Grand Conseil

Orgar avait quitté ses appartements et se trouvait à présent dans la salle du conseil où celui-ci commençait déjà à faire les cent pas, montrant ainsi son impatience. Il ne cessait de bougonner des paroles déplaisantes envers son frère et sa sœur. Même l’arrivée de Maol, toujours accompagné de sa tasse de thé, deux heures après l’avoir demandé à ses cotés, ne pouvait exercer une quelque influence de calme.
Le jeune homme finit, néanmoins, par se calmer et par s’asseoir sur le majestueux fauteuil sculpté, semblable à celui qui se trouvait dans sa chambre. A coté de lui se trouvait la place de Una et en face, à l’autre bout de la table, les sièges réservés au souverain du royaume maudit et à la reine des Vampires. Sur les cotés se trouvaient deux fauteuils, de part et d’autre de la table, réservés aux deux sanglantes et aux deux démoniaques.
Maol se trouvait à sa place, l’air calme et endormi, portant nonchalamment sa tasse à ses lèvres quand l’envi lui en prenait.

Una et Milotiro ayant gagné les étages supérieurs, Gwenda franchit le corridor d'un pas hâtif, étouffé par l'épais tapis amarante. Non pas qu'elle fut pressée de demeurer en compagnie d'Orgar, ni même de voir débuter le conseil, mais si leur frère cherchait à découvrir les raisons de leur retard, Milotiro risquait fort d'être découverte.

" Nous n'aurions pas du l'ammener ici... Songeait la jeune femme, secouant nerveusement la tête. Tôt ou tard, Orgar la découvrira. Mais jamais Una n'aurait pu se passer d'une eventuelle conquête nouvelle... "

Gwenda ne restait jamais indifférente lorsque un eventuel trouble s'immiscait entre Una et Orgar. En se ralliant à sa soeur, la Gourmandise n'avait pas pour but de protéger ses conquêtes, mais d'une fois de plus braver l'autorité débordante d'Orgar.
La lourde porte du Conseil avait été fermée. Gwenda en poussa hardiment les deux battants, pénétrant dans l'atmosphère frigide de la pièce. Quatre lourds flambeaux, suspendus au mur, perçaient les ténèbres dominants. Maol, dans son habituelle flegme, buvait son thé en silence. Orgar avait pris place en son imposant fauteuil, la mine lugubre.

" Bonsoir, lança Gwenda, tandis que les deux hommes avaient levé les yeux à son entrée. En retard? Loin de moi cette idée... Nous avons été retenues sur l'ile, un très léger contretemps. Una est dans sa chambre à se changer, elle nous rejoindra d'un moment à l'autre. "

Elle se dirigea vers son siège d'un pas alangui, afin d'attiser, par pur jeu, la colère d'Orgar dont elle avait ressenti la profondeur.

Invité

Telle son ombre, Karl Prosper avançait à pas feutrés derrière Gwenda, le visage marqué par une sourde angoisse. Cette humeur ne le quittait plus depuis que le groupe avait remis les pieds sur Terre Obscure, et la perspective de devoir affronter le regard implacable de son maître y était pour beaucoup. Il avait mené à bien sa mission et respecté les instructions de l'Orgueil, mais il n'était pas sûr que ce dernier approuve l'esprit d'initiative dont il avait fait preuve en se soumettant au caprice d'Una.

Ce simple jeu que représentait la venue de Milotiro pour les deux soeurs était un bien trop lourd fardeau pour lui. Qu'avaient-elles donc espéré ? Leur arrivée au château n'était pas passée inaperçue, et les nombreux laquais auraient tôt fait de rapporter aux oreilles de leur maître qu'une inconnue était du nombre. Et le courroux d'Orgar se reporterait immanquablement sur lui, fidèle serviteur qui avait pourtant couvert cette histoire par son silence.

Un noeud dans l'estomac, Karl s'arrêta sur le seuil de la grande salle et s'inclina respectueusement. Dans ce lieu où se réunissaient les puissants, il savait très bien où était sa place.
« Mes Seigneurs... »

Orgar tourna la tête en direction de la porte qui s’ouvrit. Le visage de Gwenda sortit de l’obscurité du couloir suivi de son fidèle serviteur Karl.
Orgar leva dignement son menton en signe de supériorité face aux deux nouveaux arrivants.

