et elle n'avait de toute façon rien à faire.
Meije empoigna sa chope et se leva. Immédiatement, la louve fut sur ses quatre pattes, et suivit sa compagne qui se dirigeait vers l'homme assit.

"Bonsoir, monsieur. Puis-je m'asseoir à vos côtés ?" dit Meije.

Sous son habit noir, la jeune fille devina une belle stature, une taille bien prise et un corps en forme. Elle eut un petit sourire.

|HJ : pas de soucis, c'est nikel on part là dessus! ]

L'inconnu fixait Meije sans broncher, même après avoir trinqué dans le vide avec un pinte en metal. La jeune femme parut décontenancée, mais s'approcha tout de même après quelques minutes.
En arrivant proche de la table, Meije pouvant sentir comme une atmosphère réconfortante, une bulle de sureté, de tranquilité. Les bruits alentours furent comme masqués, devenant de simple gargouillis.
Elle demanda la permission de s'asseoir à ses côtés.
Les fines lèvres s'étirèrent faiblement en un sourire discret et une main gantée d'un cuir noir lui fit signe de prendre place.
Son capuchon empéchait de voir les traits de cet étrange inconnu, et même lorsqu'il se mit à parler, Meije put à peine apercevoir ses lèvres bouger.

"Bonsoir à vous, je vous en prie, installez vous. Je suis content que vous ayez répondu à mon invitation, je vous trouvez bien seule dans votre coin."

Sa voix était belle, un doux alto dansant, rassurant. Des notes qui ne pouvaient qu'inciter à la confiance.
L'inconnu de dit rien de plus, et leva sa chope à ses lèvres, très lentement.
La louve qui avait suivit Meije vers cette nouvelle table se sentait elle aussi en sécurité, non loin de son maître.

Meije s'assit quand l'homme lui désigna la place.
On était bien près de lui, tout était plus supportable, on était plus léger. Sa présence était réconfortante. La louve posa sa tête sur les genoux de Meije avec un soupir de satisfaction, ce qui contribua de mettre la jeune femme encore plus à l'aise.
Elle ne voyait pas son visage, mais l'imaginait beau.
Il avait une belle voix douce, pleine de couleur, qui la mettait de plus en plus à l'aise. Parfaitement détendue, elle se souviendrait plus tard qu'aucun de ses sens n'étaient en alerte, qu'elle était vulnérable.
Elle eut un joli petit sourire et répondit :

Seule ? Non ! Je suis ici comme chez moi, monsieur !

Comme elle avait fini sa bière, elle appela Jack et lui demanda en criant s'il pouvait lui ramener une autre.

Quel est votre nom ?

L'inconnu avait réussi à mettre Meije à l'aise de suite. Rien de plus facile pour lui, un jeu d'enfant même. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres en l'entendant soupirer et en la voyant sourire.
Elle venait de lui avouer qu'elle était ici chez elle, la preuve vu la manière dont elle venait d'appeler l'aubergiste.
Pendant que Jack préparait la bière, Meije lui demanda qu'elle était son prénom. Il pencha un peu la tête vers elle pour murmurer, même si personne n'aurait pu les entendre. De sa voix toujours aussi exquise et sans laisser voir son visage il répondit.

"Pour le moment, je crois qu'Eric suffira, chère Meije."

La jeune femme ne lui avait pas dévoilé son prénom mais il le savait. Alors qu'il restait penché, Jack arriva.

"Tien ma belle, ta troisième! "

il se tourna vers l'autre personne et regarda sa pinte en métal (il n'en avait pas de comme ça), vide en plus.

"Et vous, un autre verre tant que je suis là ?
- Non merci. Ca ira."

Il fixait toujours Meije.

"Je suis désolé mon gars, mais si tu consommes pas, je ne ta gardes pas!
- Je suis venu discuter avec cette jeune femme, pour répondre à une annonce de travail. Je suis donc avec elle. "

Le tavernier se tourna vers Meije, l'autre individu la regardait toujours.

"C'est vrai Meije, il est avec toi ? "

Meije était surprise. Elle avait confiance, elle subissait toujours l'influence de l'homme, mais sa lucidité s'activa.
Il savait son nom, et venait de dire à l'aubergiste qu'il répondait à l'offre d'emploi de la Croque-Mort, et pourtant elle ne lui en avait pas touché un mot.
Jack la fixait et attendait qu'elle confirme.

