Héritage

Meije éluda la question quand Eric affirma plus qu'il ne question sur sa puissance comparée à celle de sa mère. Un léger sourire orna ses lèvres. Puis elle parla de sa rémunération et de la Cité de la Lumière. Il n'aimait pas cet endroit, beaucoup trop lumineux à son goût. Heureusement qu'il avait pu piquer une de ces capes elfiques qui protègent de la lumière à ces saloperies d'elfes noirs.

"Je voudrais l'adresse exacte de la demeure de votre mère pour mettre au point un itinéraire moins désagréable que de parcourir toute cette cité même en pleine nuit."

Un autre fin sourire illumina son visage. Lui non plus n'était pas toléré sur cette partie du continent, mais depuis le temps, il n'y avait certainement plus grand monde qui puisse se souvenir de son visage enfantin.

"Mon prix n'est pas très élevé. Du moins pas pour vous apparemment."

Il fit une pause, regardant l'air de la pirate alors que la louve pénétra dans la pièce. La bulle de sérénité était toujours présente tout comme le calme et la confiance. Mais Eric détestait les loups. Il reprit.

"Je veux garder le sort que j'aurai brisé ainsi que celui qui l'aura créer. Et... Je veux quelque chose qui vous appartienne."

Ses yeux pétillait d'une lueur étrange mais non désagréable. Eric n'en dit pas plus, il avait l'habitude de parler de sa rémunération à la fin, lorsqu'il était en possession de ce que le commanditaire souhaitait. Pour le moment, il ne donnait que des pistes, des pistes qui devraient convenir à une pirate puisqu'elle ne sortirait aucune pièce, aucun trésor de sa poche, rien de grande valeur.

Éric demandait l'adresse de la mère de Meije. Elle prit un papier sur sa commode, l'écrivit et lui donna le papier.
Mais elle comprenait rien pour le prix. Elle plissa les yeux.

"Soyez clair. Faites ce que vous voulez avec le sortilège. Mais quel est votre prix, en or ? Et pourquoi quelque chose qui m'appartienne ?"

Un marin toqua, et apporta à sa capitaine une assiette pour sa louve, qui avait toujours un petit creux.
La louve dévora avec reconnaissance et le marin ressortit, sans un mot. Un petit craquement se fit entendre. La louve, ses yeux jaunes braqués sur Éric, broyait d'une pression lente un os énorme sans effort de mâchoire.
Meije sourit.

"Ne faites pas attention ! On dirait qu'elle a envie de jouer ! Elle doit bien vous aimer..."

Eric remercia Meije pour l'adresse, la lu brièvement, retint 4km et demi au nord-est du port principal, et fourra le bout de papier dans sa poche.
Ensuite, Meije le questionna à nouveau sur ce qu'il souhaitait recevoir en rémunération. Elle ne semblait pas comprendre que l'or ne puisse pas l'intéresser.

"Je ne veux pas d'or. Seulement le sortilège ainsi que comme je vous l'ai dit, quelque chose qui vienne de vous. Parce que même si c'est beaucoup moins qu'une bourse remplie d'or, ce genre de paiement à beaucoup plus de valeur, car il y a plus d'attachement. Quelque chose qui fait que c'est spécial. Mais peu de gens le savent. Mais vous n'avez pas à vous inquiéter, personne n'a jamais réfusé de me payer, ce n'est généralement rien d'important. "

La louve reçut son dîner alors qu'Eric faisait une pause. Meije lui affirma par la suite que sa compagne lupine semblait apprécier ce nouvel équipier. Un petit sourire étira ses lèvres.

"Ne vous inquiétez pas, je ne compte pas y faire attention."

Il détourna son regard et revint sur la pirate, la voix douce.

"Pour en revenir à ma rémunération, est-ce qu'un 50/50, moitié maintenant et moitié à la fin vous convient ? "

Elle était perplexe, il ne voulait pas d'or. Rien qu'un truc qui lui appartienne.
Comme Meije avait entendu dire qu'on pouvait avoir un pouvoir sur quelqu'un avec un objet qui lui avait appartenu, elle s'inquiéta.
L'aura d'Éric apaisa son inquiétude, mais le sentiment était si fort qu'il se mua en curiosité, elle voulait savoir.

"Je n'y vois pas d'objection, si vous ne voulez pas d'or, je préfère".

