Arrivée dans les ruines

Le vent sifflait aux oreilles de Lothundien qui marchait en direction des ruines. S'il voulait découvrir ces traces d'un passé glorieux c'est parce qu'il y a trois semaines de cela il fut pris du désir de quitter le modeste paysan qui l'avait recueuilli pour retourner dans sa forêt d'origine. Mais en chemin il avait fait la rencontre fortuite d'un jeune aventurier avide de richesses qui avait ouïe dire que dans ces ruines se cachaient monts et merveilles. Le jeune lutin avait accepté de l'accompagner dans son périple mais au bout de trois jours de voyage communs, le jeune homme avait décidé de faire route seul, trop agacé par Lothundien qui était plutôt bruyant et qui fouillait dans ses affaires. Le lutin avait donc continué de voyager sans son compagnon.

Ce n'était pas plus mal finalement pour Lothundien qui n'aimait pas marcher sur les routes comme les vulgaires humains. Il préférait largement courrir dans les buissons et les herbes pour voyager. Il se déplacait donc ainsi, sautant de fourrés en fourrés, moyen de locomotion malpratique certes, mais ô combien plus amusant pour le jeune lutin. Pour ne pas se tromper de chemin il restait à quelques mètres du sentier balisé.

Ainsi au bout de trois semaines il fut enfin en vue des ruines. Le spectacle de ces ruines immenses qui témoignaient d'un passé grandiose et prospère coupa le souffle au jeune lutin qui n'avait vu jusque là que son village et une vieille ferme miteuse. Même brisées par le temps, les bâtisses de jadis étaient splendides. Lothundien se promena donc pendant de longues heures entre les pierres, à la recherche de quelque chose à manger ou de quelques objets brillants dont il raffolait. Par chance il découvrit un vieil arbre dont les branches se couvraient de gros fruits rouges: des pommes. Lothundien entreprit l'escalade de ce pommier avec l'aide de son pouvoir. Il réussit à décrocher une petite pomme qui suffirait à caler son estomac pour au moins un ou deux jours. Il s'installa alors sur une colonne recouverte de mousse et entreprit de déguster son "festin".

*Miam, après ca je verrais si je ne trouve pas d'objets brillants! Les humains perdent tout le temps leurs objets brillants! Il doit y en avoir des centaines dans cette ville! Je serais le plus riche des lutins!*

Une lueur d'avidité passa dans les yeux du lutin qui se mit à croquer sa pomme à pleine dents.

Opaline avait quitté sa demeure juste après le départ de son frère pour l’île aux pirates. Elle doutait qu’il apprenne facilement quelque chose en ce lieu, étant donné l’aura de Justice qui s’émanait de lui.
La jeune femme s’était rendu dans les ruines et ceci pour une raison particulière. I fallait qu’elle trouve une personne particulière résidant en ce lieu. On lui avait confié un jour qu’une vieille sorcière vivait dans ses ruines, car sa famille avait depuis des siècles refusés de quitter la demeure qui était la leur depuis maintes et maintes générations. Cette sorcière possédait une connaissance et une vision particulière dans le temps. Elle aurait, selon la rumeur, était une des descendantes de la première grande prêtresse qui ait existée. Elle aurait pu donc l’aider à trouver le seul objet qui lui permettait de lui apporter les réponses aux questions qu’elle se posait.
Elle marcha lentement, le regard un peu perdu dans le vide lorsque celui-ci remarqua une des choses à laquelle elle s’attendait le moins. Sur l’une des colonnes se trouvait un petit être qui mangeait une pomme. Opaline sourit à cette vision. Elle s’approcha de lui et vint s’assoire délicatement à ses cotés. Tout en lui souriant amicalement elle s’adressa à lui.

« Bonjour. Je m’appelle Opaline. Et toi comment tu t’appelles ? Peut être que tu pourrais m’aider. Je cherche la vieille Sorcière Elliane. Est-ce que tu sais où elle est ? »

Trop occupé par son repas Lothundien n'avait pas vu approcher la jeune femme. Lorsqu'elle s'adressa à lui, il émit un cri de stupeur et bondit, utilisant son pouvoir d'air pour gagner en hauteur.

"Ahhhhhhhhhhhhhhhh!"

Quand le petit lutin retomba sur ses pieds il dévisagea la nouvelle venue.

"Grrrr, méchante humaine! Il ne faut pas me déranger quand je prends mes repas! Et en plus tu me parles d'une sorcière! Tu en es peut être une?"

Lothundien regarda Opaline avec méfiance, une pointe d'hostilité brillait dans ses yeux ce qui ne collait pas vraiment à son apparence de petit lutin joyeux affublé d'un chapeau de feuilles ridicule. Mais au bout de quelques secondes il fut obligé de constater que de cette jeune femme, il n'émanait que de la douceur et de la gentillesse.

"Et puis d'abord je la connais pas la sorcière, je cherchais juste des objets brillants et de la nourriture!"

Lothundien s''approcha d'Opaline et renifla le bas de sa robe.

"Je m'appelle Lothundien... Mais tout le monde m'appelle Lothi..."

Opaline observa, non une certaine surprise, le petit être s’envoler et pousser un cri de stupeur à son encontre. Elle resta interdite pendant plusieurs minutes ne sachant que dire.
Lothundien l’informa aussitôt qu’il était discourtois de sa part de le déranger durant son repas. Opaline ne sut que dire. De même lorsqu’il la soupçonna d’être une sorcière. Elle crue bon aussitôt de lever le malentendu qui s’était immiscé entre eux.

« Non, non je ne suis pas une sorcière. Je suis…. »

Opaline hésita lors d’un instant. Elle ne pouvait pas vraiment se qualifier d’humaine, puisqu’elle ne l’était pas. A vrai dire elle appartenait à une race qui ne possédait pas réellement de nom.