"Il est bien ici devant moi, oui, Jack. Mais je ne lui ait rien dit de tout ce qu'il sait, et tu n'as pas l'air de me l'avoir envoyé"
Elle se tourna vers l'inconnu et, rendue à la raison par le tavernier, déclara :
"Qui est avec moi me paye une bière, Éric. Sinon je m'en vais"

Elle regarda l'homme et sentit de nouveau l'attraction qu'il dégageait. Elle en avait envie.
Elle s'arracha à sa contemplation et regarda son ami le tavernier, en attente de leur réponse à tous deux.

La jeune femme n'était pas rentrer dans son jeu. Il en fut déçu. Il détourna alors le regard pour lorgner le tavernier. Sa voix était encore plus douce, on ne pouvait écouter que lui lorsqu'il s'adressait à vous ainsi et on ne pouvait que le croire.

"Voyons maître tavernier vous ne vous souvenez pas de moi ? Nous avons discuter tout à l'heure. "

Le tavernier auparavant abaissé sur la table se redressa, un peu mou, les yeux vers Eric.

"Bien sûr. Vous avez raison. Nous avons discuté. J'avais oublié. Nous avons parlé de Meije."

Puis le tavernier repartit directement au comptoir, servant ses clients, comme si rien ne s'était passé. Il n'avait visiblement plus souvenir de la bière commandé par Meije.
Eric se tourna vers la jeune femme, et la bulle de confiance reprit sa place. Tout fut calme. Sa voix posée raisonna de nouveau, emprunte de confiance et de sérénité.

"Vous ne vous en irez pas jeune dame, car je suis le seul ici qui peut vous rendre service."

Jack se fit à son tour avoir par la voix de l'homme mystérieux.
Il repartit l'air hagard, et oublia complètement la jeune femme, qui restait seule avec l'homme. Ce qui ne l'inquiétait pas, parce qu'elle était parfaitement capable de se défendre et que l'homme dégageait toujours cette atmosphère rassurante.
Pourtant, elle commençait à s'inquiéter.

*Qu'est-ce qu'il a fait à Jack ? Que me veut-il ? C'est pas possible, les gens peuvent pas demander normalement...*

Mais le désir revint en force. Meije savait que c'était son point faible, elle aimait trop les hommes, et celui-là en jouait.
Elle était prise au piège dans son vice. Puis ces considérations s'envolèrent et il ne resta que le désir.

"Vous ne vous en irez pas jeune dame, car je suis le seul ici qui peut vous rendre service."

L'homme commettait une erreur. Il la ramenait un peu à la réalité, alors qu'elle s'enterrait toute seule.
Cette fois, ce la Croque-Mort qui sourit. Ce sourire là était dénué de toute chaleur.

"Je vois. Puisque vous savez tout, vous savez ce que je veux. Moi pas. Dites moi en quoi vous pouvez m'être utile. Je vous préviens, je pars bientôt".

La situation commençait à énerver Eric. Il ne faisait aucun erreur, il avait juste été lui. Il aurait pensé que le fait de virer de cette manière le tavernier lourdaud sans effort, lui aurait fait comprendre qu'il pouvait bien plus et que niveau autorité et obéissance elle tenait le bon homme, mais elle continuait de jouer à la jeune femme forte et menaçante. Cela ne lui plaisait guère.
Il décida d'augmenter un peu la dose.

[ action : pouvoir : charmer
D100 Eric = 77
D100 Meije = 62 ]

L'atmosphère autour de Meije devenant plus que sereine et confiante, elle devenait anesthésiante. Eric utilisation un de ses pouvoirs basiques, loin d'être le plus fort. Juste assez pour la contrôler quelques instants.
Meije buvait les paroles de son interlocuteur et ne pouvait détacher ses yeux de lui.

"Alors Meije, voulez vous toujours faire votre farouche ? Venez vous asseoir sur mes genoux, venez, vous serez mieux. "

Meije ne pouvait qu'obéir. Ne se sentant aucunement en danger, la louve ne broncha pas. Une fois installée, Eric passa sa main gantée sur son épaule et lui intima de retourner s'asseoir.
Une fois que nouveau à sa place, il baissa son capuchon. Lorsque Meije sortirait de sa stupeur, tout doucement, elle se rappellerait de chacun de ses mouvements, de la confiance qu'elle avait éprouvé et découvrirait le visage d'un jeune homme au teint pale et aux yeux bleus aussi profonds que la glace, entouré par de fines bouclettes couleur des blés. Ses lèvres fines s'étirèrent en un fin sourire laissant apparaitre des dents aussi blanches que la neige.