« Et bien, ce n’est pas trop tôt. »

L’humeur exécrable de l’Orgueil entrait en opposition avec l’allure calme de son jeune frère toujours occupé à boire de fine gorgée de thé. Son regard observa Gwenda et Karl. La surprise déplaisante de ne point apercevoir sa sœur Una parmi eux n’eut que l’effet de le rendre de plus mauvaise humeur. Il s’apprêta à se renseigner sur les raisons de son absence lorsque la Gourmandise prit les devants et les lui exposa aussitôt.

« Espérons pour elle que sa stupide coquetterie ne nous fasse pas perdre un temps précieux ! A quoi bon lui servirait il de paraître en grand apparat ! Si elle recommence son stupide jeu de séduction avec le souverain du peuple maudit cette idiote aura de mes nouvelles. »

Orgar jeta un regard déplaisant en direction de Gwenda observant son allure comme s’il pensait que elle aussi aurait du prendre la peine de faire meilleure impression.
Son visage se tourna par la suite vers Karl. Son regard indiqua une chaise de bois sculpté se trouvant derrière son propre fauteuil.

« Met toi là Karl. Ce sera ta place durant le conseil. »

Orgar ne lui posa aucune question sur le déroulement de sa nouvelle mission. Il voyait que ses deux sœurs étaient présentes au château et c’est tout ce qu’il attendait de sa part.

Fart'h avait suivit à regret l'orques qui se pavanait non gracieusement devant lui jusque devant les portes de la salle du Grand Conseil.
Le Général et le Sage était restés avec l'armée afin de monter le campement sur les terres environnant le château.

Lorsqua la porte lui fut ouverte il passa devant son guide sans lui adresser un seul regarde ou une parole.

Les torches présentes dans la salle donnaient des reflets de feu à son armures, coupés par l'éclat de sa longue cape de fourrure blanche et de son cimier aux longues plumes de divers couleurs sombres.
La main posée sur la garde de son épée, il s'avanca lentement, faisant claquer ses pieds métalliques sur le sol de pierre, jusqu'à la place qui était la sienne.

Il ft un léger salut à Orgar et Maol, un peu plus prononcé pour Gwenda, galanterie d'un souverain oblige, avant de prendre la parole en parcourant la pièce des yeux.

"Je ne suis pas le derniers apparament... Ou se trouve la Reine des Vampires et notre chere Una ?"

A peine le soldat eut-il annoncé l’arrivée du souverain du royaume maudit, qu’Orgar délaissa du regard tous ceux qui étaient déjà présents dans la salle du conseil pour dévisager le nouvel arrivant. Il inclina la tête en guise de salut. Maol à ses cotés en fit de même.
Fart'h Argawaen fit la remarque qu’il n’était pas le dernier. Orgar, un regard un peu mauvais à l’idée que sa sœur ne soit toujours pas présente au Grand Conseil, lui répondit aussitôt.

« Una tient à se montrer présentable. Quant à la reine des vampires nous n’avons put établir de contacte avec elle. Mais j’ai laissé des ordres au cas où elle daignerait bien vouloir se présenter. »

L’orgueil, bien l’absence de la reine fut gênante pour le conseil, fut rassuré qu’elle ne soit point à leurs cotés. Les disputes interminables entre elle et Una en devenaient presque gênantes.
Orgar possédait comme toujours son attitude orgueilleuse envers les membres du conseil qui l’entourait. Il était tellement imbu de sa personne qu’il estimait que sans lui ce conseil n’aurait jamais existé.

En arrivant Una s’aperçu, pour son grand bonheur, que non seulement la reine des vampires n’était pas présente mais, en plus, que le souverain du royaume maudit faisait acte de présence, lui.
La jeune femme entra dans la pièce. Sa démarche féline était ravivée par son envie de séduire de nouveau. Elle s’avança au près de Fart’h jusqu’à ce que seulement deux centimètres ne les séparent.