« Je suis la fille de la Prudence et de l’Air. »

Cela n’était qu’un vague résumé de ce qu’elle était réellement, mais ne pouvait faire mieux pour l’instant. Peut être que dans un autre temps elle apporterait des informations plus complètes sur ce qu’elle était, mais l’heure n’était pas à cela.
Le lutin l’informa qu’il ne connaissait pas de sorcière et que la seule chose qu’il l’intéressait était pour l’instant était la nourriture et les objets brillants. Opaline se mit à lui sourire amicalement.

« A vrai dire si je cherche cette sorcière, qui n’est pas une mauvaise sorcière, c’est pour trouver un objet brillant. »

Après avoir sentit le bas de sa robe, chose qui surpris et amusa la jeune femme, le lutin se présenta.

« Enchantée Lothundien. Tu me permets de t’appeler Lothi aussi ? »

Lorsque Opaline déclina son identité, Lothundien se mit à sourire amicalement, répondant au sourire de la jeune femme. Il reprit alors son trognon de pomme, s'assit par terre sur un petit tapis de mousse et rajusta son chapeau de feuilles trop grand pour lui. Il ne trouvait absolument pas suspect qu'une femme soit la fille de la Prudence et de l'Air, le petit lutin pensa tout simplement que c'étaient les noms de ses parents et que les humains avaient des noms pour le moins étranges.

« A vrai dire si je cherche cette sorcière, qui n’est pas une mauvaise sorcière, c’est pour trouver un objet brillant. Enchantée Lothundien. Tu me permets de t’appeler Lothi aussi ? »

"Oui, tu peux m'appeller comme ca... Opaline c'est ca?"

Lothundien fit mine de réfléchir, il était en fait tout excité par ce que venait de lui dire la jeune femme. Si elle cherchait une sorcière pour avoir un objet brillant, cet objet devait être très... brillant! Une lueur d'avidité passa dans ses yeux, il délaissa son trognon de pomme.

"Je vais t'accompagner pour que tu retrouves ta sorcière puisqu'elle possède des objets brillants!"

Joignant le geste à la parole, le petit lutin bondit sur la robe de la jeune femme qu'il escalada avec une facilité et une agilité déconcertantes pour finalement se loger sur son épaule, comme si elle avait déjà, acceptée de l'emmener avec elle.

"Bien sûr on partagera les objets!"

Opaline ne pouvait s’empêcher de sourire en apercevant l’attitude, qu’elle jugeait de « si adorable », du petit lutin. Elle l’observa entrain de manger sa pomme. Il lui accorda la permission de l’appeler Lothi et vérifia si son nom était bien Opaline.

« Oui, c’est bien ça. »

La jeune femme se tenait toujours assise sur une des ruines, qui devait probablement être un fût de colonne il y a bien longtemps. Ses jambes étaient serrées l’une contre l’autre et ses mains, l’une sur l ‘autre, reposaient sur ses genoux.
Lothundien grimpa aussitôt sur l’épaule de la jeune femme et lui affirma qu’ils partageraient les objets qu’ils trouveraient. Opaline fut soudainement mal à l’aise. Le lutin avait cru comprendre qu’elle allait chercher l’objet de sa quête chez la vieille femme et que par conséquent elle possédait d’autres objets brillants. L’aide du lutin lui serrait certainement enlevée si elle lui avouait qu’il avait mal interprété ses paroles, or elle aurait certainement besoin de celle-ci. Il fallait donc qu’elle parvienne à négocier.

« La sorcière chez qui je vais n’a pas d’objet brillant chez elle.»

Elle hésita un instant puis continua.

« En fait je ne vais chercher qu’un seul objet. On ne pourra pas le partager, mais si tu viens avec moi alors je te donnerais ce que tu veux à manger, ainsi qu’un objet brillant. Tu es d’accord ? »

Opaline apprit à Lothundien qu'il n'y avait pas d'objet chez le sorcière, le lutin baissa les oreilles et prit un air triste.

« En fait je ne vais chercher qu’un seul objet. On ne pourra pas le partager, mais si tu viens avec moi alors je te donnerais ce que tu veux à manger, ainsi qu’un objet brillant. Tu es d’accord ? »

Lothi relève ses oreilles et sourit de toutes ses petites dents pointues.

"Si tu me donnes de la nourriture et un objet brillant je suis prêt à te suivre!"

Le petit lutin, assit confortablement sur l'épaule de la jeune femme, éclata d'un petit rire cristallin qui marquait sa sympathie pour Opaline. Puis, soudain, il arrêta de rire et prit un air triste de chien battu et gêmit.

"Tu sais, j'ai beaucoup marché aujourd'hui! Pour un petit lutin comme moi c'est très dur de marcher sur des grands sentiers humains! J'ai très mal aux pieds, oui... Très mal! Je suis très fatigué alors tu vas devoir me porter! Et j'ai aussi très faim!"

Lothundien la regarda, attendant qu'elle lui donne quelque chose.

Le petit lutin se mit à sourire et Opaline à rire doucement. Lothundien était partant pour l’accompagner chez la sorcière. Et peut être même qu’il accepterait de continuer avec elle jusqu’à la fin de quête.
Le petit être, qui se trouvait toujours assis sur ses épaules, se mit à passer du rire à la triste mine. Ne comprenant pas ce changement soudain d’attitude, Opaline s’apprêtait à lui demander des explications, mais celui-ci la devança. Il lui expliqua qu’il avait mal aux pieds et qu’il avait faim. Opaline ne put empêcher un discret rire amusé de sortir d’entre ses lèvres, qu’elle cacha rapidement derrière un sourire amical et bienveillant.