Elle était furieuse et enchantée. Furieuse d'être abusée et e perdre le contrôle, enchantée du bref séjour sur les genoux du jeune homme.
Il fallait qu'elle corrige son vice un jour, mais c'était comme le chocolat.
Stupéfiée, elle restait pantoise sur sa chaise, bouche ouverte.
Puis elle s'asséna une grande claque et le regarda d'un air furibond.
Sa voix était plus aiguë, ses mains tremblaient.

"Ne recommencez jamais ça, vous m'entendez ? Vous m'avez convaincu, vous pourrez m'être utile".

Elle s'apaisa un peu.

"Bon, voici ce que j'aimerai qu..."

Un claquement de porte l'interrompit, et un beuglement.
Mogrur le Troll apparaissait dans l'encadrement de la porte.

"Incendie dans cale, Cap'tain !", brailla-t-il avant de repartir dans la nuit.
Meije se leva d'un bond. Elle attrapa le jeune homme par le bras et l'entraîna à sa suite. En sortant, elle fit salut d'une main à Jack et lui jeta une bourse de l'autre.
Une fois sortis, elle se mit à courir, la louve galopant à ses côtés, sans se retourner. Elle savait qu'il suivrait.
Elles coururent jusqu'au bateau, et elle put voir l'équipage s'activer et une lueur dansante qui sortait des fenêtres de l'entrepont.

Eric ne pouvait que sourire lorsqu'elle lui intima de ne plus jamais recommencer. Il leva les mains aux côtés de son visage et fit une moue d'acceptation puis les reposa sur la table. Personne ne pouvait lui donner d'ordre.
Alors qu'elle allait enfin lui expliquer ce qu'elle attendait d'un tel homme, Eric remit sa capuche sur sa tête, remonta ses gants et ajusta une sacoche qu'il portait en bandoulière comme si il savait qu'il allait partir.
A cet instant, un troll, apparemment ami de la jeune femme entre dans la taverne criant au feu sur son rafiot. Sans protester il se laissa guider jusqu'à la sortie. Lorsqu'elle arriva près du navire accompagnée de sa louve, elle put le voir déjà arrivé, assis nonchalamment sur une caisse de livraison et regardant les flammes danser dans la nuit noire. Il avait été bien plus rapide qu'elle lorsqu'elle l'avait lâché à la sortie de la taverne, si vite, qu'elle n'avait même pas pu s'apercevoir qu'il l'avait devancé.
Il attendit.

Quand Meije arrive au bateau, Éric y était déjà. Pas impressionnée, parce qu'elle savait qu'elle aurait pu y être avant qu'il ait eu le temps d'y penser, elle railla :

"Bah, pas très malin de faire de l'esbrouffe ! C'est gâcher son pouvoir pour rien du tout".

Elle monta sur le pont et donna ses ordres pour éteindre le feu. Heureusement, le second, Jean, avait déjà organisé l'opération et s'y prenait bien.
En une demi-heure, le feu était éteint.
avec le charpentier et le navigateur, elle parcourut le navire pour connaître les dégâts. Finalement, c'était la toile de rechange qui avait brûlée, sans faire trop de mal à côté.
Sans y penser parce qu'elle avait compris qu'il pouvait tout prévoir, elle disparut, et au moment même ou son image était encore visible sur le pont, elle était de nouveau à côté de l'homme sur le quai.

"Voyez, je peux le faire aussi. Et je pourrais être bien plus rapide que vous si je le voulais."

Elle sentait que sa remarque était pleine d'orgueil, alors elle durcit le ton.

"Nous embarquons. Si vous acceptez, venez. Sinon, au revoir. Nous discuterons de vos honoraires plus tard".

Elle réapparut sur le bateau, donna ses ordres et les matelots commencèrent à enlever les amarres en laissant la passerelle au cas où l'homme voudrait monter.

Eric ne préta pas attention à l'arrivée de Meije, et la laissa s'occuper de son soucis. Les flammes léchaient lentement le bois humide, crépitant par moment et lançant des ombres menaçantes sur le sol pavé du port. Eric joua avec une flaque d'eau coincée entre deux pavés avec le bout de sa botte en chantonant. Il leva la tête vers Meije lorsqu'elle apparut devant lui et ne s'arréta pas de chanter qu'après qu'elle eut fini de parlé.