«Ravie de vous revoir mon cher Fart'h Argawaen. Vous m’aviez manqué. Cela fait si longtemps que nous n’avions pas eut le plaisir de nous apercevoir. »

La Luxure était de nouveau prête à exécuter son petit jeu de séduction. Elle n’avait pas déjà oublié la présence de sa nouvelle maîtresse dans la chambre au-dessus, mais elle ne pouvait non plus taire cette envie de séduire l’elfe noir qui se tenait en face d’elle.
Un sourire aguicheur, accompagné de son regard plongé dans celui de sa nouvelle cible, n’étaient pas de trop pour sa nouvelle chasse.

Dès son entrée, Una s'avança dans la direction de Fart'h, avec l'apparent désir de le séduire. Gwenda eut un petit soupir amusé, tout en faisant jouer ses doigts sur l'accoudoir de son fauteuil, afin de manifester son impatience naissante. Son regard se perdit un instant dans les tentures de velours tamisant la lumière déclinante. Elle ressentait encore les effluves des épices étendre leur vigueur, et se perdre dans l'effervescende de l'ile aux pirates...

" A présent que nous sommes rassemblés, dit-elle enfin, posant sur son frère un regard légèrement provocateur, Orgar pourrait peut-être avoir l'amabilité de nous expliquer promptement les raisons de ce conseil? "

Le Roi allait répondre à Orgar lorsqu'Una pénétra dans la pièce. Il effectua la même révérence que pour Gwenda à son entrée, puis se tint droit alors que la Luxure venait droit vers lui, d'un pas gracieux et agicheur.
Il la fixa dans les yeux puis ota son heaume au long cimier qu'il déposa sur la table en face de son siège sans quitter la jeune femme du regard.
Son visage restait impassible et aucune lueure ne transparaissait en ses yeux.
L'accueil que venait de lui faire la soeur de l'Orgueil ne le génait en aucun point, au contraire, un brin de flaterie naissait dans son esprit de savoir qu'une telle créature jouait à ce jeu de séduction avec lui.

Mais ses désirs à lui étaient tous autres, et malgré le fait qu'Una le sache très bien, elle réitérait sans cesse son"rentre dedans" à chaque fois qu'ils se voyaient.

"Ma chère Una. Cela faisait longtemps en effet que je n'avais plus revu ce sourire agicheur."

Il leva son bras afin que la Luxure lui prenne pour la conduire jusqu'à sa chaise alors que Gwenda commencait à faire sentir son impatience.

Comme à son habitude Fart'h Argawaen ne fit preuve d’aucune réaction lorsque Una commença son petit jeu de séduction. Elle appréciait faire du charme à cette personne car elle voyait en lui un enjeu considérable. Séduire un homme qui ne pouvait exprimer que la colère était un défi qu’elle était toute prête à relever.
Son sourire se fit aguicheur, et ses yeux de velours. Fart'h se mit à parler et Una lui répondit dans un premier temps en gloussant.

« Je commençais à désespérer le jour où nous pourrions nous revoir. »

Una saisit ce bras qui l’invitait à l’accompagner jusqu’à sa place tout en continuant de sourire à son invité.

« Votre esprit chevaleresque n’a point changé à mon grand bonheur. Il semblerait même que vous ayez encore gagné en prestance depuis la dernière fois. »

Una continuait de glousser, ne se p réoccupant nullement de ses frères et de sa sœur qui commençaient à montrer des signes d’impatience à son attention.

Orgar regarda d’un œil mauvais le petit jeu de sa sœur envers le souverain du royaume maudit. Il n’avait jamais apprécié que la Luxure se permette de telle familiarité avec leur hôte, sans compter le fait qu’il refusait catégoriquement qu’Una ne lui réserve pas l’exclusivité de ses charmes en sa demeure.
La réplique de Gwenda ne fit qu’augmenter sa colère. Il lança dans sa direction son regard noir qui semblait vouloir lui lancer plus que des éclaires.

« Quand Una aura terminé son numéro futile peut être pourrons nous alors commencer. »

Orgar tourna à présent ses yeux dans la direction de La Luxure et du souverain du royaume maudit.