La louve tournait en rond devant le lit, entre Meije et Éric. Meije trouvait ça curieux, on aurait dit que la louve voulait se faire remarquer, ou gêner "l'invité". A chaque tour qu'elle faisait, elle s'arrangeait pour que sa queue ou sa croupe heurte une jambe du jeune homme, pas pour faire mal mais assez pour agacer.

"Arrêtes, ma belle ! Tu me donnes le tourni ! Je veux savoir, Éric, que ferez-vous de cet objet, ou plutôt, que serez vous susceptible de faire ?"

L'or n'intéressait pas Eric, il en avait assez comme cela et puis, il pouvait en avoir facilement. Il est plutôt genre collectionneur.
Meije semblait un peu perplexe face à une telle demande. tous l'était au départ.
La louve s'était mit à tourné au milieu de la pièce, comme si elle était en cage. Eric leva un sourcil. Il détestait vraiment les loups. Toutes les bêtes en fait. L'atmosphère s'accorda au sentiment d'Eric. Elle devint plus calme, apaisante cette fois, de manière à détendre l'animal.
L'homme ne cessa pas pour antant de regarder la pirate.

"En fait, ma véritable paye sera le sortilège, je suis comment dire... Une sorte de passioné. Et celui ci ma l'air puissant et je n'ai rien pour protéger mes biens. Le reste n'est qu'un bonus que j'essaie de récupérer à chaque fois. Ca me permet de me créer une sorte de curriculum vitae, comprenant des preuves sur les personnes avec qui j'ai travaillé. Car je ne travail pas avec n'importe qui. "

Eric pensa que c'était la meilleure façon d'expliquer à quoi lui servirait cet objet même si ce n'était pas évident à comprendre. Les pièces d'or ne représentaient rien pour lui car elles sont immitables, falcifiables et que tout le monde peut vous en donner. Alors qu'un tel objet peut-être reconnaissable pour les connaisseurs. Mais Eric ne savait pas encore ce qu'il voulait. Tout cela dépendrait de la valeur même du capitaine.

Meije écouta l'explication d'Éric et comprit qu'il voulait cet objet comme gage qu'il avait travaillé avec elle.
Elle vit que la louve était calmée et l'attribua à sa réprimande.
Elle repensa à son deuxième père, le vieux Coeur-de-Pierre, qui lui avait fait faire son épée, forgée par son forgeron personnel, et sa tenue.

"Je crois comprendre. Donc, vous ne désirez en paiement que le sortilège et un objet à moi"

Elle portait un anneau de cuir à chaque bras, deux autour du cou, et trois plaques de cuir sur toute la trachée jusqu'au sternum, le tout décoré d'entrelacs et du blason du capitaine Coeur-de-Pierre, qui avant tout était gentilhomme.
Elle décrocha l'anneau de son bras droit.

"Cet anneau fait partie d'un ensemble, je ne le remplacerai pas. Comme chacun de ceux que j'ai, mon nom complet est inscrit derrière, même si je n'avais pas encore mon surnom quand le vieux Coeur-de-Pierre me l'a donné. Les décorations et le blason sont les armoiries de Coeur-de-Pierre, adaptées pour moi. S'il vous convient, je vous le donne"

Meije paraissait avoir compris ce qu'Eric avait essayé de faire passer. C'était un bon début. Il fit un signe de la tête pour répondre positivement à sa première question, puis regarda avec attention les objets qu'elle portait sur elle, et particulièrement l'anneau qu'elle lui tendait. Il s'avanca pour le saisir et le regarda sous toutes les coutures. C'était un objet très reconnaissable pour ceux qui connaissaient ses armoiries. Et elle semblait y tenir. Il fit une petite moue dubitative et sourit.

"Bien. Ca me va. Je vous prend cet anneau, et me garde le sortilège que nous découvrirons. vous y gagnez! c'est sûr! "

un petit rire cristallin résonna dans la pièce. Eric regarda par une lucarne. La nuit allait s'achever d'ici une heure où deux. Il s'enquit alors sur ses quartiers.

"Si cela ne vous ennuit pas, j'aimerai pouvoir me reposer, pourrais-je occuper vos fond de cale sans être dérangé ? "

Le jeune homme accepta l'anneau que Meije lui tendait, en disant q'uelle y gagnait. Elle se fichait d'y gagner ou pas, elle voulait juste que son travail soit accompli.
Elle l'entendit rire joliment puis il regarda par la fenêtre et demanda s'il pouvait utiliser les fonds de cale, ce qui ne l'étonna pas car elle avait remarqué qu'il n'aimait pas la nuit.

