Une offre pour Ævendur

Le traget n'avait guère duré longtemps, bien que le Chateau de l'Obscurité, demeure des allégories maléfiques, ne se trouvait pas à proximité du Port. Il avait bien fallu un bon quart d'heure de route avant que l'on ne voit apparaître les premières toures, se glisser hors de l'obscurité.
La femme accéléra. Le payasage défilait si vite qu'il était impossible de voir quoi que soit, excepté la battisse infernale, dont les contours se dessinaient avec plus de précision.
Trois quart d'heure, et une folle chevauchée, plus tard, ils parvinrent devant le précipice. La femme avait rallentit, et passait avec plus de précaution sur le pont qui menait à l'entrer du Chateau. Bien qu'elle fut "de la maison", elle avait bien dûe attendre quelques minuttes avant que les orques ne se décident à abaisser le pont-levis. La lourde porte rejoint le pont, et la femme avança jusqu'à parvenir dans la coure intérieure.
La coure intérieure était incroyablement immence, débordant d'Orques et autres créatures faisant partie de l'armée des résidants du Chateau. La femme avança jusqu'à parvenir devant l'entrer de la demeure. Elle descendit de sa monture, qu'elle laissa au bon soin des serviteurs. Puis elle fit un signe de la main à Ævendur afin qu'il la suive. Elle craignait certainement que sa curiosité l'attarde à regarder les derniers prisonniers se faire malmener jusqu'aux cachots, ou par les scènes de tortures extérieures.
Elle emprunta les escaliers, le conduisant jusqu'au deuxième étage, où se trouvaient les appartement des allégories. Elle frappa à l'une des portes, qu'elle ouvrit aussi. Sans mettre le pied dans la pièce, elle l'invita à entrer.
Dans la chambre, se tenait face aux fenêtre, une jeune femme brune, qui visiblement attendait avec une certaine impatience l'arrivée de l'elfe noir.

Le voyage avait été moins long que ce qu'Ævendur s'était imaginé, et il soupçonnait une intervention magique quelconque d'en être la cause. Quand ils arrivèrent devant l'enceinte du colossal Château, son pouls s'accéléra fortement. Son imagination ne lui avait pas permis d'entrevoir un pareil monument, et bien qu'il soit ici comme invité, il ressentait quand même une certaine appréhension. Lui qui était habitué aux ruelles glauques et petites boutiques vermoulues, était maintenant devant un des édifices les plus imposants de ce monde.
Il suivit la femme qui lui servait de guide à travers les différentes pièces, escaliers et couloirs, se laissant malgré lui distraire par tout ce qu'il voyait. Ces Orques qui lui rappelaient une certaine tête dans un certain bocal, ces gens torturés, ces prisonniers humiliés, il était bel et bien dans le cœur palpitant du continent du Mal.
La femme le conduisit jusqu'au deuxième étage, et l'invita à entrer dans une chambre dans laquelle se tenait une belle femme brune. Première surprise, il était persuadé qu'il rencontrerait Orgar, mais il semblait qu'il n'avait pas vu juste. Il se garda cependant bien d'extérioriser le moindre signe d'étonnement et pénétra dans la chambre. Il ne fit pas la moindre révérence, ni le moindre salut, son sens de la courtoisie et du protocole ayant énormément souffert de son séjour au port. Il ne prononça pas non plus le moindre mot, et fixa la femme posée à la fenêtre, attendant une réaction de sa part. Après tout, c'était elle qui avait demandé à le voir.

Elle avait attendu depuis bien longtemps, et enfin celui qu'elle désirait tant voir était entrer dans la pièce. Un large sourire de satisfaction apparue sur ses lèvres.
Depuis le début, elle et le Souverain du Royaume Maudit s'étaient vu s'opposer. L'un après l'autre ils s'étaient mené une guerre personnelle. Elle avait perdu le dernier combat. Fart'h avait fait prisonnier la contesse sanglante, la seule "amie" qu'elle avait et l'avait contrainte à signer un contrat l'interdisant de nuire au Souverain.
Elle s'était retrouver seule... mais à présent, elle avait l'occasion de se faire un allier. Certes, elle ne pouvait agir directement, mais elle pouvait l'aider. Après avoir murement réfléchit, elle avait prit la grande décision de changer de tactique. L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Et elle était bien décidé de ne pas agir autrement.
Naturellement, elle ne pouvait laisser sa personnalité explosée ainsi devant cet inconnu. Le passé lui avait prit qu'un brin de politesse, et d'hypocrisie pouvait faire des miracles, même si dans son cas cela avait été éxagérée.
Elle avait donc prit grand soin de soigner son apparence. Sa coiffure en pique avait été oubliée. A la place, elle avait simplement laissé ses longs cheveux lisses et noirs retomber sur ses épaules. Elle portait, comme à l'acoutumer, une robe blanche. Son maquillage était plus discret, mais faisait ressortir la paleur de son teint.
Elle se tourna vers Ævendur, un vague sourire aux lèvres.