« Je pense qu’il n’est pas necessaire que je vous rappelle où se trouve votre place à tous les deux. »

Le ton sarcastique de l’Orgueil laissait entrevoir son mécontentement face à la situation. Il lui déplaisait autant de voir sa maîtresse accorder ses instants de séduction à un possible rival, que de retarder encore ce conseil.

Une fois que la Luxure fut assise, il lui fit une lègère révérence avant d 'ajouter:

"Merci de ce compliment ma cher, mais vous savez, les siècles commencent à peser lourds sur mes épaules depuis notre dernière rencontre."

Il élaissa alors la jeune femme pour retourner vers son siège, ne prenant pas soin de répondre a Orgar. Il venait tout juste d'arriver, et commencer à montrer des signes de colère maintenant envers la personne qui les avait réuni n'allait surement pas être le bienvenue. D'autant plus qu'a chaque fois qu'il se trouvait en présence d'Una et lui même, le ton avait tendance à rapidement s'échauffer.

Une fois arriver à son siège, il décrocha son épée pour la poser sur la table avec sn casque, s'assit, la posture toujours aussi droite et noble, attendant que le conseil commence.

Orgar suivit des yeux le trajet effectué par Fart’h, qui mena dans un premier temps Una jusqu’à son siège, puis qui regagna le sien. Orgar les observa tous deux pendant quelques secondes avec son regard noir, puis redevint aussi calme que possible.

« Bien, à présent que nous sommes tous réunis, nous allons pouvoir commencer. »

Orgar déposa ses coudes sur la table et joignit dans un geste stricte ses deux mains.

« Comme je l’ai annoncé au souverain du royaume maudit, j’ai l’intention de m’emparer des territoires de cette Terre qui ne sont pas encore nôtres. Et pour cela il est nécessaire avant toute chose d’anéantir notre seul et véritable obstacle : la Discorde. »

Orgar sentit le regard d’Una, qui était passé de la colère, à cause de sa remarque, à la curiosité, sur lui. Il aimait cet intérêt qu’on lui portait et il était bien décidé à faire durer la chose.

« J’ai reçu il y a fort peu de temps la preuve qu’il était possible de la faire disparaître, et que ce moyen résidait sur notre Terre. Il ne fait aucun doute pour moi que ce moyen d’action nous a été enlevé lors de Grande Guerre, sans quoi nous aurions vaincu dès le début cette ennemie. Et ce moyen si vous êtes incapable de le deviner je vais vous le révéler. Il ne s’agit ni plus ni moins des six êtres qui ont été endormis et exilés par l’Être Suprême afin de nous empêcher de vaincre la Discorde.
Par conséquent nos prochaines activités se tourneront vers la recherche des ces six êtres disparus. »

Pour l’instant Orgar n’avait rien révélé que le souverain du royaume maudit ne connaisse déjà. Mais il lui fallait faire le point avec son frère et ses sœurs afin qu’ils puissent comprendre la situation.

« Grâce aux dons de notre hôte.. »

L’une de ses mains désigna passablement Fart'h Argawaen.

« ..nous pourrons retrouver ces êtres et vaincre ensemble la Discorde. Et puisque celui-ci accepte de nous céder une partie de sa magie, ainsi que son armée, il est tout naturel que nous acceptions de retrouver en premier notre sœur l’Envi afin que celui-ci puisse toucher une récompense de sa part.. »

A cet instant un cri de fureur retentit dans la salle. Orgar se tourna vers Una et put s’apercevoir que celle-ci avait complètement rougis de couleur.

« Il en est hors de question ! » cria t’elle. « Non mais quelle idée ! Tu as déjà oublié qui elle était et ce qu’elle dit !! »

Orgar la regarda d’un air calme mais une lueur colère brillait dans ses yeux.

« Ce n’est pas le moment de jouer l’enfant Una. Tes caprices ne nous intéressent pas. »

A cet instant Maol, qui était resté sans rien manifesté jusque là, émit une faible objection de sa voix calme et lente.

« Moi non plus. Je n’aime pas trop cette idée. »

Son regard tomba sur sa tasse de thé.