« Ne t’en fais pas, je vais marcher pour deux. »

Aussitôt Opaline se leva, tout en prenant soin, en faisant des barrières avec ses mains, d’empêcher le lutin de tomber de son épaule.
Sans oublier le second problème de Lothundien, la jeune femme chercha du regard s’il n’y avait pas quelques baies sauvages dans le coin. Tout en faisant quelques pas, elle expliqua la situation au lutin.

« En fait, je suis partie tellement vite de chez moi que j’en ais oublié de prendre à manger. Je ne pensais pas rester trop longtemps par ici. Mais ne t’inquiète pas, je crois savoir où on peut trouver des fraises. »

Opaline fit quelques pas vers le nord.

« Et si tu me racontais un peu ton histoire pendant que nous avançons. »

Opaline expliqua à Lothundien qu'elle était d'accord pour le porter ce qui lui plût, il était fort à son aise sur l'épaule de la jeune femme et ne souhaitait qu'y rester. Il ne remarqua pas qu'elle possédait des dons magiques et qu'elle s'en servait apparemment pour le faire tenir en équilibre. Mais lorsqu'elle lui annonca qu'elle ne possédait pas la moindre nourriture, il afficha une moue boudeuse, lourde de sens.

« Et si tu me racontais un peu ton histoire pendant que nous avançons. »

Lothi trouva la proposition amusante et cela l'occuperait pendant qu'Opaline marcherait. Il commenca donc son réçit depuis le début.

"Hé bien je suis là parce que je cherche des objets brillants et de la nourriture, c'est un homme barbu qui m'a dit qu'il y avait des trésors fabuleux ici! Et des trésors fabuleux c'est forcément des objets brillants et de la nourriture! J'ai cherché mais j'ai pas trouvé encore alors j'ai mangé une pomme et Opaline est arrivée!"

Lothundien n'avait pas pensé une seule seconde que la jeune femme lui demandait de raconter l'histoire de sa vie.

"Et toi Opaline c'est quoi ton histoire? Pourquoi est ce que tu es habillée tout en blanc comme ca! Le blanc ca fait beaucoup de tâches! Et comme tu t'es assise sur la pierre pleine de mousse tu vas avoir les fesses toutes vertes!"

Le petit lutin éclata d'un rire enfantin et tapa dans ses mains, il ne laissa pas Opaline répondre à ses questions avant de recommencer à parler.

"Tu connais des chansons? Moi j'aime les chansons, tu peux chanter?"

Le petit lutin ne semblait pas apprécier le fait qu’Opaline ne possédait rien sur elle pour combler le vide dans son estomac laissé par la faim. La jeune femme espéra que le petit être ne lui en tiendrait pas rigueur. La suite confirma ses espérances. Il paraissait ravi de pouvoir raconter sa propre histoire. La jeune femme fut charmée par ce récit, court certes, mais qui lui permit d’apprendre d’où lui venait cette conviction si forte qu’il y avait des « objets brillants » en ce lieu. De toute façon, il ne pouvait en être autrement. Ce lieu était autrefois la plus grande cité habitée par les hommes, ainsi que par des habitants d’autres races. A peine les premières pierres furent-elles tombées, lors de la Grande Guerre, que les habitants fuirent en laissant leurs biens. Au fil du temps les trésors furent enfouis et les plantations qui s’étendaient autour de la ville, répétaient leur floraison chaque printemps sans que la main humaine ni fut pour quoi que ce soit.

Opaline était plongée dans ses souvenirs lorsque les mots « fesses » et « vertes » résonnèrent dans sa tête et la sortirent de ses pensées. Elle s’arrêta d’avancer aussitôt, trop surprise par cette exclamation pour que ses pas ne les emmenèrent plus loin tous les deux. Le rire de Lothundien retentit près de son oreille. Opaline se laissa emporté par cette allégresse et se mit à rire à son tour. Elle aurait toutefois souhaité se retourner et examiner son postérieur afin de vérifier s’il était bien devenu vert, mais elle aurait certainement paru trop stupide. Elle se contenta donc de sourire.

« Ce n’est pas grave, je la ferais laver en rentrant si elle est tachée. »

Mais le lutin lui fit part de son enthousiasme envers les chansons et lui demanda de lui en chanter une. Opaline réfléchie un instant. Elle ne s’était jamais préoccupée de connaître se genre de chose avant aujourd’hui. La seule chanson qu’elle connaissait était celle que des enfants avaient chanter dans la forêt un jour où elle se promenait. Elle se demanda si celle-ci ferait l’affaire.

« Je ne connais qu’une seule chanson. Mais elle n’est pas vraiment appropriée à la situation. C’est plus une chanson que l’on chante au coucher du soleil. Mais je peux te la chanter si tu veux. »

Opaline préféra attendre la réponse de Lothundien avant d’entreprendre quoi que ce soit.

Lothundien commencait à apprécier la compagnie de la jeune femme qui certes n'était pas très bavarde ni active mais qui riait à ses paroles, ce qui lui suffisait amplement puisqu'il était capable de faire la conversation à lui seul. Opaline répondit au lutin qu'elle ne connaissait qu'une seule et unique chanson qui ne se chantait habituellement qu'au coucher de soleil.

« Moi je connais une chanson très longue! C'est un paysan qui me l'a apprise! Mais moi aussi elle ne se chante qu'à certains moments! Mais bon, je l'aime bien! »

Lothi tapa dans ses mains pour montrer son excitation, à présent son seul désir était d'entendre Opaline chanter, il avait oublié la nourriture et les objets brillants comme un enfant passe d'un caprice à un autre.

« Mais d'abord tu vas devoir me chanter la tienne! »

Le petit lutin qui ne tenait pas en place se mit à grimper sur la tête d'Opaline. Une fois bien installé entre les cheveux blonds, il afficha un sourire de satisfaction.