"Naturellement. Il n'y a pas de couchette là-bas, demandez à Mogrur de vous tendre un hamac, vous le connaissez".

Elle sortit dans le couloir, laissant seule la louve mangeant dans la chambre.
ELle monta les marches et apparut sur le pont. Un instant ébloui par le soleil, elle resta debout dans la porte en plissant les yeux, puis commença une rapide inspection de l'équipage et du travail accompli.
Après, satisfaite, elle monta à la barre et ordonna au navigateur de se reposer une heure ou deux mais en restant à côté d'elle. Elle adorait naviguer et elle connaissait bien les eaux du continent de lumière.

La capitaine du bateau l'autorisa à utiliser les fonds de cale comme appartement. Elle s'empressa de lui dire que Mogrur, son compagnon troll, pourrait lui ajouter un peu de confort avec un hamac.

"Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas la peine de le déranger pour ci peu, je n'en ai vraiment pas besoin. Je serais de retour une fois le soleil couché."

Sur ce, il se leva, salua la capitaine, rangea l'anneau dans son sac pendu sur une de ses épaules et descendit dans ses appartements sans passer par dehors. Une fois dans le noir, il se trouva un coin pas trop encombré, se lova dans sa cape et se mit à léviter. Ayant le vide comme confortable lit, il se laissa aller à ses pensées. Il s'interrogea sur les galants, se demandant ce que cela pouvait bien être en concluant que ce n'était pas très important et qu'il verrait sur place, les pouvoirs de Meije et de sa mère, ce trésor... Tout cela était troublant. il se dit qu'il ressortirait de se travail peut-être plus riche que prévu, mais une chose le troublait. Il ne savait pas quoi, mais quelque chose clochait dans tout ça. Comme une épine dans le pied. Son instinct le mit en garde, ce ne serait peut-être pas si facile que ça. Sur cette pensée mausade Eric se reposa. Il fermerait simplement les yeux durant les 12 prochaines heures, sans penser à rien. Plus aucun bruit, plus aucune atmosphère n'habitait cet endroit si ce n'était le craquement de la côque du navire et les pas des matelots qui résonnaient au dessus de sa tête.
Erci attendit que le soleil se couche, à nouveau.

Quand l'aube se leva, Meije était à la barre. Mais vers dix heuress du matin, elle réveilla le navigateur et le laissa au gouvernail.
La permutation de l'équipage était faite, elle se promena un peu sans les déranger le lont du pont. Sur la proue, elle perdit ses yeux dans l'eau, quié clatait chaque fois que la frégate crevait une vague.
Elle s'appuya contre la rembarde. Le froid était humide etle vent violent. Sa natte mal faite se détacha et laissa flotter tous ses longs cheveux noirs.
Elle aperçut devant à gauche un petit navire marchand, assez lent donc, vu le vent, assez lourd, rien de tel pour amuser les hommes.
Elle redescendit au milieu du pont et cria :

"Alain ! Cap à bâbord sur le navire marchand ! Jean, je veux une équipe d'abordage contenant Mogrur sur le pont dans trente seconde. Tout le monde prend une arme, les matelots de quart s'occupent de la défense !"

Jean le second était un homme rapide et autoritaire, l'équipe fut formée rapidement, et le médecin finissait de distribuer des armes aux matelots qui resteraient sur le pont. Elle trouva trois autres matelots bon tireurs et leur ordonna de prendre un arc chacun et du feu grégeois et de tirer dans les voiles dès qu'ils pourraient. Meije se frotta les mains et un petit sourire étira ses lèvres, le combat ne serait pas difficile, et avec un autre bateau que la frégate, elle pourrait peut-être mener Éric jusqu'au port, finalement.

Un bateau marchand croisa la frégate de Meije. Vu la trajectoire que cette dernière avait prise pour rejoindre la Cité de Lumière, il devait certainement repartir du port après avoir déchargé sa cargaison et repartait certainement vers l'Ile Désertique, où le commerce était florissant. Meije se fia à la petite taille et la lenteur du navire pour s'assurer une victoire. Elle ne savait peut-être pas que certains marchands, ceux qui déservaient régulièrement la Cité, étaients protégés par les personnages habitants la demeure céleste afin de leur assurer l'équilibre car ce trajet était l'un des plus fréquenté par les marchands et donc, un des plus prisés des pirates. Malheureusement, ce genre de protection n'était pas visible de l'extérieur et il était impossible de savoir si ce navire faisait partit des protégé ou si nous avions là un simple marchand dans son jour de malchance.
La mer était calme, le temps dégagé. Le deuxième navire avait aperçut celui de Meije.