« Et il me faudrait du thé aussi. Je n’en ais plus. »

Orgar dévia son regard de mécontentement de sa sœur sur son frère.

Fart'h ne faisait qu'écouter les propos d'Orgar sans rien ajouter.
Tous ce qui était dit en ce moment il le savait déjà. Il attendait de savoir réellement ce qu'Orgar attendait de lui , quel don il souhaitait utiliser, quand, comment...etc...

La voix calme et tempéré de l'Orgeuil fut coupé par les révoltes d'Una. Il est vrai que l'Envie et la Luxure ne font pas bon ménage lorsqu'elles sont ensemble... Mais sa réaction n'allait qu'attiser la colère qu'Orgar avait déjà emmagasiné depuis le début du Conseil. Sa tête tourna lentement dans la direction de la Luxure, toujours observant ce qui était entrain de se produire sans rien dire.
Puis ses yeux se tournèrent vers Maol qui avait prit la parole à son tours. Aussi loin que le souverain puisse se remémorer, à chaque fois qu'il l'avait entendu parler, il y avait le mot "thé" dans ses discours.

Il prit alors place confortablement au fond de siège, patientant que cela cesse et espérant que ceci ne dure pas trop longtemps. Il n'avait guère envie de subir les foudres d'Orgar dans un moment pareil.

Orgar continuait d’observer l’œil mauvais sa parenté, mais ne dis rien ni ne fit rien pour leur intimer de cesser leurs jérémiades. Il savait pertinemment que personne n’aimait l’Envi, et le monde entier la haïra aussitôt qu’elle reviendrait parmi eux. Elle était certainement la personne qui possédait le pire de tous les caractères et Orgar lui-même passait pour une personne d’agréable compagnie lorsqu’on se trouvait en leur présence à tous deux.
L’Orgueil n’avait pas plus envi que les autres de la voir réapparaître dans leur demeure, mais s’il fallait en passer par là pour remporter la victoire, il ne pouvait faire autrement. Ce qu’il entreprit donc d’expliquer aux autres.

« Calmez-vous tous les deux. Il ne sert à rien de pleurnicher comme vous le faites. J’ai pris ma décision. Si nous voulons gagner il nous faut la puissance de l’Envi. Après la victoire que nous remporterons sur le clan inverse, nous pourrons nous débarrasser d’elle. Mais pour l’instant nous devons nous en tenir au plan. »

Maol, qui ne ressentait aucune joie à revoir la personne qu’il jugeait la plus fatigante au monde, se préoccupait pourtant d’avantage de sa tasse vide que des explications d’Orgar concernant la nécessité de retrouver l’Envi. Il écoutait que très rarement son frère, cependant son aspect endormit pouvait, avec l’illusion de l’orgueil, le faire passer pour un auditeur attentif auprès de son frère.
Pour l’instant il leva péniblement sa tasse afin de signaler que l’heure était grave, car elle était vide. Une servante fit aussitôt irruption dans la salle. Son allure était tellement frêle et sa peau si pâle qu’elle paraissait presque translucide. Aussi personne ne remarqua sa présence. Elle déposa le plateau et quitta rapidement la pièce. Maol eut de nouveau sa tasse pleine, ce qui le rassura et lui permit de réfléchir.

« Pourquoi ne pas aller chercher le poignard d’argent ? On pourrait tuer la Discorde et on aurait pas besoin de l’Envi. »

Sa voix sortit si lentement de sa bouche que Una et Orgar mirent un temps aussi long avant de comprendre ce qu’il leur racontait.
Una poussa un soupire de soulagement se croyant délivrée à présent de la future présence de sa sœur. Mais Orgar vint rapidement lui enlever ses illusions.

« Le poignard est une idée possible, en cas de dernier recours, mais il nous faut la présence de l’Envie pour la future guerre. Sans cela nous serons en « minorité » face à l’ennemi. »

Orgar se leva.