« Je suis très grand maintenant! »

Lothundien semblait apprécier la compagnie d’Opaline, ce qui faisait sourire la jeune femme. Elle fut bien aise de pouvoir constater que le lutin avait délaissé momentanément son ambition de trouver de la nourriture et son intérêt pour les objets brillants.
La conversation avait dérivée sur des sujets plus joyeux et insouciants telles les chansons. Le lutin informa la jeune femme qu’il avait lui-même connaissance d’une chanson longue. Mais pour l’instant il tenait à ce qu’Opaline lui fasse entendre la seule et unique chanson qu’elle connaissait, ce à quoi elle né répondit qu’en rougissant.
Le lutin grimpa sur sa tête et fit la remarque de sa grande taille dès à présent. La jeune femme se mit à rire. Elle imagina aussitôt le petit être sur la tête d’un géant et se demanda comment il réagirait dès lors.

*Certainement en riant et en demandant au géant de chanter. *

Opaline sourit à présent. Elle se racla la gorge et une voix timide et douce sortit de sa bouche.

« Dans la montagne au coucher du soleil
les feuilles d’érable deviennent toutes vermeilles
Grenouilles et lézards
Se disent bonsoir
Il va bientôt faire nuit… »

Opaline s’arrêta de chanter.

« Je crois bien avoir oublié la suite. »

Elle leva les yeux, comme si en faisant ce geste elle parvenait à apercevoir le lutin.

« Et si tu me chantais ta chanson pendant que j’essaye de me rappeler de la suite de la mienne ? »

Après qu'Opaline eut interprétée sa chanson, Lothundien hocha la tête, un peu déçu, il s'attendait à quelque chose de plus grandiose mais les bribes qu'il avait entendu étaient cependant suffisamment bien chantées pour être agréables à écouter, la voix hésitante et languissante de la jeune femme avait quelque chose de spécial qui lui donnait du charme.

« Hé bien, moi les chansons je les retiens par coeur même les très longues! »

Le petit lutin se dressa sur le tête d'Opaline et tendit un bras en l'air tel un chanteur d'opéra puis d'une il commenca à chanter d'une voix aïgue et rapide une chanson paillarde de taverne.

"Quand je suis descendu de mon cheval,
Y avait des ogres partout dans la vallée
Face à moi, ils devenaient pâles
Tour à tour, leurs entrailles j'ai arrachées !

On a pillé, violé, pendu femmes et enfants
On leur a fait jaillir le sang, c'était marrant,
D'avoir comme mercenaire des hommes si puissants,
C'est notre bon seigneur Morgan qui sera content !

A la taverne la bière sentait la pisse,
L'aubergiste s'est ramené, s'est excusé,
On l'a pendu, brûlé, on était six,
C'était une bonne soirée, on s'est marré !

On a pillé, violé, pendu femmes et enfants
On leur a fait jaillir le sang, c'était marrant,
D'avoir comme mercenaire des hommes si puissants,
C'est notre bon seigneur Morgan qui sera content !

A la taverne la bière sentait la pisse,
L'aubergiste s'est ramené, s'est excusé,
On l'a pendu, brûlé, on était six,
C'était une bonne soirée, on s'est marré !

On a pillé, violé, pendu femmes et enfants
On leur a fait jaillir le sang, c'était marrant,
D'avoir comme mercenaire des hommes si puissants,
C'est notre bon seigneur Morgan qui sera content !

Je m'étais battu hier pour pas un sou,
Il voulait pas payer cet enfoiré,
Le sang a du couler, je suis pas fou,
Pour m' venger, j' l'ai attrapé et saigné !

On a pillé, violé, pendu femmes et enfants
On leur a fait jaillir le sang, c'était marrant,
D'avoir comme mercenaire des hommes si puissants,
C'est notre bon seigneur Morgan qui sera content !

Sur l' grand chemin on a croisé des gobelins,
On les a invités pour la soirée
J'ai bien dîné, soupé, y avait du vin
On les a fait cramer dans la cheminée !"

Lothundien arrêta de chanter, il toussota un petit peu car il n'avait presque pas pris le temps de respirer.

« J'en peux plus! J'espère que tu t'es rappellée de la suite de ta chanson, moi la mienne dure encore très longtemps et ma voix est toute cassée alors je vais arrêter. »

Le petit être manifesta des signes d'impatience.

« Et ta sorcière elle est où? C'est loin? Quand est ce qu'on arrive? »

Le petit Lutin semblait fier de posséder une mémoire performante, et Opaline ne put que suivre cette voie. Il était manifeste que de détenir un tel don ne pouvait être que avantageux. Cependant pour Opaline, il y avait des choses qu’il valait mieux oublier. Mais la jeune préféra oublier ses soucis dans la chanson que Lothundien allait lui faire partager. Il était évident que la jeune femme ne pouvait que s’attendre à un chant dont les paroles seraient semblables au sien.
Ce fut alors que le lutin commença sa prestation. Opaline resta surprise quelques instants, puis finit par rire discrètement. Elle commençait à se demander si son nouveau compagnon comprenait le sens de cette chanson.
Dès qu’il terminé son chant, Lothundien manifesta son envie d’entendre la suite de celui d’Opaline qui était jusqu’alors incomplet. Mais la jeune femme ne répondit pas tout de suite. Elle devait dans un premier arrêter ses rires qui, même s’ils avaient été discret jusque là, étaient toujours présent et pouvaient donc se faire entendre d’un moment à l’autre.
Opaline parvint à se calmer.

« Non je ne m’en rappelle plus. »

Opaline fit quelques pas et aperçu un élément qui pourrait jouer en sa faveur. Elle tendit le bras dans une direction.

« Oublions les chansons pendant un instant. Il y a des fraises là-bas c’est tout de même plus intéressant non ? »

Le petit être avait manifesté des signes d’impatience.