La frégate s'approchait du navire marchand à grande vitesse, et déjà les toiles étaient en flammes grâce aux archers.
Alain le navigateur fit tourner la frégate en douceur flancs contre flancs, Jean fit lancer les grappins. Pendant que Jean, toute l'équipe d'abordage, Angua la louve et Meije sautait à bord de l'autre navire pour charger, les autres matelots repliaient le voiles pour éviter le feu de l'autre bateau.
Elle entendait des craquements, le plancher du petit navire marchand n'aimait pas le poids du troll, et des grands cris lorsque Mogrur souleva, frappa et écrasa plusieurs membres de l'autre équipage. Toute l'équipe de Jean faisait du bon travail, la louve s'amusait et acculait le mousse dans un coin, et Meije se battait contre deux marins après en avoir tué un autre et encoreblessé un.
De l'autre côté, une équipe de renfort attendait au cas où et une équipe de défense à son poste, Meije sourit.
L'équipage de la Croque-Mort avait le dessus et tout allait bien pour l'instant.

Le pauvre petit bâteau de marchands ne faisait pas le poid face à un équipage de pirates entraîné. Meije avait eu de la chance, en tombant sur un bateau non protégé par les puissances de la demeure céleste. Ce devait certainement être un nouveau marchand, où qui d'habitude ne passait pas par ici.
Ces pauvres hommes portaient des habits reconnaissables de l'Ile Désertique, l'une des principale île liée au commerce. Cela n'était donc pas bien étrange. Toutefois, cela ferait des émules lorsque ces habitants ne verront pas revenir le navire qui était partit livré sur le continent de Lumière. Mais Meije n'en avait certainement rien à faire.
En une vingtaine de minutes le navire marchand, plus petit que sa frégate était sous ses ordres.
C'était un navire de petite taille, dont une grande partie des deux mâts étaient partis en cendres avec les voiles lors des attaques flambées, et pas en très bon état. Il allait donc être difficile de l'utiliser immédiatement. Meije allait devoir le remettre en état et créer des voiles à sa taille, les siennes étant bien trop grandes, si elle voulait accoster avec ce navire. Mais après tout, comme son homme de main ne travaillerait pas avant le coucher du soleil, il lui restait toute une journée pour mener à bien cette entreprise et arriver au port.

L'équipage de Meije gagna très vite sur l'équipage marchand, et Meije ordonna de les mettre dans un canot avec quelques vivres et de les laisser partir.
Elle n'aimait pas faire des esclaves à cause de ses mauvais souvenirs
La Croque-Mort avait réfléchit à un plan : il fallait réparer un peu le bateau, remettre des voiles, mais trouées, sélectionner des hommes pour former un petit équipage, envoyer Éric avec eux et tout ça arriverait au port en criant au pillage. Comme ça, pendant que des bateaux chercheraient Meije où elle n'était pas, Éric aurait toute liberté d'action.

"Jean ! Faites réparer le bateau, juste assez pour pas qu'il coule. Mettez des voiles fraiches et trouez les. VOus choisirez dix hommes pour diriger le navire !"

Le second trouvait peut-être ça bizarre mais il s'exécuta.
Meije descendit dans les cales, mais pas de marchandises ; par contre, dans la cabine du capitaine, une épée assez belle et une petite bourse pleine d'or.
ELle prit la bourse et sortit la donner à Jean.

Distribuez ça aux hommes qui se sont battus, Jean, prenez en peu pour vous."

Elle prit cinq pièces dans la petite bourse.

"Ces pièces pour Alain. Le même nombre pour vous. Trois pour les hommes"

Elle ponctua ses ordres d'un joli sourire. Elle se souvint qu'elle l'avait eu dans son lit avant de l'engager eut un petit rire à ce souvenir.
Elle repartit sur la frégate et monta donner ses pièces au navigateur. Il la remercia chaleureusement en l'embrassant sur la joue.
Il était plus vieux qu'elle mais elle l'avait aussi connu un soir avant d'avoir l'idée de l'engager. Une partie des ses hommes avaient été des amants d'un soir et elle avait évité les querelles de jalousie en n'en acceptant plus aucun dans son lit. De toute façon, elle n'aimait pas forcément l'acte, mais l'aventure juste avant. Elle s'amusait avec l'homme avant de lui accorder ses faveurs, et elle ne voyait pas d'intérêt à le faire avec des hommes qu'elle connaissait.
Meije repartit dans sa cabine et se coucha pour faire une petite sieste.