« L’affaire est clos. Avez vous des questions ? »

Le Roi commencer à s'impatienter. Rien n'était réelement intéressant pour lui. Il se mit juste à tendre un peu ses oreilles pointues en direction de Maol lorsque celui ci parla du poignard d'argent. Cela faisait tellement longtemps que les 7 objets Anciens n'avaient pas étaient nommés en sa présence qu'il en avait presque oublié la signification. Car, son grand père, le Sage, lui en avait parler nombre de fois, se demandant tout le temps ce qui était réel et ce qui était légende. Maintenant il savait.

La discussion commencait à prendre une tounure intéressante lorsqu'Orgar vint affirmer que le sujet était clos.
Fart'h se leva d'un bon, faisant reculer sa chaise de ses jambes armées et posa les deux mains sur la table d'un coup.

"Clos? Comment cela "clos" ? Vous croyez que j'ai fait tout ce chemin et mené mon armée en ces terres pour m'entendre dire des choses que je sais déjà ? Vous allez devoir vous étendre un peu plus sur votre sujet et me dire EXACTEMENT ce que vous attendez de moi !! "

Invité

Karl Prosper suivait imperturbablement les débats depuis sa chaise de bois, silencieux et effacé au point qu'on en oublierait presque sa présence. Les représentants de Terre Obscure attablés ne lui prêtaient d'ailleurs pas la moindre attention, portés qu'ils étaient sur la discussion. Il était question du retour de l'Envie, de retrouver un poignard d'argent, l'un et l'autre ayant pour finalité de vaincre la Discorde - Et il savait combien cela importait à son maître. Néanmoins, et bien que son adhésion aille naturellement aux idées émises par l'Orgueil, il se gardait bien d'émettre des jugements sur les interventions des uns et des autres. C'était affaire de gens de puissance, et cela devait le rester.

Lorsque Orgar se leva pour mettre un terme à la séance du Conseil, Karl l'imita aussitôt. Ce fut le moment que choisit Fart'h Argawaen pour prendre à partie l'Orgueil. Tout roi qu'il était, il se montrait un peu trop insolent en agissant de la sorte, et c'est un regard chargé d'indignation que Karl posa sur lui.

Orgar dirigea son regard noir, réservé jusque là aux membres de sa famille, sur Fart'h Argawaen. Ses sourcils se froncèrent et une grimace de mépris s’inscrivit sur son visage.

« Comme je viens de le dire, l’affaire concernant la recherche de l’Envi est clos ! »

Orgar se tourna vers son fidèle serviteur.

« Karl, j’aurais une nouvelle mission à te confier. Pars à la recherche d’aventuriers qui seraient prêts à te suivre sur les terres obscures et ensemble allez à la recherche du poignard d’argent. Il se trouve actuellement dans les marécages du désespoir. Promets l’or qu’ils veulent, je n’en ais rien à faire, mais il nous faut cet objet impérativement ! »

Il se tourna vers les membres du conseil, avec son air supérieur qui dansait joyeusement sur son visage orgueilleux.

« Puisque Fart’h n’a pu maîtriser ses émotions comme il ce le doit lors d’un conseil et qu’il a vivement fait savoir qu’il souhaitait connaître la raison pour laquelle il a un rôle à jouer et bien nous allons nous attarder dessus. »

Orgar reprit place sur son siège, l’air encore plus insolent que jamais.

« Comme je lui ais déjà expliqué quand je me suis rendu dans son domaine, afin de pouvoir établir un contacte avec l’Envi, nous aurions besoin de l’utilité de ses dons de voyance. Il a demandé de ce fait la préparation d’objet de sacrifice, chose qui est faite. Il nous suffira d’allier notre magie à ses dons et nous pourrons retrouver la trace de l’Envi. La cérémonie se déroulera dans la coure intérieure, il y a suffisamment de place pour cela, à moins que votre préférence ne se tourne vers l’une des places sacrée de l’île dévotionnelle ? »

Gwenda, imperturbable, suivait en silence les répliques de chacun. L'idée de voir l'Envie revenir parmis eux ne lui plaisait guère, mais la jeune femme était consciente que jamais Orgar ne renoncerait à son idée.