« La sorcière n’habite pas très loin d’ici à ce que j’ai compris. C’est dans l’une des ruines près de la grande prairie. Nous devrions bientôt y être je penses. »

Lothundien remarqua l'air préoccupé et plein de tristesse d'Opaline mais il entama quand même son chant avec ardeur sans y faire attention. Après sa prestation, il s'attendait à entendre la suite de la chanson de la jeune femme qui à son plus grand désarrois n'était parvenue à se la remémorer. Il se rassit sur la tête de la jeune femme et pencha se tête sur le côté.

"Je ne comprends pas comment on peut oublier une chanson ou une blague, ce sont les meilleures choses de ce monde et peut être les seules qui valent la peine d'être retenues. Moi j'oublie tout sauf ca! D'ailleurs j'ai un peu oublié ma vie dans le village de mes ancêtres, même la mort de Papa et Maman n'est plus qu'un lointain souvenir qui ne me fait plus rien maintenant."

Lothundien avait dit ca sur un ton d'un tel détachement que les gens qui ne le connaissaient pas l'auraient pris pour un monstre. Il souriait toujours, même quand il évoquait les souvenirs douloureux mais son sourire n'était pas le même que d'habitude.
Soudain Opaline désigna des baies emplis de centaines de fruits rouges qui ressemblaient à des fraises. Le petit lutin ne se fit pas prier et sauta de la tête de la jeune femme et se rua sur les buissons avec ferveur. Il prit un des fruits dans sa main, le renifla, examina durant quelques secondes les baies puis afficha un air dépité. Soudain, le lutin écrasa dans sa paume le petit fruit et crâcha par terre.

"Bêrk! Fruits pas bon! C'est pas des fraises! Les oiseaux en ont pas mangés, ca veut dire que c'est du poison!"

Il regarda Opaline avec un air taquin.

"Enfin poison pas méchant, il donne juste des maux de ventre. Opaline peut en manger mais ses fesses ne seront pas juste vertes!"

Son petit rire enfantin résonna dans la forêt, il se roulait par terre, heureux de sa plaisanterie puis, il se leva et rejoint la jeune femme pour macrher à ses côtés. Lothundien n'atteignait pas le genou d'Opaline et les voir marcher l'un côté de l'autre avait un aspect assez comique.

Le lutin fit part de son étonnement, à Opaline, de son incapacité à retenir les paroles d’une simple chanson. Elle s’apprêta à répondre qu’elle ne l’avait entendu qu’une seule fois et que c’était déjà un miracle pour elle d’être parvenue à mémoriser autant de parole. Mais Lothundien évoqua par la suite la mort de ses parents, ainsi que sa vie passée. La voix de la jeune femme, lorsqu’elle lui répondit, prit une légère intonation de tristesse.

« Je suis désolée pour toi. »

Elle hésita un instant, puis reprit.

« Mais si tu oublis ce genre de malheur alors tu dois avoir une vie plus heureuse que les autres. C’est important de se sentir bien. »

La vue des baies rouges vient à perturber cette conversation qui prenait une tournure que Opaline aurait souhaité éviter. Elle fut donc rassurée de voir ces fruits rouges devant elle.
Lothundien quitta son poste haut-perché et descendit goûter ses mets qui se révélaient être du poison. Sur le visage de la jeune s’inscrivit aussitôt l’anxiété.

« Je suis désolée ! Si j’avais su ! Mais cela ressemblait tellement à des fraises que j’ai cru que.. »

Le lutin commença à la taquiner. L’idée que ses fesses deviennent de plus en plus colorées aurait fait rire Opaline si la situation ne l’avait pas tant ennuyée.

« Nous demanderons à la sorcière qu’elle te trouve un contrepoison. Ce sera plus prudent. Je ne tiens pas à ce que tu ressentes la moindre douleur. »

Leur marche reprit. Opaline se demanda si elle ne devrait pas proposer à son compagnon de route de le porte de nouveau, mais ce n’était pas la peine, car ils pouvaient déjà apercevoir une vieille maison, qui portait parfaitement le qualificatif de ruine, devant eux.
La jeune femme se rapprocha et sa main vint cogner par trois fois à la porte en bois qui paraissait être sur le point de tomber en morceau.

Le petit lutin sourit quand Opaline voulut lui donner un contrepoison.

"Non, c'est bon je n'en ai pas mangé, je ne devrais pas être malade normalement!"

Soudain ils arrivèrent en vue d'une maison totalement délabrée mais qui étrangement avait l'air d'être habitée. Opaline frappa à la porte et le petit lutin restait bien sagement derrière elle. Il cherchait en réalité une ouverture pour entrer dans la maison de manière originale mais aussi car sa curiosité et son envie de trouver des objets brillants étaient devenues trop fortes pour qu'il puisse les contenir. Lothi se mit donc à escalader les murs de la maison qui offraient de nombreuses prises.

"Il doit y avoir des objets brillants à l'intérieur! Hihihi!"

Le lutin gravit sans peine sur le toit de la petite batisse avec agilité. Par chance pour lui la cheminée était éteinte, il entreprit donc de passer par là.

"Opaline ne doit pas s'inquiéter! Je vais juste chercher des objets brillants, je passe par la cheminée!"

Lothundien avait espoir de trouver les fabuleux trésors que lui avait promis son compagnon de route d'antan. Malheureusement pour lui, la cheminée n'avait pas été ramonée depuis des siècles sûrement et son entrée pleine de suie n'était guère engageante. Un peu frustré, il rebroussa chemin.

"Je veux bien trouver des objets mais je veux pas être tout sale!"

Il fit un bond depuis le toit jusque sur la tête d'Opaline, manquant de tomber à côté.

"C'est là que vit la vieille sorcière qu'Opaline cherche?"