Le bateau était vraiment en piteuse état et le plan de Meije allait devoir être réglé au centimètre près si elle ne voulait pas avoir d'ennuit.
La matinée se passa sans encombre, ses matelots réparèrent quelques dégâts. Malgrés tout, certains d'entre eux, se blessèrent en passant au travers d'un plancher fragilisé par la panique des anciens utilisateurs. Marchands que Meije avait laissé partir par bonté. Il vaudrait mieux pour elle qu'ils ne croisent pas un autre navire, sous la protection de la demeure Céleste cette fois-ci, car ce genre d'attaque n'était guère apprécié et les représailles seraient évidentes si cela arrivait. Donc, malgré les réparations, il ne fallait pas traîner. Mieux vallait ne laisser aucun survivant dans ce genre de situation.

Meije se réveilla quelques heures plus tard, les yeux dans le vague.
Elle passa une main dans ses cheveux pour les dénouer et se plongea le visage dans un bac d'eau froide, toujours à disposition dans un coin de la pièce.
Puis elle se redressa, se sécha et sortit, sans prendre la peine de refaire sa natte.
Quand elle arriva sur le pont, les deux navires étaient toujours accouplés. Les marins semblaient avoir fait du bon travail. Le navire était maintenant prêt à naviguer sans trop de risques tout en donnant l'air de sortir d'une essoreuse.
Elle héla le second, Jean.

"Au rapport, Jean, s'il-te-plaît", fit-elle.

Le second lui répondit qu'il y avait eu quelques blessés mais que tout s'était déroulé avec succès. Meije se frotta les mains de satisfaction. Ils étaient prêts à partir.

"Bien, je vais réveiller notre passager. Prenez dix hommes avec vous, Jean, et soyez prêts à mettre les voiles dans dix minutes", commença-t-elle. Puis, voyant qu'il s'apprêtait à protester, elle reprit :
"Ne vous inquiétez pas, j'ai besoin de vous là-bas. Vous êtes le seul à pouvoir manœuvrer, et j'ai besoin d'Alain pour la frégate, vous comprenez. Vous entrerez dans le port et crierez au pirate dans toutes les tavernes après avoir débarqué notre ami. Souvenez vous : vous devrez le débarquer de nuit. Moi je traînerai près de la côte et me cacherai le temps que tout le monde me recherche. Cela vous laissera le champs libre".

Elle réfléchit un instant, et ajouta :

"S'il a besoin de vous (il s'appelle Éric), essayez de l'aider dans la mesure du possible".

La capitaine se retourna et descendit dans la cale pour réveiller Éric.

Le petit navire de marchands venait de subir quelques menues réparations qui permettraient certainement de le maintenir à flots jusqu'au port, mais il serait impossible de le faire repartir, d'autant plus que le ciel s'assombrissait avec la fin de journée.
Meije prépara les équipages pour les deux navires, mit au point quelques indications à propos d'Eric, et partit réveiller celui-ci en fond de cale alors que ses matelots préparaient les bâteaux.
Eric avait réfléchit durant de nombreuses heures à la manière dont il allait entammer cette mission. Dès le début elle lui avait parut trop simple, et son instinct ne cessait de le titiller. Il savait pourtant que la mère de Meije ne lui poserait aucun problème. Alors quoi ? Il ne savait pas. Légèrement soupçonneux, il attendit patiemment le coucher du soleil. Mais c'est un peu avant qu'il entendit les pas de la jeune capitaine résonner non loin de lui. Il cessa sa lévitation, s'allongea sur une caisse les bras derrière la tête, une jambe pendante et l'autre pliée. Lorsque Meije entra, il l'accueillit avec un grand sourire. L'atmosphère de confiance reprit possession de cet endroit.

"Bien le bonsoir Capitaine." Eric se redressa, et renifla discretement.
"Le soleil n'est pas encore totalement couché, vous êtes en avance. Où sommes-nous à prensent ? "

Pendant qu'il réfléchissait, Eric avait entendu un peu d'agitation et des cri de terreur venant du dessus. L'équipage de Meije avait du faire des ravages pour se divertire.

Quand Meije entra, Éric était couché sur le dos.
Il se redressa en reniflant pour lui souhaiter le bonsoir.
Quand elle était entré, elle s'était immédiatement sentie à l'aise. Bien qu'elle connût le pouvoir de son passager, elle l'avait attribuée à l'effet rassurant de l'obscurité et du silence des cales.