"Je vous remercie de vous être déplacé."

Elle désigna la chaise se trouvant à ses cotés.

"Prenez place. "

Elle l'observa un instant, tout en continuant de sourire.

"Savez-vous qui je suis?"

Elle attendit qu'il eut répondu, avant de poursuivre.

"Moi je sais qui vous êtes. Bien que j'ai été endormie un long moment, j'ai tout de même prit l'initiative de mener une petite enquête. Et pour être franche, ce n'était pas sur vous que mon enquête fut menée. Mais sur Fart'h. Il se trouve que nous avaons un léger.. désaccord. Et c'est pour cette raison que je souhaiterais vous faire une offre. "

Elle prit place sur la chaise en face.

"Souhaitez vous boire quelque chose, ou manger, pendant notre conversation?"

Elle fit appeler une des servantes.

"Je m'engage à rendre la vie à votre soeur, et à vous aidez dans votre vengeance contre le Souverain du Royaume Maudit. En échange, je ne vous demande que trois fois rien, qui ne vous couteras pas grand chose. Seulement, votre temps."

Elle plongea son regard dans celui du jeune elfe afin de connaître sa réaction. Avant qu'elle n'en dise plus, elle voulait s'assurer que celui-ci se montre intéressé.

Ævendur s'assit sur la chaise que la noble femme lui avait présentée. Après l'avoir observé un instant, elle lui demanda s'il savait qui elle était. Le fait était qu'il ne savait pas, elle aurait aussi bien put être Una, que Wanda ou encore Gwenda. Ses anciens professeurs devaient se retourner dans leur tombe à l'heure actuelle, mais les différents portraits des quatorzes qu'il avait put voir jadis s'étaient mélangés dans son esprit avec les années. Le seul qu'il aurait put reconnaître à coup sûr était Orgar, dont les tableaux, statues et autres tapisseries proliféraient dans le manoir familial du temps de son père. C'est pour ça qu'il répondit négativement à la question, ne prenant ainsi pas le risque de sortir une absurdité.
Puis elle lui expliqua qu'elle avait un différent avec Fart'h Argawaen. Une ennemie du souverain des Elfes Noirs, voilà qui attisa la curiosité d'Ævendur. Elle lui proposa aussi de redonner la vie à Laarn'i. C'était quelque chose de totalement inespéré pour l'Elfe, et il lui était à présent difficile de refuser. Bien sûr c'était peut-être un piège, mais il n'avait plus grand chose à perdre à présent, et il imaginait mal que cette femme soit au service de Fart'h, qui essaierait de le manipuler. On était dans le Château, et le souverain n'était pas assez puissant pour pouvoir faire une telle mise en scène, et surtout ici.

<< Je dois admettre que l'immortalité procure du temps à offrir, et l'idée de pourrir la vie de l'Argawaen est probablement la plus réjouissante qu'on m'ait proposée aucours du dernier siècle. Si vous me garantissez que vous pouvez ressusciter ma sœur, je pourrais aller au bout du monde régler vos différents. Je demande juste à en savoir un peu plus sur la mission que vous souhaitez me confier, connaître votre nom, et si vous pouviez exécuter et ressusciter un esclave devant moi, ça me conforterait dans ma position. >>

Ævendur se montra intéressé par la proposition de Wanda, même s'il se montra prudent. Il commença par confirmer les soupçons de l'Envie en confirmant qu'ils avaient un ennnemi commun, mais il souhaitait connaître plus en détail ce qu'elle attendait de lui, connaître son identité, et qu'elle lui prouve qu'elle était bel et bien en mesure de ramener sa soeur à la vie.
Un fin sourire se déssina sur ses lèvres, elle ne pensait pas qu'il allait demander une démonstration. Mais il fallait commencer par le commencement. Elle se leva, se dirigea vers l'une des armoires, qu'elle ouvrit. Elle prit un des nombreux manuscrits, qu'elle ouvrit, et déposa sur la table face à l'elfe noir. Sur la double page en question se trouvait une sorte d'arbre génalogique. A gauche, le mal, à droite le bien. Chacune des allégories étaient représentées. Le portrait de Wanda était situé sous celui de La Luxure. En-dessous était inscrit: Wanda, L'Envie.