" Quelque soit la récompense acquise, jamais l'Envie ne s'en contentera, lança t'elle enfin d'un ton frigide. Nous risquons beaucoup en la ramenant à nos côtés. Nous ne nous débarasserons pas d'elle aussi facilement que tu le prétends, Orgar... "

Elle joignit lentement ses deux mains ; un infime craquement de doigts résonna, sinistre, dans l'atmosphère lourde de la salle.

" Il fut un temps où l'Envie m'accordait une certaine confiance... Je m'occuperai personnellement d'elle. Il faut s'assurer qu'elle restera jusqu'au bout à nos côtés. Pour la suite, Una et moi lui règleront son compte, du moins une fois que nous serons certains de ne plus avoir besoin de ses services. "

Elle lança à sa soeur un regard entendu.

" Il me plairait simplement de savoir ce qui nous attend, ajouta t'elle finalement à l'attention d'Orgar. Si nous échouons, as-tu songé à une alternative? "

Maol, qui ne se préoccupait guère de la tournure que prenait le conseil, restait silencieux dans son coin, à regarder passionnément sa tasse ou à la mener de temps à autre à sa bouche pour se désaltérer. Il semblait presque s’endormir dans son coin. En réalité il cherchait un moyen pour ne pas avoir à partir à la recherche de l’Envi. C’était bien la dernière chose au monde qu’il souhaitait et il préférait faire travailler sa matière grise plutôt que de devoir supporter sa sœur pendant le voyage de retour.
Orgar eut la bonne idée de lui fournir une excuse tout prête. Maol se leva difficilement de sa chaise, la tasse dans sa main.

« Je vais partir avec Karl à la recherche du poignard. A nous deux nous parviendrons plus facilement à trouver du monde pour nous accompagner dans cette quête. »

Maol n’avait aucune intention de se battre ni de se fatiguer à retrouver le poignard d’argent bien qu’il s’agisse là de l’arme ultime de cette terre, qui permet à son possesseur de pouvoir tuer n’importe quel être lié à l’Être Suprême, qu’importe sa puissance et celle de son adversaire. Il ne voyait en ce voyage que l’excuse idéale.

Invité

Karl écouta d'une oreille attentive l'Orgueil lui exposer ses nouvelles directives : Réunir des aventuriers dans un premier temps et partir en quête du poignard d'argent, dans les marécages du désespoir. Si la première partie de cette mission lui semblait largement à sa portée -les personnes appâtées par l'odeur du gain ne constituaient pas une minorité en ce monde-, la deuxième en revanche ne lui inspirait rien de bon. Il n'avait jamais mis le pied sur cette portion de Terre Obscure mais le souvenir des rumeurs qui circulaient à propos des créatures y ayant trouvé refuge lui fit froncer les sourcils. Il chassa néanmoins rapidement ces pensées, seul importait la réussite de cette entreprise et la satisfaction de son maître qui en découlerait.

Il se frappa du poing sur le coeur, et répondit d'une voix grave :
« Je m'en vais sur le champ exercer votre volonté, Seigneur Orgar. »

Joignant le geste à la parole, il commença à se diriger vers la sortie, songeant déjà au meilleur endroit où débusquer des baroudeurs en mal de sensations et d'argent, quand Maol prit la parole. Karl se figea au timbre monotone de sa voix, et surtout à ce qu'elle venait d'exprimer. Ainsi, Maol désirait l'accompagner. Le jeune homme se serait bien passé de la compagnie de la Paresse, qu'il considérait comme un fardeau. Pour autant, il ne lui serait même pas venu à l'esprit d'émettre une contestation.