Opaline fut bien soulagée d’entendre dire Lothundien qu’il n’avait pas touché aux fruits. Ce geste de prudence ne pouvait avoir sur elle qu’une influence bénéfique.
Après quelques minutes de marche ils purent se trouver devant la vieille ruine qui servait d’habitation à la vieille sorcière.
Le lutin semblait chercher quelque chose, mais la jeune femme n’y fit pas attention. Elle attendait une réponse de la part de l’habitante. Ce fut alors qu’elle aperçut son compagnon entrain de grimper sur le mur de la maison et qu’il atteignit la cheminée. Opaline commença à s’inquiéter.

« Descend ! Tu vas tomber et te faire mal ! Je ne tiens pas à ce que tu te retrouves brisé en mille moreaux ! »

Opaline ne comprenait pas pourquoi le lutin ne faisait pas plus preuve de prudence. Elle hésita un instant à lui insuffler cette vertu, mais il n’en fut la peine car déjà il redescendait. Elle ignora s’il l’avait écouté ou non. Elle put obtenir la réponse à cette question aussitôt lorsqu’il lui révéla qu’il ne souhaitait pas ressortir de cette aventure aussi noir qu’un ramoneur. Opaline se mit à sourire.
Lothundien regagna sa place sur la tête de la jeune femme.

« Oui elle habite ici selon ce que disent les gens de la cité de lumière. »

Opaline s’apprêta à frapper une autre fois lorsque la porte s’ouvrit lentement. Une vieille femme au visage creusé par le temps leur ouvrit. Elle portait des vêtements usés et aussi sombre que le regard qu’elle leur jeta. Elle paraissait ne pas manger tous les jours à sa faim, car son visage était creusé au niveau des joues et ses mains qui dépassaient de son vieil habit semblaient avoir la peau posée sur les os. Opaline resta interdite un instant. Elle s’attendait, certes, à trouver la vieille femme dans un état négligé, mais pas aussi critique.
Toutefois elle parvint à sourire.

« Bonjour, je me nomme Opaline et… »

La vieille femme l’interrompit aussitôt en levant sa main squelettique.

« Entrez. »

Opaline fit deux pas et atterrit dans la seule et unique pièce de la maison. Tous les meubles étaient recouverts de poussière, les objets, en terres cuites étaient tous fêlés, et une odeur de moisissure recouvrait l’air de la pièce. Opaline fut toutefois étonnée de sentir sous ses pieds une moquette moelleuse. Lorsque son regard tomba sur le sol, elle se rendit compte que ce qu’elle prenait pour de la moquette était en réalité une abondante couche de crasse.
Elle douta aussitôt que la vieille femme possédait chez elle quelques objets de valeurs, excepté peut être la dent en or se trouvant dans sa bouche. Opaline commença à prier pour que le lutin ne l’ait pas remarqué et qu’il ne se jettera pas sur la vieille femme pour la lui arracher avant qu’elle n’ait pu obtenir des informations sur l’objet qu’elle recherchait.

Lothundien hocha la tête quand il vit la sorcière ouvrir, pour lui les sorcières étaient des vieilles femmes au nez crochu et toutes pleines de verrues mais celle-ci ne correspondait pas à cette description; néanmoins elle n'en était pas belle pour autant. La fatigue et la faim semblaient avoir creusées sa peau et ses os saillants ressortaient de manière affreuse si bien que le petit lutin frissona, ne pouvant cacher son dégoût. Comme il prenait soin de se dissimuler derrière la robe d'Opaline, la vieille ne le vit pas.
Il chuchota le plus bas qu'il pût pour que seule sa compagne entende:

"Elle n'a pas l'air très riche! Elle ne doit pas avoir beaucoup d'objets brillants! Je crois que l'on s'est trompé de personne!"

Au moment où il prononca ses quelques mots, la vieille leur dit d'entrer. Sa voie caverneuse presque mourrante correspondait avec son apparence et terrorisa le lutin qui cette fois s'enfouit sous la robe d'Opaline comme un enfant qui se réfugie contre sa mère lorsqu'il se sent menacé. Il suivit tout tremblotant Opaline dans la maison, espérant qu'elle en eut vite fini avec cette vieille sorcière.

*Pourquoi les sorcières sont toujours vieilles et terrifiantes, pourquoi ce ne sont pas de jolies jeunes filles avenantes et sympathiques? Ou bien des petites lutines mignonnes? Héhé...*

Lothundien ne perdit pas complètement son objectif principal de vue et jeta un regard dehors pour inspecter les lieux et repérer éventuellement quelques objets "brillants", mais à sa plus grande déception la maison possédait un mobilier très simple voire pauvre. Quelques vases en terre cuite étaient entreposés d'ici et là, servant certainement à garder de la nourriture ou quelques objets. Les seuls vrais meubles étaient une table en bois dont l'état indiquait qu'elle ne devait pas être neuve ainsi que quelques modestes tabourets à trois pieds. Bien sagement, le lutin attendit la suite des évènements.

Opaline put constater que Lothundien se tenait parfaitement bien à ses cotés ce qui la rassura. Ils n’auraient pas à rester longtemps ici et pourraient plus facilement obtenir des renseignements de la part de la vieille dame. La jeune femme entreprit un pas de plus vers la sorcière. Elle estima que si ses fesses étaient vertes, à présent ses pieds devaient être gris, vois peut être même noirs.

« Nous sommes ici pour obtenir des renseignements. Nous recherchons la coupe d’or et… »

Elle fut immédiatement coupée par la vieille dame qui l’arrêta en lui montrant sa main osseuse. La voix raillée de la vieille femme resurgit hors de sa bouche.

« Les objets sacrés sont dangereux. Ceux qui s’en servent à mauvais escient seront punis. L’Être Suprême vous les a déjà enlevé, pourquoi pensez vous pouvoir les obtenir si facilement ?

-Je souhaite simplement savoir quelque chose. Quelque chose d’important ! Il se produit des événements pas nets du coté des terres obscures, et grâce à la coupe d’or je pourrais obtenir tous les renseignements dont j’ai besoin. Je pourrais savoir et peut être empêcher que quelque chose de grave n’arrive. »

La vieille sorcière sembla réfléchir.