"Proches", répondit-elle à sa question. "Je sais qu'il est encore tôt, mais il vous faut seulement changer de bateau. Vous pourrez disposer des cales, évidemment".

Elle se retourna pour s'asseoir sur un tas de toiles de rechange.
Elle eut un petit sourire malicieux.

"Nous avons capturé un navire marchand et faits en sorte qu'il ait l'air d'avoir subi une attaque pirate", expliqua-t-elle. "Vous entrerez de nuit dans le port. Les marins vous débarquerons puis iront crier aux pirates. Pendant quelques jours, je serai poursuivie. Vous aurez alors le champ libre pour votre travail".

Elle se leva, se frottant les hanches pour enlever la poussière des bâches.

"Le navire part dans dix minutes ! Je vous attends sur le pont".

Meije sortit et remonta sur le pont. Dans l'escalier, elle se demanda pourquoi il ne supportait pas le jour. Elle garda la question de côté pour une prochaine fois. Elle grimpa jusqu'à la poupe où se trouvait le navigateur, nonchalamment appuyé à son gouvernail.

"Préparez-vous à la séparation, Alain ! Je ne veux pas qu'on emmêle les mâts..."

Elle n'en dit pas plus. Alain, dans la quarantaine, connaissait son métier. Et, en conséquence, n'aimait pas trop qu'on lui donne des conseils.
Il connaissait aussi parfaitement les eaux dans lesquels ils naviguaient actuellement. C'était lui qui connaissait un endroit où se dissimuler avec la frégate non loin de la Cité de Lumière, là où on ne les chercherait pas.
Peut-être seraient-ils découverts, mais Meije comptait sur le délai pour se préparer en cas d'attaque.
Elle s'approcha de la rambarde pour surveiller le pont. Les marins étaient prêts à casser les grappins qui retenaient les bateaux. Meije voulait partir au plus vite, pour gagner le plus de temps possible.
Ils n'attendaient plus qu'Éric.

Alors c'était ça, tout ce rafut. Meije avait à sa botte un navire marchand. Elle l'avait attaqué afin de rentrer dans le port incognito pour qu'Eric puisse acoster au plus près. Un large sourire souligna ses paumettes.

"C'est une charmante attention de votre part de vous être ainsi donné du mal pour que je puisse arriver à destination sans me mouiller."

Même si il savait que de toute façon il ne serait pas mouillé, l'attention était marrante. Par contre, le fait qu'il doive changer de bateau alors que le soleil pointait encore quelques minutes le bout de son nez, ne lui plaisait guère.

"Merci de m'accorder les cales de votre nouvelle acquisition, qui d'après mes oreilles, ne tient pas vraiment la route. J'espère ne pas me noyer avant l'arrivée!" Il ponctua sa remarque d'un petit rire puis redevint sérieux. "PAr contre, je ne monterais pas tant que le soleil sera là. Mais ne vous inquiétez pas, j'aurais rejoins les autres cales avant que le navire ne parte."

Eric renifla légèrement. Le soleil était toujours là, mais seulement pour quelques minutes. Les derniers rayons embrassaient l'écumes des vagues. Bon, si il restait bien emmitouflé dans sa cape, son humeur devrait rester la même. Il déteste vraiment le soleil. Plus que les loups et les autres bestioles en tout cas.
Meije était remontée sur le pont. Son nouvel hôte prit grand soin de ses affaires et de sa cape, qu'il vérifia plusieurs fois. Une fois que chaque centimètres de son corps étaient recouvert et que son visage baignait dans l'ombre réconfortante de son capuchon, il monta à son tour. La lumière rasante lui fit pousser un énorme soupir, puis il se dirigea vers la capitaine qui se tenait près du pont d'embarquement glissé entre les deux navires.

"Me voici capitaine. Avez-vous..." Il éclata d'un rire joyeux, sans terminer sa phrase. "Vous comptez, enfin, nous allons acoster avec ce...ce...cet..chose ? "
Eric connaissait la cité de Lumière, si ils arrivaient au port avec un navire dans cet état, cela allait faire des émules. Peut-être était-ce ce que souhaitait Meije, mais avait-elle vraiment tout prévu ? Il cessa de rire et la regarda, de sous son capuchon.

"Avez-vous d'autres instructions à me fournir avant le départ ? "

Le soleil se couhait enfin, mais Eric garda son capuchon. Il attendit les ordres de Meije avant de grimper sur l'autre navire.