"Bien, bien, vous êtes rapide, je voulais juste savoir à quel point, mais je ne parierai pas sur le fait que je sois plus lent..."

Eric commençait en fait à s'amuser. Voir que Meije se pensait supérieure était un régal.
*C'est étrange de voir à quel point les humains font vent de leur pouvoirs sans même savoir à qui ils ont affaire.*

Puis elle lui affirma que le bateau partait sur le champs et qu'il devait faire son choix. Mais elle n'avait pas fini sa phrase que lui aussi disparut, se retrouvant à moitié assis sur un des meubles présents dans la cabine de la capitaine.

Meije Alves éclata d'un beau rire cristallin : elle aimait bien Éric, qui faisait tout ce qu'il pouvait pour lui montrer qu'il était plus fort.
S'il était bon pour la quête, et qu'il acceptait d'aller dans l'équipage après, elle aurait un bon élément, avec du caractère qui plus est.
Tranquillement elle passa la passerelle qu'elle ordonna ensuite d'enlever, puis se dirigea vers la barre pour manœuvrer un peu. 10 minutes plus tard, le bateau était sorti du port et s'attaquait à la mer ; Meije rendit la barre au navigateur, en lui disant de mettre le cap sur le continent de lumière, le plus près possible de la Cité de Lumière.
Elle descendit les marches, arriva sur le pont, s'assura que tout se passait bien, descendit d'autres marches, ouvrit la porte et entra dans sa cabine.
Éric y était assis sur ses males. Le voyant, elle sourit.

"Bien ! J'aimerai donc vous retrouviez l'homme qui a lancé le sort qui m'empêche d'accéder à mon héritage et que vous arriviez à annuler ce sort. Vous pouvez aller voir ma mère pour commencer, prenez garde qu'elle peut vous inspirer le sentiment de son choix et qu'elle entouré de galants. Des questions ?"

Eric s'ennuyait à mourir dans le cabinet de Meije. Lorsqu'elle entra il s'amusait à faire jongler diverses affaires qu'il avait trouvé sur le bureau. Il les reposa dès qu'elle se mit à parler et lui offrit un large sourire qui dévoila une fois de plus ses dents parfaitement blanches.
Il commença sa phrase par la même interjection.

"Bien! Les choses sérieuses commencent. En effet j'ai des questions, une à vrai dire, ainsi que des commentaires à faire."

Il fit une pause croisa les jambes et fit tomber son capuchon pour jouer avec ses bouclettes dorées. L'ambiance de bien être était toujours présente, comme un parfum qu'il dégageait.

"Ma question : vous êtes donc plus faible que votre mère ?
Et mes commentaires : je ne travaille que de nuit et j'aimerai que nous parlions de ma rémunération. Cela m'a l'air d'être un point intéressant puisque si vous ne faites pas se travail vous même c'est qu'il y a certains risques."

Eric attendit la suite, toujours en jouant avec une bouclette du bout des doigts en souriant.
Dehors, le bateau avançait dans la nuit noire, la mer était calme, le voyage commençait bien.

Meije s'assit sur son lit le dos au mur, les jambes croisées. Patiemment, elle écouta l'homme, ses questions et ses commentaires.
Elle se sentait parfaitement détendue mais elle ne voulait pas le montrer. Elle garda des yeux vides d'expression quand il parla de la puissance de sa mère.
ELle répndit :

"Je ne sais pas. C'est sentimental, on va dire, je n'ai pas envie de l'affronter".

Elle se remémora rapidement ce qu'il venait de dire.

"Vous travaillez comme vous l'entendez, à chacun sa méthode. S'il y a un réel danger, je crois qu'il provient plus de l'homme des terres obscures que de ma mère. Encore une fois, il n'y a qu'elle qui pourra vous donner les informations. Je peux vous débarquer sur la côte à un kilomètre de la Cité de Lumière, je ne suis pas tolérée dans le port. Pour la rémunération... fixez votre prix, qu'on en discute".

Un choc retentit, et la porte s'ouvrit. La louve, qui était restée sur le pont, entra, sauta sur le lit et se vautra sur les jambes de sa compagne.
Distraitement Meije tendit la main et gratta derrière l'oreille ; la louve s'affaissa avec un profond soupir de soulagement.