« Intention louable, mais le restera t’elle ? Le pouvoir fait perdre la tête ! Mais soit, si tu veux aller la chercher tu devras te tenir à la tombée de la nuit devant les ruines de l’ancien temple. On te guidera. Et maintenant.. »

Elle indiqua la porte avec son doigt squelettique.

« Sortez ! »

Opaline ne se fit pas prier et sortit immédiatement.

Lothundien était resté caché tout le temps de la conversation. Dès que la vieille dame les eut reconduis, il se tourna vers Opaline, il avait compris que d'un manière ou d'une autre, l'objet était d'une importance capitale et cela avait un rapport avec les terres obscures. Il avait ouïe des anciennes légendes dans son enfance à propos de ces terres et mieux valait ne pas s'en approcher et s'en protéger à tout prix. Alors, se tournant vers Opaline il dit tout simplement d'un tout très calme et sans la moindre présence d'animosité.

"Si tu considères que cet objet est très important et qu'il ne faut pas perdre de temps, pourquoi ne le volerions nous pas à cette vieille femme qui semble complètement folle? Qui peux nous assurer que le pouvoir ne l'a pas elle même aveuglé, quelle ne sait plus faire la différence entre le Bien et le Mal?"

Car Lothundien avait bien compris rien qu'à son apparence qu'Opaline était tout sauf une envoyée du Mal et que ses intentions ne pouvaient être que pures. En tant qu'être de la forêt il savait différencier les gens innocents des gens animés par la violence ou des buts impurs. Mais il commencait à redouter qu'elle soit presque niaise dans sa gentillesse et qu'elle soit incapable d'avoir recours aux "grands moyens" pour servir sa cause. Pourtant il décida de la convaincre quand même de le suivre.

"Elle ne m'a pas vu, il suffira que tu re-frappes à sa porte, je serai posté sur le toit et lui sauterai dessus avec une grosse pierre pour l'assomer, après il suffira de la contraindre de force à nous donner l'objet. Bien entendu nous ne lui ferons pas mal et la laisserons saine et sauve après!"

Après avoir dit cela il sauta sur la jeune femme pour grimper sur son épaule.

Lothundien semblait penser que la vieille dame cet objet si important en sa possession, et il était naturel qu’il le croie puisque Opaline n’avait jamais démentit cette idée. Aussi lorsqu’il lui présenta son plan, la jeune femme se baissa, posant un genou à terre afin de se trouver à une hauteur plus convenable.

« Si nous n’entrons pas dans cette maison pour prendre l’objet c’est uniquement par ce que la vieille dame ne l’a pas. Et j’en ais la preuve. Si elle possédait cet objet elle pourrait vivre dans une maison immense qui contiendrait tellement d’objets brillants qu’il t’aurait fallu plus d’un millier d’année pour les prendre tous. L’objet que je recherche est un objet d’une grande puissance. Un si grande puissance qu’un enfant pourrait devenir le maître de ce monde s’il en possédait un, et le maître de l’univers entier s’il possédait tous les objets de cette importance. »

Elle se releva et regard dans la direction qui menait à l’ancien temple.

« Tu comprendras que l’on ne donne pas un tel objet gratuitement. Il faudra sacrifier quelque chose pour l’obtenir, que ce soit du temps, une partie de soie ou encore autre chose. C’est un prêté pour un rendu, on prend quelque chose d’important et on donne quelque chose d’important en échange afin de maintenir l’équilibre de l’univers. »

Son visage se baissa en direction de Lothundien.

« Tu sais se sera peut être très dangereux. Est-ce que tu veux toujours m’accompagner ? »

La perspective de trouver des objets brillants et magiques rendit le lutin encore plus enthousiaste. Certains auraient pris cet excitation pour de l’inconscience et ils n’auraient pas eu tort mais la raison était assez étrangère à Lothundien.

« La danger ne me fait pas peur, je sais courir vite ! Mais bien sûr si je t’accompagne je voudrais une compensation ! J’aimerais tant avoir… un objet magique ! »

Il sourit en hochant la tête, presque sûr qu’Opaline ne lui refuserait pas cette grâce qui lui semblait bien petite si les dangers étaient aussi importants qu’elle semblait le redouter.

« Mais bon, j’aimerais quand même avoir quelques petites précisions avant de te suivre, quelle est la nature de l’objet que tu recherche ? Ses pouvoirs ? Et puis il me semble que la vieille squelettique a dit que cet objet t’a appartenu ! Ca veut dire que tu as été puissante ? Tu as gouverné le monde ?»

Ce disant, Lothundien eut un petit rire étouffé, il imaginait mal la petite Opaline avec sa robe blanche tâchée et son air naïf et innocent gouverner le monde. En revanche il se voyait très bien sur un grand trône avec le monde à ses pieds car même s’il ne mesurait que 30cm il était d’un naturel ambitieux et avait soif de puissance, sans doute à cause de son complexe d’infériorité causé par sa petite taille. Quoi qu’il en soit il voulait un objet magique, même s’il n’était pas brillant et avait dans l’idée qu’Opaline malgré son apparence, en savait quelque chose sur la magie.

Lothundien semblait partant pour la quête, ce qui réjouit aussitôt Opaline, qui se mit à sourire. Mais lorsque celui-ci demanda un objet magique en retour, la jeune femme ne sait s’il demanda l’un des objets sacrés en retour, ou s’il souhaitait un simple objet magique. Aussi préféra t'elle l'avertir immédiatement.

« Je pourrais te donner un objet magique en retour, et même un qui brille si tu le souhaites. Mais je ne pourrais t’offrire un objet aussi puissant que celui que nous allons chercher, car je n’en possède aucun. »

Le lutin souhaita connaître un peu plus de précision quant à cet objet. Opaline prit donc le temps de lui répondre avant de partir en quête du lieu où reposait l’objet de leur convoitise.