Finalement, Éric finit par apparaître sur le pont.
Elle réprima un sourire lorsqu'il apparu. Il lui rappelait les habitants du désert. Emmitouflé sous une couche de vêtements, le soleil pouvait remettre les siens et retourner se coucher. Ce n'était pas aujourd'hui que le jeune homme attraperait des coups de soleil.
Sans sourciller, elle le vit éclater de rire et bredouiller sans trop savoir quel nom donner au navire marchand.

"Oui, Éric, cette... chose, comme vous dites, vous portera jusqu'au port. Je pense toutefois qu'elle ne pourra pas en repartir dans cet état. Il y aura donc suffisamment de bruit pour faire diversion et vous laisser à vos affaires, mais vous n'aurez pas de retraite de ce côté là".

Il lui demanda si elle avait d'autres instructions.

"Vous pourrez disposer de l'aide de l'équipage avec qui vous partez, si besoin. Ne leur demandez pas de choses impossible, par contre, je tiens à ces hommes. Quand vous devrez repartir, prévenez Jean. Il a des instructions pour m'envoyer un signal. Après quoi, rendez-vous au sud du port. Vous trouverez une petite plage de galets renfoncée dans la falaise."

Elle s'interrompit, semblant réfléchir.
Elle reprit.

"Elle est facile à reconnaître. Il y a une potence au dessus".

Si Meije avait cru aux présages, elle aurait tout annulé. Mais c'était une femme plutôt terre à terre.

"Bonne route et bonne chance, monsieur Éric !", termina-t-elle avec un grand sourire et en tendant la main.

Le regard d'Eric se fit plus perçant lorsqu'elle lui parla de son plan de diversion ammené par le bateau marchand volé. Mais personne ne put le remarquer sous son capuchon.

"Ca pour avoir de la diversion, vous allez en avoir je pense..."

Il écouta la suite des instructions, puis parla d'une voix calme.

"Ne vous inquiettez pas pour vos hommes, je n'aurais aucunement besoin d'aide."

l'histoire de la potence lui plaisait beaucoup. Elle semblait s'accorder à son instinct. Il salua la capitaine en déposant un baiser sur sa main tendue, et franchit le pont pour attérir sur l'autre navire.
Il fut obligé d'élevé légèrement la voix une fois de l'autre côté. Tout atmosphère confiante avait disparut du bateau de Meije.

"Je vous retrouve donc sur cette plage une fois ma mission accomplie."

Il alla se positionner sur le haut-pont et attendit que le navire, branlant, prenne la route.

Éric rassura Meije sur l'utilisation du groupe qui l'accompagnerait.
Elle eut un petit frisson lorsqu'il lui baisa la main. Le contact était... étrange.
Il monta sur l'autre navire. L'atmosphère de détente quitta peu à peu Meije, à qui la lucidité revint plus nettement.
Il éleva la voix pour confirmer le plan de retour.
Meije hocha la tête et donna l'ordre de couper les grappins. Puis elle se retourna et fit un signe de la main au navigateur.
Sous les ordres et la surveillance de Meije, les marins hissèrent les voiles. Bientôt, la frégate se mit en branle et manœuvra pour se séparer du navire marchand, puis mit le cap vers le continent.

Jean, de son côté, brailla ses ordres et fit de son mieux pour se séparer de l'énorme navire sans accrocs. Vu du petit bateau, le navire de guerre était imposant. Effrayant, même. Il adressa une petite mise en garde à Éric. Quelques planches étaient en mauvais état, il lui faudrait faire attention où il mettait ses pieds. Puis le navire marchand, dans un sinistre grincement, mit le cap sur le port de la Cité de Lumière.

Quelques heures plus tard, la frégate parvint à proximité d'une petite baie dont l'entrée était une fissure dans la falaise. Tout autour, et sur la muraille rocheuse, poussait une forêt plutôt dense. L'idéal pour cacher un navire de la taille d'une frégate.
Meije fit abattre quelques voiles et Alain fit pénétrer le navire tout en douceur.
L'ancre fut jetée à quelques dizaines de mètres de la plage.
La jeune femme descendit sur le pont.

"Ok les gars ! Je veux que trois équipes de deux descendent à terre pour surveiller les environs. Planquez vous dans la forêt. En cas de danger, essayez d'imiter le cri du loup, ça ne doit pas être très compliqué. Emmenez ma louve avec vous, elle ira seule de son côté. Peu de choses lui échappent".