"Je suppose que cela répond à l'une de vos questions."

Elle reprit place en face d'Ævendur, après avoir prit soin de refermer l'armoire.

"Afin de prouver qu'un fond d'honnêté existe en moi, et que cette affaire est importante pour moi, je vais vous expliquer la raison pour laquelle il m'est impossible d'accéder à votre deuxième requette. Lorsque le monde fut créé par l'Être Suprême il mit en place une règle d'équilibre, par conséquent réssuciter quelqu'un devenait impossible. Mais à chaque règle il existe une excéption. Afin de faire revenir une personne à la vie il fallait que chaque représentant d'un élément accèpte de se prété à un rituel. Il faut donc un réprésentant de l'Eau, un de la Terre, un de l'Air, un du Feu et un de l'Ether. Il aussi nécessaire d'avoir un corps pour l'âme et tout le petit tralala qui s'en suit. Il y a peu de temps Fart'h fit prisonnier Elisabeth, connue sous le nom de la Baronne sanglante. Nul en ces terres n'ignore que c'est l'une de mes amies les plus proches. En échange de sa liberté je devais lui révéler le secret qui permettrait de donner à son frère son corps. Celui que je viens de vous révéler. Comprenez bien que ce n'est pas de gaité de coeur que je le fais. Et sachez aussi que ce genre de rituel ne peut avoir lieu tous les jours. Il n'est pas aisé de convaincre les "autres" membres de ma famille d'y participer. Cependant Fart'h a un plan qui lui permettrait d'obtenir l'accord du Feu et de l'Air."

Wanda se pencha en avant, un sourire maléfique et jubilatoire sur ses lèvres. L'idée de faire du mal à Fart'h la rendait folle de joie d'avance.

"Ce que je vous propose c'est, au lieu de ramener son cher frère, qu'il aime plus que tout, de ramener votre soeur à la vie, en trompant le souverain du Royaume maudit. Et en contre-partie, il vous faudra faire deux choses pour moi. L'une est de ramener ici une personne se nommant Capt'ain An-Barry. elle est capitaine d'un navire pirate, et ses dons peuvent se montrer très utils pour notre rituel. La seconde sera juste de m'accompagner dans certains lieux. Vous ne serez contraint de rien une fois que vous aurez fait acte de présence. Vous pourrez agir à votre guise. Et vous aurez même l'occasion de vous trouvez en présence de mon frère, Orgar. "

Wanda avait bien mené son enquête, et ne doutait pas que ce dernier point évoquer allait peser dans la balance.

L'Envie. C'était une allégorie intéressante qui se tenait en face de lui. Ævendur l'écouta attentivement. Elle ne pût pas lui prouver qu'elle était capable de ressusciter qui que ce soit, mais son argumentation semblait être de bonne foi. Elle paraissait avoir une énorme rancœur contre Fart'h, et c'était un point capital, car quoi de plus fort que la haine envers une même personne pour créer des liens?
Ressusciter sa sœur et piéger Fart'h du même coup, c'était tout simplement inespéré. Et pour ça il n'avait qu'à réaliser une petite quête et escorter Madame en quelques endroits. Vu qu'il n'avait plus d'attache nulle part, ça ne le gênait aucunement. La possibilité de rencontrer Orgar, à côté de la vie pour Laarn'i, ne semblait être qu'un bonus.