Bon gré mal gré, il se tourna donc vers celui-ci :
« C'est un honneur, Seigneur Maol. Peut-être pourrions-nous commencer par nous rendre sur l'île des pirates ? Nous n'aurons aucune difficulté à débusquer des aventuriers solides dans ce repère de racailles. »

Una avait presque envi de quitter ce conseil tellement elle était énervée. Elle estimait qu’elle n’avait pas à devoir payer aussi gros juste pour que son crétin de frère joue les maîtres du monde, même si la perspective d’écraser ses ennemis la réjouissait assez.
Elle-même cherchait un moyen afin de se débarrasser de cette corvée. Mais Maol était parvenu à prendre la seule échappatoire possible et elle ne pouvait décemment pas laisser l’Orgueil et la Gourmandise ensemble, même s’ils étaient accompagnés par le souverain du royaume maudit. Tous deux passeraient plus de temps à vouloir s’entretuer qu’à accomplir leur mission. Elle devrait donc se satisfaire de cette situation médiocre le temps qu’ils remportent la future guerre.
Gwenda affirma que toutes deux pourraient régler son compte à leur sœur. Una se mit à sourire dans un premier temps. Puis un rire glacial sortit de sa bouche. L’idée de pouvoir anéantir la pire créature qui soit sur terre la réjouissait.
Son rire s’évanoui dans la salle pour laisser une lueur de plaisir dans ses yeux et un sourire pervers sur ses lèvres.
A présent la question était de savoir si un plan de secours si leur plan principal venait à échouer.

Orgar écouta la Gourmandise, non sans lui adresser un regard noir.

« Evidemment que l’Envi ne se contentera pas de ce qu’on lui donnera, et c’est pour cette raison qu’elle restera à nos cotés, par ce qu’elle attendra de nous qu’on lui en donne toujours plus. »

Gwenda évoqua par la suite l’idée de tuer elle-même, avec Una, leur sœur. Una semblait plus que partante et voir sa sœur se réjouir de la mort de quelqu’un ne put que lui faire décrocher un sourire de satisfaction.

« Très bien. Une fois que la guerre sera terminée et que nous serons au pouvoir, vous vous occuperez de son cas. »

Son sourire disparut rapidement lorsque Gwenda évoqua la possibilité de l’échec face au plan qu’il avait formé. Une lueur glaciale naquit trouva vie dans ses yeux. Ses lèvres se pincèrent. Sa voix se mit à résonner dans la pièce, répliquant à sa sœur, comme si ce qu’elle avait dit était la plus grosse idiotie jamais prononcée sur cette terre.

« Il n’ y a aucune raison pour que cela échoue. Ce plan ne peut que marcher sauf si quelqu’un d’assez stupide commettait une erreur et que nous soyons contraint de tout recommencer.
Quant à ce qui nous attend, voici comment cela va se dérouler. Fart’h Argawaen fera appel à ses dons de voyance afin de pouvoir localiser l’Envi. Cependant celle-ci se trouve certainement protégée par une barrière magique nous empêchant de mener à bien cette mission. C’est pour cela que nous ferons appel à nos pouvoirs afin de les joindre aux siens. En temps normal j’avais escompté que Maol ferait partit des nôtres, mais je doute que cela fasse une véritable différence. Nous sommes largement assez puissants pour mener à bien cette mission sans l’aide de la Paresse.»

Maol se dirigea vers Karl, avançant lentement, puis s’adressa à lui.

« Je vais chercher quelques affaires indispensables pour le voyage. Tu peux m’attendre dans la coure, près de l’écurie si tu veux. »

Karl proposa de se rendre sur l’île aux pirates. La Paresse se mit à le regarder comme s’il ne comprenait pas ce qu’il voulait lui dire. Il regarda le jeune homme puis finit par hocher la tête.

« Bonne idée. »

Il sortit de la pièce sans ajouter de mots.

« A toute à l’heure Karl. »

Pendant que les autres abordaient la question de savoir si l’Envi accepterait de rester avec eux, Maol se dirigea vers ses appartements. Il entra dans la pièce principale de ces derniers, puis s’empara avec lenteur d’un sac. Il prit le chemin des cuisines et mit dedans deux tubes métalliques, fermés de part en part, contenant du thé, et les introduisit dans son sac. Il plia sa chère tasse dans un linge et la déposa dans le sac.
Il gagna par la suite la coure intérieure, cherchant prés des écuries la présence de Karl.
Il suffisait à présent qu’ils se rendent rapidement au port. Maol pourrait utiliser son pouvoir élémentale de l’Eau et ils pourraient ensemble se diriger vers le port de l’île aux pirates.

» Les rumeurs du Grand Bal Blanc