Elle sourit.

"Mogrur !" Le troll se mit à un garde à vous sonore. Ses doigts rencontrèrent son crâne, le faisant chanceler sous le choc. "Tu va partir avec deux bacs chercher de l'eau potable. Nous avons tout ce qu'il faut comme nourriture, alors ne perdez pas votre concentration à chasser, compris ?"

Elle hocha la tête, satisfaite, tandis que les concernés descendaient une barque et s'apprêtaient à s'en aller.

"Pour vous les gars", reprit-elle en s'adressant aux autres, "Je veux que la vigie soit relayée toutes les quatre heures. Je veux six archers sur la proue et six sur la poupe. Préparez un feu grégeois mais ne l'allumez pas sans mon ordre. Notre présence doit demeurer discrète. Tous les autres, munissez vous des armes qui vous plairont et patientez. Je veux la moitié des hommes au branle bas de combat, les autres au repos mais les armes sous la main".

Elle désigna une quarantaine d'hommes qui descendirent se reposer dans leur salle de repos. Meije descendit dans sa cabine où elle s'empara de deux chaises. Elle les remonta sur le pont et les amena près du gouvernail.

"Il va falloir attendre, Alain, mais je veux que tu restes à ton poste. Voilà une chaise", fit-elle en tendant le dit objet au navigateur.
Elle alla se placer plus loin et observa la plage.

Alors que Meije mettait son équipage en ordre pour attendre le signal de Jean à quelques kilomètres du port du Continent de Lumière, Eric lui s'y dirigeait directement à l'aide du petit bateau marchand.
Le capitaine de bord le prévint que le plancher risquait de s'effondrer sous son point selon où il mettait les pieds. Eric le remercia d'un hochement de tête mais resta non loin de la barre.
La côte approchait petit à petit, et le port avec ses nombreuses lumières claires éclairaient la jetée presque comme un plein jour alors que la nuit était tombée. Eric grimaça à cette vue que beaucoup trouveraient magnifique, mais pas lui.
Les plots d'amarrages étaient en vue, un bien en vue de tous les passants qui se baladaient sur rues proches de la mer.
Eric regarda Jean, avec un sourire, impatient de voir le plan que Meije avait prévu.
Au loin, il avait aperçu quelques gardes qui patrouillaient.

Le navire marchand parvint au port sans problèmes. Les craquements sinistres devaient déjà s'entendre du quai.
Jean, à la barre, fit un signe aux matelots.
Lui compris, ils retirèrent leurs vêtements, qu'ils vinrent entreposer dans les malles. En dessous, il étaient encore vêtus. Mais les vêtements étaient troués, et on distinguait des éraflures et des coupures à travers les déchirures. Satisfait, Jean alluma une lanterne, unique et en partie brisée, à l'avant du navire. Il revint vers Éric pour lui dire de se tenir prêt. L'homme devait profiter de la descente des marins pour s'éclipser aussi discrètement que possible, ce qu'il lui expliqua.
Il reprit la barre et accosta en douceur. Les marins lancèrent les amarres, que les responsables du port attrapèrent et attachèrent.
Le pont fut posé, puis les marins descendirent. Le spectacle était convaincant. Certains boitaient, d'autres avaient un bras en écharpe, un se faisait même soutenir par un camarade. Et tous, le visage sale, semblaient sortir d'une bataille. Ils parlèrent avec de grands gestes et de grands cris aux gars qui les avaient aidés à amarrer, puis aux gardes, qui partirent en courant avertirent les autorités. Puis la troupe de marins s'égaya dans la ville pour raconter leur histoire et profiter un peu des tavernes et des bordels. En partant, Jean jeta un coup d'œil en arrière. Éric n'était plus là. Il haussa les épaules. Sans doute avait-il réussi à s'éclipser.

Meije s'ennuyait ferme sur sa frégate. Tous les hommes étaient en place, prêts au combat. Dans une heure ou deux, tout au plus, se dit-elle, les navires seraient à sa recherche. Ce qui signifiait qu'on ne la trouverait pas avant au moins une bonne journée. De toute façon, elle ne serait pas surprise. Toutes les précautions étaient prises et Mogrur, le troll, pouvait rester immobile à la même place des jours entiers sans s'impatienter ni s'endormir, comme tous les trolls.
Elle monta dans sa cabine. Elle se déshabilla et se coucha nue sur la fourrure qui recouvrait son lit. Elle sortit un livre et lut.

[Suite au Port du Continent de Lumière]