<< Eh bien ça m'a tout l'air d'être une proposition extrêmement intéressante. Le seul ennui est que je ne sais pas du tout où trouver ce fameux capitaine. Mais peut-être avez-vous une idée... >>

Pendant qu'il était dans les bonnes grâces de l'allégorie, il se dit qu'il était peut-être bon d'en profiter au maximum. Son équipement était très vieux, et il espérait pouvoir le faire réparer, voir même le changer contre un meilleur. Dégainant alors son arme il ajouta:

<< Est-ce que par hasard vous n'auriez pas une armurerie dans le coin. Avec toutes ces années passées à s'user, cette lame n'est plus d'une efficacité redoutable. >>

Ævendur accepta donc l'offre de l'Envie, qui une nouvelle fois se mit à sourire, révélant qu'elle allait prendre goût à cette torture qu'elle allait infligée au Souverain du Royaume Maudit. Non seulement il allait perdre tout espoire de revoir son frère, mais en plus ceci allait se faire au profit de son ennemi. Naturellement elle allait devoir prendre garde. Fart'h manipulait les esprits, elle devrait donc se montrer prudente et l'empêcher de deviner ses intentions.
L'elfe noir se montra prêt à coopérer, dès à présent. Il s'enquit du lieu où il pourrait trouver la fameuse pirate.

"Si mes souvenirs sont bons, vous pourrez la trouver sur l'île aux pirates, c'est générallement là que son navire se trouve. Elle est connue à la taverne. Il vous sera possible d'obtenir des renseignements sur elle. Quant aux armes, nous n'avons ici que le matérielle de base, mais il me semble qu'Orgar va passer une commande dès ce soir à l'Armurerie de l'île Promachos. Soit vous en profitez et récuperez les armes à votre retour, soit vous vous rendez à l'Armurerie directement."

A nouveau, elle quita son siège et rouvrit l'armoire.

"Pour les frais, et contre la lumière."

Elle jeta sur la table une large bourse en cuire, remplit d'écus, et une potion noire, qui neutralise les effets de la lumière pendant une semaine.

Ævendur fit tournoyer son arme autour de son poignet. Pourquoi ne pas faire un tour d'honneur avec elle? Il la changerait quand il aurait ramené An-Barry. Il rengaina et se saisit de la fiole que l'Envie venait de jeter sur la table. Cette fiole avait des propriétés très intéressantes. Il avait développé une aptitude lui permettant de se protéger du soleil pendant près d'une heure, mais avec la semaine qu'offrait cette potion, il entrait dans une toute autre dimension. D'autant que peu de gens s'attendent à voir un Elfe Noir résister au soleil. Il attrapa ensuite la bourse. Il la fit sauter dans sa main pour estimer la quantité d'écus qu'elle contenait, et afficha un sourire de satisfaction. Il y avait probablement plus que nécessaire. En tout cas, il fallait vider pas mal de cadavres pour acquérir une telle somme avec son ancienne profession.

<< Eh bien dans ce cas, direction le port. Fart'h mon ami, tu peux commencer à grincer des dents. >>

Il adressa à l'allégorie un dernier sourire complice et se retourna vers la porte. Il avança d'un pas assuré, ce qui était une façon de montrer à Wanda sa détermination. Son départ était assez rapide, mais si elle avait une dernière recommandation à lui faire, il était toujours temps de l'arrêter.
Il repassa devant la femme encapuchonnée qui l'avait guidé et lui demanda:

<< Je ne suis pas sûr d'avoir bien mémoriser le chemin. Peut-être aurez-vous l'amabilité de me le rappeler ? >>

Pour l'instant, Ævendur allait devoir se contenter de son propre matériel. Il prit les cadeaux de l'Envie, et dans un dernier sourie complice qu'ils échangèrent, il quitta la pièce.
Cette histoire avait permit à Wanda d'apprendre une chose. Dans la vie, il vaut mieux compter sur les ennemis de ses ennemis, que sur ses ennemis. La Baronne avait échoué, mais le regarde et l'envie de vengence de l'elfe noir laissait présager des résultats satisfaisants.

Dans la coure intérieure, la femme, recouverte de sa cape noire l'attendait avec une monture. Naturellement, celle-ci était destinée à Ævendur.
Elle lui indiqua le chemin à suivre pour retourner au port, prendre simplement le chemin menant vers l'Est, ou, pour faire simple, tout droit.

"Une fois au port, vous n'aurez qu'à transmettre votre destination à n'importe quel marin."

Elle s'approcha de lui, et parla à voix basse.

"Je suppose qu'il n'est nullement nécessaire de préciser que l'identité de ma maîtresse doit rester secrette. A aucun moment vous ne devez laisser entendre que vous avez tous deux conclus un marché. Les retombées peuvent bien plus néfastes que vous ne le supposeriez."

Elle s'écarta. Un vague sourie se dessina sur ses lèvres.

"Sur ce, je vous souhaite bon voyage."

Elle tendit à nouveau les rennes de la monture à l'elfe noir.

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