« L’objet que je recherche est la coupe d’or. Celle-ci, lorsque l’on sait comment s’en servir permet de répondre à toutes les questions dont tu souhaites connaître la réponse. Cependant il faut une certaine maîtrise de la magie. Plus tu es puissant et mieux tu peux comprendre les signes qu’elle t’envoie. En théorie elle fonctionne facilement. Il suffit de « l’éveiller », de poser ta question et la coupe se remplie d’un liquide doré dans lequel des images apparaissent. Pour connaître la réponse il faut analyser et comprendre le sens de ces images.
J’avais en ma possession, dans le passé, un de ces objets. Mais ce n’était point la coupe. Celle-ci appartenait à mon frère. Mais comme l’a dit la vieille sorcière, on nous les a enlevé car… »

Ce fut là un point qu’Opaline ne souhaitait point aborder. Trop de souvenirs désagréables en resurgiraient. Son sourire, qui avait disparu lors d’un instant pour laisser place à un air grave, se retrouva installer sur ses lèvres mais d’une manière un peu forcée.

« Bon et bien il est temps d’y aller. Nous arriverons aux ruines de l’ancien temple juste à la tombée de la nuit. »

Aussitôt Opaline se mit en route. En chemin elle resta silencieuse, espérant que tout se déroulerait sans trop d’encombres et que personne ne sera blessé trop grièvement.
Comme la jeune femme l’avait pressentit, ils parvinrent au lieu en question lorsque le soleil termina sa course dans le ciel et qu’il disparut au loin.
Opaline se tenait devant un amoncellement de pierre d’une dizaine de mettre. Elles semblaient avoir été jeté les unes sur les autres sans aucune précaution. La jeune femme se mit à tourner autour du tas de pierre jusqu’à ce qu’elle parvienne à trouver celle qui servait de porte d’entrée. Celle-ci devait mesurer deux mètres de hauteur et un de longueur. Elle était entièrement gravée de symboles, creusé dans la pierre. Des lettres étranges étaient gravées en haut. Opaline les lu, puis se tourna vers son compagnon.

« Il faut exécuter un sacrifice si l’on souhaite entrer. »

Le vieux temple avait été battît durant une période où il fallait offrire du sang aux divinités afin de pouvoir parvenir à entrer dans ce que l’on nommait « leur demeures sur terre ». S’ils souhaitaient lever la barrière de protection magique instaurée par les anciens prêtres, ils devaient en faire de même.

« As tu un poignard ? ou quelque chose qui coupe ? »

Il était évident, vu la taille de Lothundien, qu’il ne possédait pas suffisamment de sang pour remplir tous les canaux de la porte. Opaline devait donc par offrire son sang s’ils voulaient accéder à l’intérieur du temple.

Lothundien se fichait pas mal de l’objet magique qu’Opaline pouvait lui offrir mais cette coupe ne l’intéressait pas vraiment. A part boire le liquide quelle contenait pour se rafraichir il n’y voyait aucun intérêt.

« J’en veux pas de ta coupe ! Moi je veux un vrai objet magique ! Et s’il brille c’est encore mieux ! Si tu en as tu peux me les montrer ? »

Quand Opaline eut fini de parler des objets, le lutin compris en voyant le visage habituellement paisible de la jeune femme se raidir qu’elle n’avait sûrement pas dû être aussi blanche que sa robe jadis. Pourtant cela l’intriguait qu’une femme aussi pure ait pu commettre des erreurs graves par le passé.
La voix grave de son grand père lui revenait. Regarde petit, de la poule ou du chat, qui sont là bas, lequel est selon toi le plus gentil ? Il se revoyait lui répondre naïvement : Le chat sans aucun doute, son pelage est plus blanc que la neige et très pur, ses yeux bleus sont si beaux que je me sens aspiré dedans. La poule, elle, fait des bruits bizarres et elle a un bec pointu et des grosses griffes aux pattes. Elle ne doit pas être gentille ! Quelques secondes après le chat n’avait fait qu’une bouchée de la pauvre poule. Il ne faut pas se fier aux apparences Lothi ! Jamais !
Cependant, le passé était le passé, aujourd’hui son grand père était mort et Lothundien arpentait le monde pour grandir, il n’avait pas d’autre but et rien ne pourrait l’en empêcher. Pour l’instant il voyait en Opaline une amie, pas encore une ennemie et si elle devait se déclarer être un monstre, il aviserait, il avait toujours su aviser.
Lorsqu’il arrivèrent devant la porte et qu’Opaline parla de sacrifice, un frisson lui parcouru le dos, elle révélait donc sa vraie nature : si elle avait bien voulue qu’il la suive, c’était en réalité pour le sacrifier et sûrement mener quelques rituels étranges de sorcière.

« Oui… J’ai bien quelque chose de coupant, ce sont… »

Jusque là assis sur l’épaule d’Opaline il se dressa.

« Mes dents ! »

Sans prévenir, il agrippa la gorge de la jeune fille avec ses deux mains puis enfonça ses petites dents pointues, qui ressemblaient à des crocs, dans la peau tendre d’Opaline. Ainsi, il ferma sa mâchoire le plus fort possible pour qu’elle ne puisse pas se dégager, il espérer atteindre la carotide en triturant petit à petit à la manière des animaux comme le loup pour la tuer.

*Méchante sorcière qui voulait tuer Lothundien, elle ne mérite pas de vivre ! Lothundien n’aura pas de fruits ce soir mais il aura beaucoup de viande ! *

Hj: le lutin ne connaît pas l’anatomie et ne sait pas qu’il s’attaque à la carotide bien entendu, il agit juste à la manière d’un loup(en miniature)

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